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L’archéologie égyptienne, une passion française

Dalia Farouq, Lundi, 09 juillet 2018

De la côte alexandrine à la Haute-Egypte, du Désert oriental aux Oasis, plus de 30 missions archéologiques françaises travaillent sur des chantiers de fouilles et de restauration. Focus sur deux des missions les plus importantes.

L’archéologie égyptienne, une passion française
Temple de Karnak. (Photo : Al-Ahram)

C’est en 1967 qu’un protocole est signé entre les ministres de la Culture égyptien et français, Sarwat Okacha et André Malraux, officialisant la naissance du Centre Franco-Egyptien d’Etude des Temples de Karnak (CFEETK), chargé de l’étude et de la restauration des temples de Karnak. Depuis lors, le CFEETK est la structure qui a la charge des travaux de recherche et de conservation dans l’enceinte du temple d’Amon-Rê. Il est placé sous la tutelle du ministère égyptien des Antiquités et du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Les travaux, traditionnellement mis en oeuvre à Karnak, concernent les études épigraphiques et architecturales, l’archéologie, la conservation-restauration, l’anastylose de monuments et la mise en valeur du site. Le CFEETK au cours de cette saison travaille sur la restauration des salles sokariennes de l’Akh-menou et la reconstruction des murs de la cour de la Cachette. A l’issue de l’achèvement du mur oriental, les travaux se concentrent désormais sur la préparation de la reconstruction du mur ouest qui débutera réellement en septembre. Un dernier sondage a été achevé au temple de Ptah, et les travaux de restauration des murs d’enceinte en briques crues ont débuté au début du mois de juin. Ces travaux sont indispensables pour la protection des structures en briques crues découvertes lors des fouilles. Selon Christophe Thiers, directeur du CFEETK, ces travaux s’inscrivent dans le cadre d’un vaste programme de restauration du secteur de l’Akh-menou de Thoutmosis III. Ainsi, les équipes franco-égyptiennes restaurent la grande salle à piliers et les salles sokariennes voisines. Les travaux de reconstruction concernent 250 blocs ayant appartenu aux murs de la cour de la Cachette construits par Thoutmosis III. Les murs intérieurs et le mur extérieur oriental de la cour ont été décorés à l’époque ramesside, alors que la face extérieure du mur a été en partie décorée par Toutankhamon. « Les travaux de reconstruction ont débuté par le mur oriental de la cour en septembre 2016, et ce travail a été achevé en mai 2018 », explique Thiers, ajoutant que dans le secteur oriental du temple de Ptah, la fouille d’un vaste habitat romano-byzantin (fin IVe-début Ve siècle de notre ère) est en cours et fournit de nombreux renseignements sur les occupants de ce lieu après la fin des cultes égyptiens. « Les travaux épigraphiques se poursuivent dans le but de publier les inscriptions et les reliefs des temples de Karnak (blocs de l’édifice de Taharqa du Lac, 2e, 7e et 8e pylônes). Plusieurs programmes touchent à leur fin et les publications sont en cours », reprend Thiers, ajoutant que pour 2018-2019, les programmes de reconstruction et de restauration vont se poursuivre, de même que les fouilles archéologiques et les études égyptologiques des monuments en cours de publication.

En ce qui concerne la coopération du CFEETK avec le ministère des Antiquités, Thiers indique que le ministère des Antiquités et le CNRS français finalisent la convention de coopération régissant le fonctionnement et les objectifs du CFEETK à Karnak. L’officialisation imminente de la signature de cet accord marquera une étape décisive dans la coopération franco-égyptienne à Karnak. Cet accord témoigne d’une volonté commune de coopération scientifique et technique pour l’étude et la préservation du patrimoine archéologique des temples de Karnak. En fait, La préservation et la mise en valeur des monuments de Karnak sont au coeur des préoccupations de l’équipe franco-égyptienne depuis la création du CFEETK.

