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Qui fait quoi à Tripoli ?

Racha Darwich, Lundi, 10 septembre 2018

A Tripoli, ce sont les milices armées qui font la pluie et le beau temps, comme l’ont démontré les récents événements. L’occasion de passer en revue qui est ce cartel de milices qui combat la 7e Brigade.

La Brigade des révolutionnaires de Tripoli

Cette brigade est dirigée par Haytham Al-Tajouri, un ancien officier de police connu pour son aversion pour les Frères musulmans et les autres groupuscules libyens, mais aussi pour son hostilité pour le maréchal Khalifa Haftar. Cette brigade est le plus grand groupe armé de Tripoli. Ses éléments, au nombre de 1 300, sont un mélange des éléments du centre et de l’est de la capitale qui se sont ralliés à Tajouri après le démantèlement du bloc Fajr Libya. Elle a prêté loyauté au Gouvernement d’union nationale (GNA) dirigé par Fayez Al-Sarraj depuis mi-2016, devenant ainsi affiliée au ministère de l’Intérieur. Le GNA lui a confié la mission de bouter hors de la capitale les forces de la Conférence nationale et d’assurer la protection du sud et du sud-est de la capitale. Elle a donc été confrontée à plusieurs reprises avec les milices de la 7e Brigade vu leurs tentatives de se rapprocher de la capitale.

Les forces spéciales Rada

Gouvernées par Abdel-Raouf Kara, elles sont en première ligne dans la lutte contre Daech. Elles ont largement défait le réseau tripolitain de l’organisation terroriste.

C’est une organisation très puissante d’environ 1 500 hommes, qui tiennent l’unique aéroport à Tripoli, l’aéroport de Matiga, mais aussi une mouvance ultra-conservatrice d’obédience salafiste. Outre une impressionnante flotte de berlines qui patrouillent la ville, elles disposent d’une prison dans laquelle sont retenus, pêle-mêle, toxicomanes et partisans de Daech. Vu son hostilité envers Daech, cette milice jouit d’une assez bonne réputation auprès des Occidentaux et d’une large popularité auprès des Tripolitains. Formellement, ces forces restent liées au GNA et répondent aux ordres du ministère de l’Intérieur. Mais dans les faits, elles ne prennent d’ordres que d’elles-mêmes. En outre, elles ne semblent pas opposées à Haftar. Elles ont participé aux premiers jours des récents affrontements, avant de se retirer, préférant s’écarter de la scène.

La milice de Ghneiwa

Cette milice active dans le quartier d’Abou-Sélim, foyer de la criminalité, du trafic de drogue et d’alcool, est dirigée par un civil du nom de Abdel-Ghani Al-Kikli. Essentiellement formée de hors-la-loi et d’évadés de prisons, elle domine des quartiers vitaux du centre de la capitale. Le ministère de l’Intérieur l’a ralliée à ses forces, comptant sur elle pour chasser les milices de la Conférence nationale hors de la capitale mi-2017. Elle représente un élément important de l’équation sécuritaire et militaire de Tripoli. Elle a participé aux récents combats contre la 7e Brigade dans les régions de la route de l’aéroport et Al-Machroue proches de son siège à Abou-Sélim.

La Brigade Nawasi

Bien qu’elle ne compte que 500 éléments, elle représente l’une des plus importantes milices de Tripoli et se localise dans la région de Souk Al-Jouma à proximité de l’aéroport. Tout comme les forces spéciales de Rada, elle lutte contre la corruption et le crime, mais elle n’adopte pas d’idéologie particulière. Elle s’est ralliée au GNA en 2016. Dirigée par la famille Gaddour, elle est chargée de la protection des bâtiments officiels.

La 7e Brigade

La 7e Brigade est basée dans la ville de Tarhounah. Elle est dirigée par trois frères de la famille Al-Kani, qui donnent au groupe le surnom de Kaniyat avec en tête Mohamed Al-Kani, connu pour ses relations avec les responsables de la Conférence nationale à travers laquelle il a participé aux guerres de Fajr Libya en 2014-2015. Les Kaniyats ont ensuite disparu de la scène pour ne revenir qu’à la mi-2016 pour prêter loyauté au GNA. Ils deviennent alors dépendant du ministère de la Défense en 2017 et portent alors le nom de la 7e Brigade. Exclue de la ville de Tripoli, il y a un peu plus d’un an pour rétablir la sécurité, aujourd’hui, elle conteste cette situation et vient réclamer sa part du gâteau. Elle compte dans ses rangs un nombre important d’anciens militaires de l’armée de Kadhafi comme les brigades 22 et 32. Elle a également bénéficié, au cours de 2018, du ralliement de divers groupes mécontents de la situation à Tripoli .

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