Depuis 2013, la Ghouta orientale, où 400 000 civils sont assiégés, vit une grande crise humanitaire.
(Photo : AFP)
Depuis mars 2011, date du début de l’insurrection qui s’est transformée au fil du temps en guerre sanglante, près de 500000 Syriens sont morts et la moitié de la population a été déplacée. Une crise humanitaire que l’Onu gère difficilement. Quant au volet politique, sur 16 projets de résolutions, 11 n’ont pu être adoptées à cause du veto de la Russie, principal allié de Damas. De même, l’organisation a nommé plusieurs envoyés spéciaux, qui ont tous échoué à présenter un règlement au conflit. Le premier, Kofi Annan, a démissionné en 2002, critiquant notamment l’absence d’unité au sein de la communauté internationale. D’autres missions ont suivi, toujours sans résultat tangible. En tout, 9 cycles de négociations parrainés par l’Onu entre des représentants du régime et des groupes de l’opposition s’achèvent sans succès à Genève et à Vienne, le dernier cycle s’étant achevé le 26 janvier.
Du point de vue humanitaire, l’Onu n’arrive pas à appliquer la résolution 2165, adoptée en 2014, puisqu’en vertu de ce texte, les agences humanitaires onusiennes devraient emprunter les routes franchissant les lignes de conflit. Or, les civils se trouvant dans les zones qui ne sont pas sous le contrôle du gouvernement sont bien plus nombreux à recevoir une aide par le biais des opérations transfrontalières. Selon l’Onu, près de 3 millions de personnes continuent de vivre dans des zones difficiles d’accès à travers toute la Syrie, dont 420000 dans 10 localités assiégées, 94% étant regroupés dans la Ghouta orientale.
Yémen : Un conflit complexe doublé d’une crise humanitaire aiguë
Depuis plusieurs mois, l’Onu ne cesse de tirer la sonnette d’alarme, reconnaissant la gravité de la crise humanitaire que vit le Yémen, la plus grave au monde avec des risques de famine à grande échelle. Après trois ans de conflit, le nombre de civils en détresse a atteint 22,2 millions, dont 8,4 millions en insécurité alimentaire et près de 400000 enfants âgés de moins de 5 ans atteints de malnutrition aiguë, selon les chiffres publiés par l’OCHA. En outre, près de 2 millions de personnes sont déplacées à travers le pays, et 1,1 million de cas de choléra ont été recensés depuis avril 2017. L’Onu a annoncé en janvier dernier un plan d’aide humanitaire pour le Yémen en 2018 qui exige la mobilisation de 2,96 milliards de dollars.
Face à ce désastre et aux difficultés de l’Onu de mener à bien sa mission, le coordinateur des Affaires humanitaires de l’Onu, Jamie McGoldrick, a choisi de quitter son poste fin janvier après deux ans de travail au Yémen. « Je quitte le Yémen avec beaucoup d’émotions: tristesse en raison des souffrances qui s’y produisent, frustration parce que nous n’avons pas pu faire plus pour les gens de ce pays. Et, dans le même temps, de plus en plus de personnes sont devenues vulnérables à cause de cette crise » a déploré McGoldrick.
Sur le plan politique, le Britannique Martin Griffith (3e médiateur chargé du conflit yéménite en sept ans) devra relancer un processus politique au point mort. Son prédécesseur, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, avait décidé de ne pas renouveler son mandat, arrivé à expiration fin février, après avoir parrainé durant trois ans une série de négociations entre pouvoir et rebelles yéménites qui se sont toutes soldées par un échec. Et avant lui, Jamal Benomar, avait lui aussi démissionné en avril 2015, après l’échec de cinq ans d’efforts pour établir une transition politique.
Libye : Une multiplicité d’acteurs qui complique l’action de l’Onu
La crise libyenne est aussi un des dossiers où l’Onu n’a pas pu rétablir la paix. En sept ans, six envoyés de l’Onu ont été dépêchés en Libye sans pouvoir changer la donne. Depuis la chute du régime de Muammar Kadhafi en 2011, la Libye reste en proie d’insécurité avec trois gouvernements et deux parlements. L’action de l’Onu a même compliqué la situation. En effet, parrainé par l’Onu, l’accord de Skhirat, au Maroc, en décembre 2015, a approfondi les clivages: alors que deux gouvernements étaient sur la scène politique libyenne, cet accord a créé un troisième pouvoir, le gouvernement de Fayez Al-Sarraj, qui a pris la capitale libyenne, Tripoli, comme siège de son cabinet. En fait, l’Onu a du mal à imposer son règlement face à la multitude d’acteurs internes, régionaux et internationaux.
Le dialogue entre les deux parlements rivaux en Libye sous l’égide de l’Onu n’était que symbolique. Le plan de paix proposé en septembre 2017 par Ghassan Salamé, qui a été nommé envoyé des Nations-Unies pour succéder à Kobler, piétine toujours. Celui-ci comporte trois phases étalées sur une année et devant déboucher sur des élections générales en passant par la révision de l’Accord politique libyen, la tenue d’une conférence nationale inclusive et l’adoption de la future Constitution. Théoriquement, les élections devraient avoir lieu en 2018. Mais Ghassan Salamé déplore toujours que « toutes les conditions ne sont pas encore réunies. Nous n’avons réalisé pour le moment que le début de l’inscription des électeurs ».
Pour ce qui est des besoins humanitaires créés par la crise, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA) a lancé un appel de 313 millions de dollars pour couvrir les besoins fondamentaux et la protection d’environ 940000 personnes déplacées en Libye. Mais les actions attendent.
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