Deux ans après sa création, l’Organisation des Nations-Unies (ONU) s’est donné le droit de diviser la Palestine. C’est la fameuse résolution 181 promulguée le 29 novembre 1947 qui stipule le partage de la Palestine en un Etat arabe et un Etat juif et la soumission de Jérusalem à une administration des Nations-Unies. En contrepartie de la reconnaissance d’Israël, l’Onu a posé une condition, celle qu’Israël respecte toutes les résolutions internationales. Il n’en fut rien. Les résolutions contraignantes du Conseil de sécurité n’ont jamais contraint Israël (toujours soutenu par son fidèle allié, les Etats-Unis) à les respecter.
Depuis le début du conflit, l’Onu a promulgué une quarantaine de résolutions dénonçant Israël et les pratiques des forces de l’occupation contre les civils palestiniens ou contre les pays voisins. Mais qu’il s’agisse du droit de retour accordé aux réfugiés dès 1948 par l’Assemblée générale, ou du retrait des territoires occupés en 1967, (résolution 242 qui condamne l’acquisition de territoires par la guerre et qui demande le retrait des forces armées israéliennes des territoires), ou encore des violations concernant Jérusalem — changement démographique, colonisation, judaïsation, etc. —, condamnées par plusieurs résolutions théoriquement contraignantes (252, mai 1968 et 267, juillet 1968), l’Onu n’a rien pu faire.
Dernier exemple en date, la reconnaissance en décembre 2017 de Jérusalem comme capitale d’Israël par les Etats-Unis. Grâce à son droit de veto, Washington a empêché l’adoption d’une résolution présentée par l’Egypte pour dénoncer cette reconnaissance américaine. Ce veto s’ajoute à une longue liste de 46 veto américains destinés à protéger Israël. Ce qui a ligoté l’organisation internationale, la rendant totalement incapable d’adopter des mesures contraignantes contre Israël. Qui plus est, « depuis les négociations d’Oslo en 1993, Israël a réussi à faire sortir le dossier palestinien de l’Onu pour engager des négociations directes entre Israël et les Palestiniens avec une médiation exclusivement américaine », explique Saïd Okacha, politologue, spécialiste du dossier israélo-palestinien.
Par ailleurs, bien que l’Onu ait promulgué des dizaines de résolutions en faveur de la cause de la Palestine, ce pays n’est toujours pas membre de l’Onu. Alors qu’Israël est devenu membre à part entière de l’Onu depuis 1949, la Palestine est seulement devenue Etat observateur non membre en 2012.
L’Unrwa en crise
Voilà donc un échec onusien évident auquel s’ajoute aujourd’hui la crise au sein de l’Unrwa à cause des coupes financières américaines. Créé en décembre 1949 par l’Assemblée générale de l’Onu, l’Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Moyen-Orient (Unrwa) présente ses services à quelque 7 millions de réfugiés palestiniens. Selon le porte-parole de l’agence, Adnane Abou-Hasna, « il existe 530000 élèves dans les écoles des camps de réfugiés en Palestine et dans les pays voisins, en plus de 5,3 millions de réfugiés qui comptent entièrement sur les aides de l’Unrwa et 1,7 million de réfugiés palestiniens qui comptent sur ses aides alimentaires ».
Après l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, l’Administration américaine a promis de verser une contribution de 60 millions de dollars en 2018 et de geler une somme de 65 autres jusqu’à nouvel ordre. Et ce, alors que les contributions américaines de l’année précédente s’élevaient à plus de 350 millions de dollars. En effet, suite à la condamnation de l’Onu de la reconnaissance américaine de Jérusalem en tant que capitale d’Israël, les Etats-Unis ont annoncé une réduction totale de 285 millions de dollars de leur contribution financière à l’organisation. Résultat: l’Unrwa affronte aujourd’hui la crise financière la plus dangereuse depuis sa création.
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