La Mafto au Ramesseum

L’archéologie égyptienne, une passion française
Les travaux de restauration et de valorisation accomplis dans les deux cours du temple. (Photo : Christian Leblanc)

La Mission Archéologique Franco-Egyptienne de Thèbes-Ouest (MAFTO-ASR-CEDAE) est l’une des nombreuses missions qui travaillent à Louqsor. Cette mission, qui a la particularité d’entretenir une coopération permanente avec le Centre d’Etude et de Documentation sur l’Ancienne Egypte (CEDAE) dépendant du ministère égyptien des Antiquités, est chargée depuis 1991 de l’exploration, de la restauration et de la valorisation du Ramesseum, le prestigieux temple du règne de Ramsès II, construit dans la partie occidentale de Thèbes. Elle travaille également dans la Vallée des rois sur la tombe de Ramsès II (KV.7), une sépulture qui a malheureusement beaucoup souffert des pluies diluviennes anciennes. La Mafto est soutenue par le CNRS et l’Association pour la Sauvegarde du Ramesseum (ASR) qui finance la plus grande partie des travaux réalisés sur le terrain. D’après Christian Leblanc, directeur de la Mafto, les travaux engagés depuis le début au Ramesseum portent sur des fouilles ainsi que sur des études et des relevés, mais également sur la restauration et la conservation de ce temple et de ses dépendances.

Mieux comprendre les temples

de millions d’années

Au cours des récentes campagnes, le travail a notamment consisté à fouiller le palais royal attenant à la première cour, puis à en restituer les structures en s’appuyant sur les vestiges antiques conservés de son architecture. Dans la première cour, il a été également possible de remonter partiellement le colosse de Touy, la mère de Ramsès II, et de fouiller le secteur de la porte du deuxième pylône. Ces dernières recherches ont ainsi permis de restituer le magistral escalier axial qui menait vers la deuxième cour du temple. D’autres recherches se font aussi dans les dépendances en brique crue. Là, il s’agit de fouiller et d’identifier ces structures qui participaient à la vie économique du temple. Après avoir entièrement prospecté toutes les dépendances sud, c’est maintenant du côté nord que se sont portés les efforts de la mission. Toutes ces recherches ont pour finalité de mieux comprendre la réelle vocation de ce que les Anciens Egyptiens appelaient les « temples de millions d’années ».

Si, au Ramesseum, d’importants travaux de restauration se font dans le temple de pierre et dans les structures particulièrement fragiles en briques crues des dépendances, il en est de même dans la tombe de Ramsès II qui n’avait été que très partiellement fouillée. « Après la reprise de son dégagement en 1993, de nombreuses campagnes ont permis d’avancer les recherches. Des pluies torrentielles se sont engouffrées dans la sépulture, déstabilisant l’architecture souterraine. Aujourd’hui, les travaux consistent donc à s’assurer de la pérennité de ce monument rupestre, et les toutes dernières campagnes ont surtout permis aux ingénieurs de procéder à des ancrages tant dans les murs, les plafonds que dans la voûte de la salle du sarcophage », explique Leblanc.

Et d’ajouter que dès que ce travail de sauvegarde, qui bénéficie d’un mécénat technologique de Vinci, sera achevé, une autre étape sera à envisager : celle de la restauration de la tombe et du nettoyage de tous les reliefs conservés. Selon lui, Il existe actuellement un projet d’élaboration en vue d’être soumis au ministère des Antiquités. « On a bon espoir que dans un futur que nous souhaitons proche, cette tombe puisse être ouverte au public », a-t-il repris

Encore des missions à venir

Quant aux programmes futurs, Leblanc explique que la prochaine campagne, qui commencera en novembre prochain, va permettre de continuer l’exploration du Ramesseum, mais aussi la restauration de certains espaces. Au programme, il s’agira de développer la fouille des dépendances nord, de prospecter plusieurs tombes, mais aussi d’achever les recherches dans les ateliers du temple. Les techniciens de la restauration auront à reconstituer les bases de colonnes du portique sud de la première cour, mais aussi la restitution du bas-côté sud du temple, afin de lui rendre une meilleure lisibilité. « Nous devons aussi prévoir un nouvel accès à la seconde cour pour les visiteurs », dit-il, ajoutant qu’il y a encore autant d’opérations dont les buts sont de mieux connaître l’histoire de ce temple.

En ce qui concerne la coopération qui existe entre la Mafto et CEDAE, Leblanc assure que c’est une longue et riche histoire, puisqu’elle remonte aux années 1970. La formation de jeunes égyptologues égyptiens, mais encore l’encadrement de jeunes techniciens de la restauration restent des priorités. Ces formations sont d’ailleurs parfois complétées en France par des stages ou des missions. « Aujourd’hui comme hier, je peux donc dire que c’est dans une parfaite harmonie que notre partenariat franco-égyptien continue son chemin. En fait, cette coopération scientifique entre la France et l’Egypte est un très bel exemple de la relation si particulière, amicale et chaleureuse, qui unit nos deux pays », conclut Christian Leblanc.

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