Dans une note publiée en février, le Fonds Monétaire International (FMI) a appelé le pays du Cèdre à agir de toute urgence pour mettre un terme à l’augmentation de sa dette publique, 150 % du PIB. Il s’agit en fait du taux le plus élevé à l’échelle mondiale, après le Japon, et la Grèce qui vient de sortir d’une crise qui l’a saignée à blanc. Ce sont les banques libanaises qui assument cette dette estimée à 80 milliards de dollars. «
Grâce aux dépôts bancaires qui dépassent trois fois le PIB, le secteur bancaire du Liban est, en effet, le seul poumon valide de son économie qui souffre d’une croissance atone, notamment depuis le début du conflit syrien en 2011 », explique Mohamad Khalifa, expert en économie.
Pour lui, cette solution n’est pas recommandée, puisqu’elle enferme le pays dans un cercle vicieux qui le fait emprunter pour payer les intérêts de ses dettes. Selon des économistes libanais, en l’année dernière 2017, le service de la dette représentait plus d’un tiers du budget du Liban. Le 29 mars dernier, le Liban a adopté un budget en déficit de 4,8 milliards de dollars. En fait, ce budget est le deuxième voté depuis 2005.
Est-ce que le prochain parlement aurait les effets bénéfiques qu’attendent et espèrent les Libanais ? Paralysée ces dernières années aussi par le conflit de sa voisine syrienne et l’afflux d’environ un million de réfugiés syriens, la situation économique du Liban inquiète ses partenaires régionaux et internationaux. « La démission surprise du premier ministre libanais, Saad Al-Hariri, en novembre dernier, a accentué la crise économique et a conduit à une panique sur la monnaie libanaise qui a vu les taux d’intérêt sur les dépôts doubler face aux risques financiers », souligne Mohamad Khalifa. Et, après son retour, Hariri souhaitait obtenir des dons pour financer des projets d’infrastructures publiques auprès des bailleurs de fonds internationaux et relancer ainsi l’économie moribonde du pays.
11 milliards de dons et de prêts
Le Liban a obtenu plus de 11 milliards de dollars de promesses de dons ou de prêts, dans le cadre d’une conférence de donateurs tenue à Paris, au début du mois dernier. Une cinquantaine de pays et d’institutions internationales (dont le FMI et la Banque mondiale) ont été conviés à cette Conférence Economique pour le Développement par les Réformes et avec les Entreprises (CEDRE). Néanmoins, le succès de cette conférence est loin d’être garanti. La dernière conférence des donateurs organisée pour le Liban remonte à 2007. Celle-ci a été traduite par des promesses d’aides de plus de 7,5 milliards de dollars. Seulement une partie de ces promesses de dons avait été tenue, faute de réformes structurelles comme le demandaient les bailleurs régionaux et surtout internationaux.
Selon Saad Al-Hariri, le Liban compte mettre en oeuvre des réformes structurelles pour mettre en place une meilleure gouvernance fiscale, moderniser le secteur public, et créer ainsi un meilleur environnement pour les affaires. Selon Libanews, le Conseil des ministres, présidé par le président de la République, Michel Aoun, a entériné, en janvier 2018, 33 millions de dollars pour le financement des élections législatives.
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