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Le « jour Zéro » du Cap

Ghada Ismaïl, Mercredi, 28 mars 2018

Frappée depuis 2016 par la sécheresse, la ville du Cap se prépare à une pénurie d’eau sans précédent.

Le « jour Zéro » du Cap
Les habitants du Cap seront obligés de faire la queue à 200 points d’eau pour obtenir une ration de 25 litres par jour et par personne. (Photo : Reuters)

Le 11 mai prochain est prévu être le « jour zéro » du Cap, deuxième ville d’Afrique du Sud. Un jour où la municipalité du Cap cou­pera l’approvisionnement en eau de 75 % des habitations, soit plus d’un million de foyers. Les habitants de cette ville seront ainsi obligés de faire la queue à 200 points d’eau pour obte­nir une ration de 25 litres par jour et par per­sonne. Les forces de sécurité vont encercler ces points pour éviter les débordements.

Pour éviter que l’expérience ne se répète, cette ville ne doit pas consommer plus de 450 millions de litres par jour. Actuellement, les barrages du Cap, principale source hydrique de la ville, ne sont remplis qu'à 25,9 % de leur capacité. Selon les experts, en dessous de 10 % de rem­plissage, l’eau des barrages n’est pas utilisable. En fait, cette métropole sud-africaine de 4,5 millions d’habitants vit une sécheresse historique depuis trois années, qui s’est aggra­vée par le phénomène climatique El Nino. La crise a eu des effets négatifs sur les deux prin­cipales industries de la ville : le tourisme et l’agriculture. Les habitants vivent déjà au rythme des restrictions dramatiques depuis plusieurs semaines.

Face à cette catastrophe, le gouvernement sud-africain a déclaré que l’Etat affronte une catastrophe naturelle, alors que quatre pro­vinces enregistrent le plus bas niveau de préci­pitations depuis 1921. Pour retarder au maxi­mum l’échéance du jour zéro, (il a déjà été reporté une fois), le Conseil de la ville a acté une limitation de la consommation à 50 litres par personne et par jour, soit 6 000 litres par mois pour une famille de quatre personnes. Les agriculteurs doivent afficher une réduction de 60 % de leur usage d’eau en 2015, et les autres professions de 45 %. L’irrigation avec l’eau municipale est interdite, tout comme les jets d’eau, le remplissage des piscines ou le lavage des voitures. Les habitants sont ainsi incités à tirer leur chasse d’eau à travers un seau conte­nant des eaux usées ou de l’eau de pluie, plutôt que celle du robinet. La municipalité a distri­bué des guides pour rappeler ces interdictions et encourager les habitants à des comporte­ments responsables.

Le Cap, bordé par les océans Atlantique et Indien, réfléchit aussi à développer ses capaci­tés de désalinisation. La première usine doit être opérationnelle ce mois-ci. Située sur le touristique front de mer Victoria et Alfred, elle produira initialement 2 millions de litres d’eau par jour. La consommation actuelle de la ville est de 600 millions de litres. Trois autres usines sont en cours de construction, mais les travaux ont pris du retard.

Les autorités envisagent également de puiser dans trois aquifères : l’un situé sous la fameuse montagne de la Table (40 millions de m3), l’autre dans le quartier défavorisé des Cape Flats (80 millions de mètres cube) et le dernier dans celui d’Atlantis (30 millions de m3). De fortes pluies permettraient aussi d’éviter le jour J, mais elles ne sont pas attendues dans la région avant mai. Mais qui sera épargné ? Les sites « économiquement essentiels » et les quartiers défavorisés, qui dépendent des robi­nets municipaux et n’absorbent que 5 % de la consommation de la municipalité. Le gouver­nement local a assuré que l’approvisionnement en eau des centres de santé — publics et pri­vés — serait garanti. Les écoles seront aussi épargnées.

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