Al-Khatib saluant la foule après son élection.
(Photo : Mohamad Abdo)
Le club
Ahli à Guézira grouille de monde en ce jeudi 30 novembre, journée d’élections qui vient mettre fin à une campagne acharnée qui a vu s’affronter la liste de Mahmoud Taher, président sortant, et celle de Mahmoud Al-Khatib. En outre, Moustapha Mourad Fahmi et Amri Farouq se battaient, eux, pour le poste de vice-président, tandis que Kamel Zaher et Khaled Al-Darandli se disputaient la place de trésorier. 19 concurrents étaient en lice pour les 6 sièges réservés aux membres de plus de 35 ans, tandis que 9 candidats aspiraient aux 3 sièges réservés aux moins de 35 ans. Des mesures de sécurité draconiennes sont en place le jour de l’élection. Les rues menant au club sont bouclées avec des barrières de fer et seuls les membres sont autorisés à passer. Dès 11h du matin, deux heures après l’ouverture duscrutin, les membres, certains en famille, commencent à affluer. Les partisans des deux candidats à la présidence s’agglutinent à proximité de la tente où se trouvent les urnes. Les supporters d’Al-Khatib sont surtout des jeunes qui se distinguent par leur tenue élégante, alors que Taher peut compter sur l’appui des employés du club. La tente géante érigée pour le scrutin n’a qu’une seule entrée, un fait qui irrite les votants. «
Pourquoi n’y a-t-il pas de voie d’accès pour les personnes âgées ou handicapées? Le passage est étroit et mal aéré. J’ai pris plus d’une demi-heure pour arriver aux urnes », se plaint Ahmad, 30 ans, partisan d’Al-Khatib. Quant à Mona Ossama, 35 ans, elle critique elle aussi l’organisation. «
Le nombre de ventilateurs n’est pas suffisant. L’organisation est très mauvaise, voire désastreuse, notamment pour les personnes âgées. J’ai vu une femme âgée s’écrouler à cause du manque d’air. Des jeunes l’ontportée vers les ambulanciers vu que le passage était très étroit, ces derniers ne parvenaient pas à y pénétrer. Les cas d’évanouissement sont fréquents », s’exclame-t-elle.
Le nombre de bureaux de vote dans la tente est de 127, chacun étant représenté par un juge et deux employés du Parquet administratif. Ahmad Morsi, président du comité de surveillance des élections, a recours au micro pour exhorter les partisans des candidats à arrêter de faire de la propagande électorale, mais ceux-ci continuent à distribuer des cadeaux et du matériel publicitaire. Pour Nadia Fahmi, 45 ans, « ces élections ont tout l’air d’une présidentielle, ce sont les élections de l’Etat d’Ahli. Le grand nombre de membres venus voter et la rude concurrence entre les candidats montrent l’importance de la présidence du club », explique-t-elle. L’effervescence est telle que le président du comité de surveillance interrompt trois fois le vote et invite les canditats Taher et Al-Khatib à ramener le calme parmi leurs supporters.
Nouveau règlement électoral
Ces élections ont un caractère spécial, c’est notamment parce qu’elles ont lieu conformément au nouveau modèle de règlement du Comité olympique égyptien, présidé par l’ingénieur Hicham Hatab, qui prévoit que les élections se tiennent sur un seul jour. Faute de respecter les procédures requises pour adapter ce règlement, Ahli n’a pas pu prolonger le scrutin sur deux jours, ce qu’ont regretté certains membres. « Je suis contre des élections sur un seul jour, comme le stipule le nouveau règlement. J’invite le président élu à changer ces conditions et à rédiger un règlement spécial pour Ahli », déclare Ahmad Chéhata, un membre de 40 ans.
Quant aux propagandes qui ont précédé les élections, elles ont elles aussi pris des dimensions particulières, puisqu’elles ne se sont pas limitées aux locaux du club, mais ont également fait rage dans la rue et dans les médias. Essam Abdel-Moneim, l’ancien président de la Fédération de football, assure que Mahmoud Taher a dépensé beaucoup d’argent pour sa campagne. « Des dépenses provocatrices dans tout Le Caire, alors que seuls les membres du club ont le droit de voter. La campagne électorale a coûté des millions », dit-il. L’intéressé rejette, lui, ces allégations. « Nos dépenses pour la campagne n’excèdent pas les 10% de ce qu’a dépensé l’autre camp, et les chiffres évoqués sont des rumeurs lancées par ce dernier », dit Mahmoud Taher. Haitham Ibrahim, membre âgé de 40 ans, pose un regard critique sur l’affaire en disant : « L’argent a joué un grand rôle dans cette bataille électorale et les sommes dépensées par la liste d’Al-Khatib dépassent toute mesure ». Al-Khatib assure, quant à lui, qu’une grande partie de sa campagne électorale, à savoir les deux tiers, a été financée par des fans d’Ahli.
Un soutien précieux
En amont des élections, ni le camp d’Al-Khatib ni celui de Taher n’a épargné d’efforts pour gagner le soutien de personnalités de renom et former des blocs électoraux. Ainsi, Al-Khatib a pu compter sur l’appui de plusieurs hommes d’affaires, dont Mohamad Al-Damati, propriétaire d’une entreprise fromagère, Mohamad Gamal Al-Garhi, fils de l’homme d’affaires Gamal Al-Garhi et propriétaire d’une entreprise sidérurgique, et Al-Amri Farouq et son frère, propriétaires des plus grandes écoles expérimentales d’Egypte. Quant à la liste de Taher, elle a pu rallier Ahmad Abou-Hachima, éminent homme d’affaires.
Vers 18h30 en ce jour d’élections, une demande de prolongation du scrutin est refusée par le comité de surveillance. A 19h, les bureaux de vote sont fermés et seules les personnes se trouvant à l’intérieur de la tente électorale et n’ayant pas encore voté sont autorisées à y rester. C’est à 5h du matin que le comité annonce les résultats: avec 20956 voix, Mahmoud Al-Khatib devient le nouveau président d’Ahli. Mahmoud Taher remporte 13 182 voix. De même, tous les candidats de la liste d’Al-Khatib sont élus. Quant au nombre d’électeurs venus voter, il était de 36 936, contre 17500 en 2014.
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