Dans le cadre de sa participation aux réunions annuelles du 41e Conseil des gouverneurs de l’Association des Banques Centrales d’Afrique, organisées dans la station balnéaire de Charm Al-Cheikh au début du mois d’août, Tareq Amer, le gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), a déclaré l’intention de l’Egypte de reconduire l’accord d’échange de devises, signé avec la Chine. En décembre 2016, la BCE et la Banque populaire de Chine avaient signé, pour leurs pays respectifs, un accord bilatéral d’échanges de devises. «
A partir de cette date, les deux pays peuvent procéder à des échanges en livres ou en yuans sans recourir à une devise tierce, le dollar en l’occurrence. Ce qui allège les fardeaux des réserves monétaires de la trésorerie égyptienne », explique l’économiste Fakhri El-Fekki.
En vertu de l’accord, la BCE obtient la somme de 18 milliards de yuans sur une période de 3 ans, et la Banque populaire de Chine 46,18 milliards de L.E. durant la même période, soit l’équivalent de 2,6 milliards de dollars. Pendant toute cette période, la valeur de la livre égyptienne face au yuan reste la même que le jour de la signature de l’accord, soit 2,5658 L.E. pour un yuan.
Le principal objectif est de renforcer les échanges commerciaux entre les deux pays et réduire la demande sur le dollar, surtout que 30 % des importations égyptiennes proviennent de la Chine. Les échanges commerciaux se font donc dans les deux devises égyptiennes et chinoises ainsi que les frais de passage des navires chinois dans le Canal de Suez. « C’est un arrangement bénéfique pour les deux pays, et qui reflète le soutien de la Chine au programme de réformes économiques de l’Egypte », indique un rapport de la BCE.
En effet, après la reconnaissance par le FMI du yuan en tant que monnaie d’échange internationale, la Chine a commencé à faire la propagande de sa monnaie en procédant à une série d’échange de devises en Afrique. En octobre 2016, la monnaie chinoise est entrée dans le club très fermé des monnaies de réserve du FMI. Le yuan chinois fait désormais partie, avec le dollar américain, l’euro, le yen japonais et la livre sterling britannique, des Droits de tirage spéciaux qui déterminent les devises qu’un pays reçoit dans le cadre d’un prêt octroyé par le FMI.
Avant l’Egypte, l’Angola, le Ghana, l’Île Maurice, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud avaient signé des accords d’échange de devises avec la Chine. Puis le Nigeria a signé avec la Chine un accord d’échange de devises de 2,5 milliards de dollars. Après deux longues années de négociations entre la plus grande banque de Chine, ICBC, et la Banque centrale du Nigeria, le yuan chinois devient la 2e monnaie commerciale du Nigeria, ce qui évite aux entreprises la difficulté de négocier en dollars dans leurs transactions avec la Chine. Dans les rues nigérianes, les échanges en yuan sont même devenus monnaie courante.
Par ailleurs, depuis le début de l’année, la Chine a établi à Shanghai l’option de payer ses achats pétroliers en yuan. L’Angola, premier fournisseur africain de pétrole à la Chine, est le premier pays à avoir adopté ce mécanisme. Ce n’est pas tout. Fin mai, des responsables gouvernementaux de 14 pays d’Afrique orientale et australe et 17 Banques Centrales se sont réunis dans la capitale zimbabwéenne Harare pour faire du yuan l’une de leurs monnaies officielles de réserve. Se convertir au yuan permettra ainsi à ces pays africains de limiter les risques liés aux taux de change et d’approfondir leurs relations avec leur premier partenaire économique.
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