Pour faire face à la hausse des prix mondiaux
du pétrole, les pays arabes réduisent les subventions à l’énergie.
(Photo : AFP)
Tunisie : Trois augmentations en 6 mois
En Tunisie, le gouvernement a annoncé, vendredi 22 juin, l’entrée en vigueur d’une augmentation des prix des carburants de 75 millimes le litre (une hausse de 4%) bien que le Fonds Monétaire International (FMI) estime que l’augmentation doive atteindre 100 millimes au moins, car il exige une augmentation de 500 millimes sur l’ensemble de 2018. Il s’agit en fait de la 3e augmentation des prix du carburant en 6 mois. Le gouvernement tunisien avait augmenté de 50 millimes une première fois au début de l’année, puis une deuxième fois le 1er avril. En effet, la hausse des cours mondiaux du pétrole pèse lourd sur le budget de la Tunisie. Alors que 1,5 milliard de dollars avaient été alloués à la subvention du carburant pour 2018, cette hausse récente des prix du pétrole devrait porter cette somme à 4 milliards. La Tunisie essaye, en effet, de remplir les conditions du FMI pour obtenir sa prochaine tranche d’emprunt afin de restructurer son économie en difficulté.
Liban : Faire face au déficit budgétaire
Au Liban, le ministère de l’Energie et de l’Eau a annoncé, début mai, l’augmentation du prix du bidon d’essence 98 octanes de 400 lires, d’essence 95 octanes et du gasoil de 300 lires, de mazout rouge de 200 lires et la bonbonne de gaz de 100 lires. « L’Etat est devenu incapable de payer les différences de prix. Ceci augmente le déficit budgétaire, surtout que l’Etat continue à payer la différence de l’électricité », a expliqué le gouvernement. Malgré la hausse des cours du pétrole enregistrée pendant les deux dernières années, les prix des carburants n’avaient pas augmenté. L’Etat subventionnait indirectement ces produits en supprimant les taxes sur ces produits. En effet, le montant de la taxe prélevée sur l’essence (hors TVA) était passé de 12000 lires libanaises par bidon à zéro au cours des deux dernières années.
Mais au Liban, la hausse des cours mondiaux du pétrole n’a pas que des conséquences négatives. Cette hausse a encouragé les compagnies internationales à entamer de nouveaux travaux d’exploration du pétrole et du gaz. En 2013, lorsque le prix du baril avait atteint 105 à 110 dollars, 65 compagnies internationales avaient cherché à obtenir des concessions pour l’exploration du pétrole au Liban. Mais celles-ci avaient été ajournées en conséquence de la crise politique dans le pays. Aujourd’hui, le ministre de l’Energie a annoncé que de nouveaux contrats de concessions seront signés d’ici la fin de l’année.
Jordanie : Une hausse des prix suspendue
En Jordanie, le gouvernement a décidé, le 31 mai dernier, d’augmenter les prix des carburants de 5,5%, une cinquième augmentation depuis le début de l’année. Les factures de l’électricité ont également connu une hausse de 55% depuis février. Mais une grogne populaire a éclaté dans tout le pays contre cette décision qui prévoit également l’imposition de nouvelles taxes sur les revenus modestes. La décision a alors été suspendue, sur instruction du roi, « compte tenu des conditions économiques du mois du Ramadan ». Ces mesures s’inscrivent dans le cadre des réformes structurelles entreprises par la Jordanie qui tente de réduire sa dette publique à 77% du PIB d’ici 2021, contre 94% en 2015.
Emirats arabes unis : Prix record
Aux Emirats arabes unis, grand producteur de pétrole, les prix à la pompe semble caracoler vers de nouveaux sommets. En ce mois de juin, les prix ont enregistré des chiffres records jamais atteints même sans la TVA introduite depuis le début de 2018. La raison: les prix du carburant sont directement liés aux cours mondiaux du pétrole. En effet, les Emirats qui possèdent la 2e plus puissante économie arabe avait été le premier pays arabe riche en pétrole à libérer les cours de l’essence en juin 2015. Bien que des responsables aient alors laissé entendre qu’un plafond des prix de l’essence à la pompe serait déterminé en cas de hausse excessive des cours du pétrole, personne ne sait si les prix peuvent augmenter davantage. En effet, le prix de l’essence 98 octanes a atteint 2,63 dirhams contre 1,83 avant la libération et 1,47 en mars 2016 lors de la chute des cours du pétrole. C’est ainsi que les prix du carburant aux Emirats sont les plus chers parmi tous les pays du Golfe.
L’Arabie saoudite : La plus grande augmentation
L’Arabie saoudite, le plus grand exportateur mondial de pétrole, a décidé d’augmenter les prix des carburants et de l’électricité à partir du 1er janvier 2018. Il s’agit de la première augmentation des prix des carburants depuis 2015. Le prix de l’essence 95 octanes est passé de 0,9 rials à 2,04 rials, avec une augmentation de 127%, et l’essence 91 octanes de 0,75 rials à 1,37 rials avec une augmentation de 83%. Cette augmentation a été accrue par le rajout de la TVA entrée en vigueur à la même date. Malgré ces augmentations, ces prix demeurent inférieurs aux prix mondiaux. En effet, l’Arabie saoudite demeure le 14e pays où le carburant est le moins cher au niveau mondial.
Les top 10
Voici les 10 principaux pays producteurs du pétrole qui représentent à eux seuls plus de 64 % de la production mondiale, selon le dernier classement de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE).
Classement des pays par production :
(millions de barils par jour)
1. Les Etats-Unis : 14,59
2. La Russie : 11,35
3. L’Arabie saoudite : 9,92
4. Le Canada : 4,7
5. L’Iraq – 4,41
6. L’Iran : 3,83
7. La Chine : 3,82
8. Les Emirats arabes unis : 2,87
9. Le Brésil : 2,79
10. Le Koweït : 2,71
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