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Pour Addis-Abeba, une renaissance promise

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 04 juin 2013

Avec le barrage de la Renaissance, l’Ethiopie lance un projet gagnant. L’agriculture devrait se développer sur les rives du lac de retenue tandis que la production électrique du pays deviendra largement excédentaire : le projet du siècle.

Le barrage
Les travaux de construction du gigantesque barrage de la Renaissance sont en cours. (Photo: AP)

La semaine dernière, l’Ethiopie, ce pays de la corne d’Afrique, a commencé à détourner le Nil de son cours dans le cadre de la construction de son gigantesque barrage hydroélectrique : le barrage de la Renaissance, ou encore « le barrage du millénaire ».

En effet, après l’historique barrage égyptien d’Assouan, voici que se prépare le plus grand barrage d’Afrique, cette fois-ci en amont du Nil, en Ethiopie.

Le 2 avril 2011, le gouvernement éthiopien lance les travaux de construction d’un nouveau barrage sur les eaux du Nil Bleu. Il sera construit sur la rivière Abat dans la région de Guba, relevant de l’Etat régional de Benishangul-Gumuz (nord-ouest), à 40 km de la frontière sud-soudanaise. Il devrait entrer en fonction dans cinq ans.

Au terme de sa construction, le barrage de la Renaissance, d’une capacité de 63 milliards de m3, avec ses 145 mètres de haut et 1 800 mètres de long, sera le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique et le dixième du monde en termes de puissance, avec une capacité de production de 5 250 MW.

Pour une durée de 36 mois, le barrage produira 720 MW en vue d’atteindre en 2017 sa capacité optimale de 5 250 MW. A terme, le barrage augmentera la capacité globale de production d’électricité du pays pour atteindre 11 000 MW.

En clair, le projet permettra à l’Ethiopie de quadrupler sa capacité de production électrique face à une croissance de la demande de près de 10 % par an. Mais l’Egypte et le Soudan, pays en aval, ne se montrent pas aussi enthousiastes face à ce projet, puisque leur quota historique en eau du Nil diminuera en conséquence.

Les objectifs du barrage sont multiples : il s’agit de prévenir les inondations en retenant 63 milliards de m3 d’eau. Grâce à lui, l’Ethiopie pourra à la fois satisfaire ses propres besoins énergétiques et commencer à exporter de l’électricité vers les pays voisins. L’agriculture proliférera aux alentours de ce plan d’eau. Le nouvel Etat du Soudan du Sud pourra en profiter selon des règles établies entre les deux pays.

4,8 milliards de dollars

Le barrage de la Renaissance, dont la construction a été confiée à la compagnie italienne Salini Costruttori, représente à lui seul un coût de 4,8 milliards de dollars. Mais les organismes internationaux se sont désolidarisés du projet, car ils reprochent à l’Ethiopie l’absence de prise en compte des conséquences environnementales : aucun rapport d’évaluation des risques n’a été fourni alors qu’une vaste zone pourrait être inondée et une partie de l’écosystème disparaître.

C’est donc l’Etat éthiopien qui finance entièrement le projet : outre les fonds publics, la Banque éthiopienne de développement émet des bons du Trésor, afin que la population participe également au financement. Ce projet représentera 70 % du budget de l’Etat. Il est néanmoins prévu que la Chine finance les turbines et les systèmes électriques pour un total de 1,8 milliard de dollars ; de son côté, Djibouti a versé un million de dollars au gouvernement éthiopien en avril dernier, devenant ainsi le seul pays contributeur de la région.

Si ce projet voit le jour, l’Ethiopie deviendra l’un des plus importants vendeurs d’électricité de la région. Elle sera un fournisseur pour les autres pays voisins au moment où de nombreux pays africains souffrent du manque d’énergie ou sont dans l’incapacité d’assurer la couverture territoriale énergétique de leur pays.

Le lac de retenue, remplissage sensible

Pour fournir de l’électricité à l’Ethiopie, le lac du barrage de la Renaissance aura besoin d’environ 74 milliards de m3 d’eau. Jusque-là, des négociations sont en cours pour déterminer la durée de remplissage de ce lac. On parle d’une période de 3 à 5 ans. Selon les experts hydrauliques, la période du remplissage du lac du barrage de la Renaissance est délicate pour les pays en aval du Nil. Plus cette période est longue et moins le débit du Nil sera affecté. Remplir le lac en 3 ans entraînera une réduction d’environ 25 milliards de m3 d’eau par an pour l’Egypte et le Soudan.

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