Des manifestants à Aden brandissant l'ancien drapeau du Yémen du Sud.
(Photo : Reuters)
Jadis, le nom donné au Yémen était, selon les anciens géographes, l’Arabie heureuse. Jadis aussi, le Yémen n’était pas un seul pays avec un écart considérable entre deux régions. Il a été historiquement divisé entre le Nord et le Sud. Depuis la chute de l’Empire ottoman en 1962, le Nord a été dominé par une dynastie zaïdite, une branche minoritaire du chiisme. Privés d’une partie de leur autorité en 1911, les Turcs sont définitivement chassés en 1918 par l’imam Yahia Hamid Eddine qui se voit reconnaître en 1926 comme maître du « royaume mutawakkilite du Yémen ». Ayant unifié le Yémen pour la première fois, les Zaïdites fondent une véritable dynastie d’imams, avant qu’un accord entre l’imam Yahia et les Britanniques ne soit signé, laissant le Sud sunnite chaféite sous le protectorat britannique.
En effet, les Britanniques s’étaient emparés d’Aden en 1839 pour en faire une escale sur la route des Indes. Autour d’Aden, ils étendent progressivement leur autorité aux plaines côtières de l’océan Indien jusqu’au Hadramaout, délimitant le territoire qui allait constituer, après son indépendance en 1967, le Yémen du Sud.
Ainsi, après la Première Guerre mondiale et le démantèlement de l’Empire ottoman qui s’ensuivit, le Yémen du Nord est devenu un Etat indépendant. Il est revendiqué par l’Arabie saoudite. Mais les Accords de Taëf en 1934, au terme desquels cette dernière peut conserver une portion du territoire yéménite, permettront toutefois que soit reconnue par son puissant voisin l’existence d’un nouvel Etat indépendant, le Yémen ou Yémen du Nord. La partie sud du pays reste, quant à elle, un protectorat du Royaume-Uni. La Révolution du 26 septembre 1962 dans le nord du Yémen avait donné naissance à la République arabe du Yémen — ou Yémen du Nord— et mis fin au règne millénaire de l’imamat zaïdite, mais la guerre froide maintiendra la division entre Nord et Sud.
Avec la chute de l’Union soviétique les deux Yémens s’entendent pour engager un processus de réunification. Pourtant, bien avant, une première tentative a lieu en 1972 et un accord est signé au Caire entre les deux présidents des deux parties du Yémen, le Nord et le Sud. En 1979, un plan d’unification voit le jour dans le cadre d’une réunion entre les deux chefs d’Etat respectifs au Koweït. Le Yémen du Sud refuse cette proposition et une guerre faillit éclater, mais est empêchée de justesse, grâce à l’intervention de la Ligue arabe. Par la suite, le gouvernement sud-yéménite commence à armer les guérillas marxistes du Yémen du Nord, afin de mener une lutte clandestine contre le Yémen du Nord et son armée.
En mai 1988, dans un contexte d’ébranlement des régimes proches de l’ex-URSS, les négociations reprennent entre les deux Yémens avec l’objectif de réduire considérablement les tensions permettant de reprendre les accords sur l’unification. En novembre 1989, le président du Yémen du Nord, Ali Abdallah Saleh, et le secrétaire général du Parti socialiste yéménite, Ali Salem Al-Beidh, se mettent d’accord sur un projet d’unification établi initialement en 1981. Et c’est finalement en 1990 qu’a lieu la réunification du Yémen: La République démocratique populaire du Yémen (Yémen du Sud) fusionna avec la République arabe du Yémen (Yémen du Nord), formant la République du Yémen.
Très vite, les différends commencent. Un mouvement séparatiste apparaît en 1994, à la suite de la détérioration des relations entre marxistes et unionistes, mais il a été vite réprimé. La guerre prend fin après 2 mois lorsque l’armée nord-yéménite reprend le contrôle de l’ensemble du pays. En 2007, un nouveau mouvement, le Mouvement du Yémen du Sud, également appelé Mouvement pacifique du Sud ou encore le Mouvement séparatiste du Sud est créé, réclamant le retour d’un Etat indépendant au Sud.
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