« On a besoin de parler », c’est le slogan qui a réuni, du 4 au 10 novembre, plus de 3 200 jeunes, de nationalités, de couleurs et de religions différentes pour le Forum mondial de la jeunesse dans la station balnéaire de Charm Al-Cheikh. Parrainée par le président Abdel-Fattah Al-Sissi, cette rencontre s’inscrit dans la continuité des conférences nationales de la jeunesse qui ont commencé en octobre 2016. Des jeunes du monde entier ont été invités à ce forum qui réunit 113 nationalités différentes venues discuter de leurs expériences avec les responsables qui ont aussi marqué une grande présence à cet événement. 52 délégations officielles ont participé au forum : des présidents, des princes, des chefs de gouvernement, des envoyés personnels, ainsi que 19 ministres de la Jeunesse et du Sport, un envoyé du secrétaire général des Nations-Unies et un envoyé de l’Union africaine. Cinq thèmes principaux ont été discutés durant le forum : les problèmes généraux de la jeunesse, le développement durable, la technologie et l’entrepreneuriat, la civilisation, la culture, la formation de futurs leaders et enfin le modèle de simulation des Nations-Unies.
Après une inauguration éblouissante et chaleureuse, des jeunes des quatre coins du monde ont présenté leurs expériences personnelles mettant en relief les problèmes qu’ils ont connus, et surtout comment ils les ont affrontés. Une présentation riche et diversifiée suite à laquelle le président Abdel-Fattah Al-Sissi a tenu à saluer le rôle des jeunes qui ont déployé de grands efforts pour la réussite de cette conférence. « Le monde a besoin aujourd’hui d’une véritable trêve pour réévaluer les thèses, les théories et les visions qui ont conduit à l’éclatement des conflits et des guerres sur la planète, et qui ont engendré la violence et le terrorisme », a déclaré le président Sissi. Et d’ajouter : « Nous devons tous prendre nos responsabilités historiques pour formuler une vision pour un lendemain stable où les gens vivraient en paix et en liberté de croyance et d’opinion, sans violence ni discrimination religieuse, sectaire, raciale ou sexuelle ».
C’est lors de la dernière Conférence nationale de la jeunesse qui s’est tenue en avril 2017, à Ismaïliya, que le président Sissi avait annoncé la tenue de ce forum afin de transmettre au monde un « message de paix ». « Les réunions précédentes ont formé un grand nombre de jeunes Egyptiens à présenter leurs points de vue et leur vision pour un avenir meilleur. Il était donc temps pour eux d’échanger leurs expériences et leurs visions avec les jeunes du monde entier », explique le député Mohamad Badawi Al-Dessouqi. Ainsi, l’Egypte est passée d’un stade local à un stade international. Le forum se tiendra d’ailleurs chaque année, comme l’a souligné le président.
« Ce forum a une très grande importance non seulement parce qu’il encourage les jeunes à participer à la réalisation des objectifs du Millénaire, comme c’est le cas avec d’autres forums, mais surtout parce qu’une grande partie du programme du forum porte sur la résolution 2 250 du Conseil de sécurité des Nations-Unies de décembre 2015, et qui traite de la jeunesse comme outil de résolution des conflits et de consolidation de la paix », explique le professeur de sciences politiques, Hassan Salama.
Les axes du forum
Le forum a offert aux jeunes l'occasion d'échanger les expériences.
L’agenda du forum est assez riche. Le programme est divisé en cinq principaux axes discutés en 64 sessions, et abordant des thèmes et des sujets d’intérêt pour la jeunesse internationale, créant ainsi une plateforme pour exprimer des opinions, présenter des idées et partager des expériences, tout au long des sessions. « Vu le grand nombre de participants et des axes de discussion, les sessions se sont déroulées pour la première fois de manière parallèle tout au long des quatre journées du forum. C’est-à-dire que quatre ou cinq sessions pouvaient se tenir en même temps, dans différentes salles », explique le diplomate Amr Essameddine, coordinateur général du forum auprès du ministère des Affaires étrangères (voir entretien page 4).
Les premières sessions du forum ont été consacrées aux problèmes généraux de la jeunesse. Elles ont notamment abordé des thèmes comme le terrorisme, le rôle des jeunes face aux changements climatiques, l’émigration illégale, les réfugiés, la contribution des jeunes à la construction et au maintien de la paix dans les zones de conflit et l’utilisation du potentiel des jeunes pour le développement. Dans son discours, le président a d’ailleurs dans ce cadre affirmé : « Le terrorisme est une violation de l’humanité et la lutte contre le terrorisme est un droit humain ».
Un autre axe concerne le développement durable, la technologie et l’entrepreneuriat. Lors des sessions, les jeunes ont discuté avec les responsables et ont présenté leurs visions du développement durable dans le monde. Ces sessions ont été une chance pour examiner les expériences internationales en matière de développement durable. Les jeunes de différentes nationalités ont présenté leurs expériences innovatrices dans le domaine de l’entrepreneuriat, tout en discutant de l’impact de la technologie sur la jeunesse.
Les notions de civilisation et de culture n’ont pas été négligées. Les jeunes ont discuté de la diversité des civilisations et des cultures, et comment les arts et la littérature peuvent aider à régler les conflits et les guerres. Il a été question aussi de l’impact de la mondialisation sur l’identité des jeunes.
La formation des futurs leaders est un autre thème qui s’est imposé avec force dans toutes les réunions. Il s’agit d’un sujet qui intéressait beaucoup les jeunes. Les meilleures expériences internationales en matière de formation des jeunes ont été évoquées, de même que le rôle des Etats et des sociétés dans la création de futurs leaders.
Modèle de simulation des Nations-Unies
Le forum a également témoigné d’une simulation du Conseil de sécurité de l’Onu, où plus de 60 jeunes du monde entier ont participé à une expérience vivante en tant que représentants du Conseil de sécurité. Le forum les a aidés à identifier et à travailler sur différents points de vue et solutions pendant la discussion de différents sujets sur la paix et la sécurité, et les défis auxquels sont confrontés les pays suite aux vagues de migration, aux guerres cybernétiques et à la menace qu’elles font peser sur la sécurité des Etats.
Outre la participation importante des jeunes à l’échange d’expériences, Salama explique que ce forum envoie au monde entier quelques messages importants. « Le message le plus important c’est de dire au monde, surtout aux pays qui prétendent que l’Egypte est un pays non sûr, que malgré la guerre acharnée menée contre le terrorisme, l’Egypte reste un pays sûr. Ce forum est la meilleure publicité pour le retour du tourisme en Egypte », souligne-t-il. Un autre message qui ne manque pas d’importance selon Salama, c’est l’insistance sur le rôle régional et international de l’Egypte dans le traitement des problèmes contemporains qui se rapportent au monde entier.
Après une semaine riche en discussions, ce forum a réalisé son objectif qui consiste à favoriser la paix et le progrès par l’intermédiaire de la jeunesse. Ce forum est l’occasion d’inviter les jeunes du monde entier à des discussions enrichissantes, leur permettant d’exprimer leurs points de vue et de recommander des initiatives aux décideurs et aux personnalités influentes. Durant cette semaine, les jeunes ont pu échanger leurs expériences dans différents domaines et aborder des questions touchant au développement durable, aux mutations technologiques, à l’entrepreneuriat et à la culture.
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