8 % du pétrole mondial passent par Bab Al-Mandab. (Photo : Reuters)
Le détroit de Bab Al-Mandab, qui sépare le Yémen de Djibouti et relie la mer Rouge au golfe d’Aden, dans l’océan Indien, est le quatrième passage maritime le plus important au niveau mondial en termes d’approvisionnement énergétique. Selon les données de l’institut américain
Energy Information Administration de 2016, près de 4,8 millions de barils de pétrole transitent, en effet, tous les jours à travers ce détroit vers le Canal de Suez à destination de l’Europe, des Etats-Unis et de l’Asie. Et environ 21 000 navires de commerce y circulent chaque année. Sa fermeture forcerait les pétroliers provenant du Golfe à faire le tour de toute l’Afrique et emprunter la route alternative du Cap de Bonne Espérance en Afrique du Sud, pour délivrer leurs cargaisons en Europe. Ce qui provoquerait un rallongement des temps de transport et la hausse des prix du pétrole. C’est pourquoi les grandes puissances se sont efforcées d’installer des bases militaires autour de ce détroit pour protéger leurs intérêts (voir page 5).
D’à peine 32 kilomètres de large, Bab Al-Mandab est divisé en deux axes de passage par l’île volcanique de Périm contrôlée par le Yémen : l’un, situé entre la côte yéménite et l’île, n’est large que de 3 kilomètres, alors que l’autre s’étend sur 26 kilomètres jusqu’à Djibouti. Le premier passage étant trop étroit et pas assez profond pour accueillir de grands navires, l’essentiel de la navigation se fait via le deuxième axe. Les frontières maritimes de Bab Al-Mandab sont partagées par le Yémen, l’Erythrée et Djibouti. Selon une légende arabe, le nom du détroit Bab Al-Mandab, qui signifie en arabe « la porte des pleurs », proviendrait des lamentations de ceux qui furent noyés par le tremblement de terre qui a provoqué la séparation entre l’Asie et l’Afrique.
En fait, ce détroit a gagné une grande importance après l’ouverture du Canal de Suez en 1869, sous le khédive Ismaïl. Le détroit jouit également d’une grande importance militaire et sécuritaire. L’Egypte l’a fermé pendant la guerre de 1973. Ce passage maritime a été également sujet à de nombreux incidents dans le passé. En octobre 2000, le destroyer américain U.S.S. Cole a été victime d’un attentat revendiqué par Al-Qaëda dans le port d’Aden. Deux ans plus tard, le pétrolier français Limburg a été à son tour touché dans la région par un bateau piégé d’Al-Qaëda. Mais la région est aujourd’hui instable et les risques de perturbations du trafic naval sont élevés en raison du conflit au Yémen. Selon les spécialistes, l’escalade des tensions dans les détroits menace profondément la stabilité du marché du pétrole et pourrait pousser les prix du pétrole à atteindre des niveaux records. 30 % du pétrole mondial passent par le détroit d’Ormuz, tandis que 8 % passent par Bab Al-Mandab, 10 % par le Canal de Suez, 28 % par le détroit de Malacca et 22 % par d’autres détroits.
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