14 des 15 membres du Conseil de sécurité ont dénoncé la décision de Trump.
D’emblée, dès le début de la réunion du Conseil de sécurité tenue vendredi 9 décembre, à la demande de plusieurs membres, l’envoyé spécial des Nations- Unies au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, lors d’une vidéoconférence depuis Jérusalem, a mis en garde contre « le risque potentiel d’escalade violente ». « Jérusalem est une question de statut final pour laquelle une solution globale, juste et durable doit être trouvée à travers des négociations entre les parties », a martelé l’envoyé spécial des Nations-Unies au Moyen- Orient. Quatorze des quinze membres du Conseil de sécurité des Nations-Unies ont dénoncé la décision du président américain, affirmant qu’elle violait les résolutions et le droit international des Etats-Unis. Les diplomates du Conseil de sécurité ont déclaré que Jérusalem est une ville contestée en vertu du droit international. Cela dit, la réunion du conseil s’est achevée sans déclaration ni résolution officielle commune.Car toute résolution aurait exigé l’approbation des Etats-Unis, membre permanent. Ainsi, aucun projet de résolution n’a été proposé, vu la certitude que les Etats-Unis y mettraient leur veto. « Cette réunion était d’ordre consultatif et symbolique. Il n’y avait pas de projet de résolution à adopter. La réunion a tout simplement confirmé le rejet par la communauté internationale des déclarations de Trump, qui constituent une violation flagrante des nombreuses résolutions du Conseil de sécurité conformément à la loi n°242 de 1967 », souligne Ayman Salama, professeur de droit international, membre du Conseil égyptien des affaires étrangères.
En fait, la seule position collective publiée à la fin de la réunion était la déclaration européenne. « Le statut de Jérusalem doit être déterminé par des négociations entre Israéliens et Palestiniens conduisant à un accord sur le statut final. L’Union Européenne (UE) a une position claire et unie : nous croyons que la seule solution réaliste au conflit entre Israël et la Palestine est basée sur deux Etats, et que Jérusalem est la capitale de l’Etat d’Israël et de l’Etat de Palestine. Et jusqu’à ce que cela se produise, l’UE ne reconnaîtra aucune souveraineté sur Jérusalem », ont déclaré les cinq nations européennes dans une déclaration. La France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie ont estimé que la décision américaine n’était « pas conforme aux résolutions du Conseil ». Selon Nourhane Al-Cheikh, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire, « l’UE veut se distancier de la décision du président américain. Car, pour ce qui est de la question palestinienne, les Européens sont plus neutres que les Américains », et les Français tentent d’avoir un rôle plus actif. « La France demeure convaincue que la seule solution, conformément au droit international et à nos engagements de long terme, est de permettre l’établissement de deux Etats vivant côte à côte en paix, et que cela peut émerger par la négociation. Nous soutiendrons en tout cas toute initiative qui serait prise en ce sens », a déclaré le président français, Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse commune à l’Elysée.
Washington se défend, Israël défie
Evidemment, l’ambassadrice américaine auprès de l’Onu, Nikki Haley, a défendu la position de son pays. Selon elle, Trump a simplement reconnu « une réalité historique, puisque le gouvernement et le parlement israéliens sont situés à Jérusalem ». Et d’ajouter : « Les Etats-Unis ne sont plus d’accord quand Israël est injustement attaqué aux Nations-Unies et ils n’ont pas de leçons à recevoir de pays qui n’ont aucune crédibilité lorsqu’il s’agit de traiter les Israéliens et les Palestiniens sur un pied d’égalité ». Côté israélien, les responsables ont minimisé les menaces d’une réaction diplomatique internationale affirmant que d’autres pays étaient désireux de faire de même et que les relations internationales ne seraient pas affectées. Mais rien n’a été officiellement annoncé. Reste à savoir si cette apparente vague de protestations internationales se traduira réellement par un isolement américain sur la scène internationale au sujet du Proche-Orient. Pour Ayman Salama, ce n’est pas suffisant, « il faut plus de solidarité et une position plus ferme qui dépasse les simples condamnations pour pouvoir stopper l’application de la décision américaine ». Quant à Mostafa Kamel Al-Sayed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, il estime que, malgré ce tollé, il ne faut pas s’attendre à « des changements significatifs » dans les relations entre Washington et ses alliés.
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