(Photo : Bassam Al-Zoghby)
Dans ce numéro spécial, nous avons essayé de raconter autrement l’histoire de ce « Paris sur le Nil », rêvé par le khédive Ismaïl au XIX
e siècle, en mettant l’accent sur sa dynamique urbaine et les changements sociopolitiques qu’il a connus jusqu’à présent.
Lorsque ce dernier a mis en oeuvre une gigantesque entreprise de viabilisation portant sur 250 hectares de terrains, entre le Nil et la vieille ville, Le Caire ismaïlien s’est rapidement imposé comme le centre fonctionnel, avec ses bâtiments sur lesquels les grands architectes européens ont imprimé leur marque. Les khédives, qui se sont succédé à la tête de l’Egypte, ont eu chacun son apport, jusqu’à former le centre moderne de la ville ou Le Caire khédivial, édifié entre 1850 et 1950. Au fil des ans, les visages de celui-ci et du centre-ville se brouillent, leurs limites se rapprochent et se confondent. Le centre « moderne » se dresse ainsi, face au vieux Caire désigné comme étant la ville « historique », « médiévale » ou « fatimide », puis se pose par ailleurs la dichotomie entre le centre et la périphérie. Les informalités s’installent de part et d’autre, le néolibéralisme économique aussi, annonçant plusieurs mutations.
Le centre se détériore et requiert une politique de revitalisation, qui, dans la plupart des cas, se fait au détriment de la population la plus pauvre, car revitaliser signifie, pour les uns, en finir avec la pauvreté. Ces dernières années, Le Caire khédivial bénéficie d’un nouveau contexte d’action, même si la volonté de relocaliser les activités stratégiques en périphérie demeure. Ministères, gouvernorat, nouvel organisme national de l’harmonisation urbaine opèrent un travail d’inventaire patrimonial et de restauration, décrit parfois comme « cosmétique », afin de réhabiliter le centre-ville khédivial.
Le paysage socio-spatiale de celui-ci se recompose, notamment avec le regain d’intérêt des investisseurs d’une part, et avec le rôle des artistes et des intellectuels lesquels essayent de redorer le blason du centre culturel, d’autre part. La fonction culturelle est un atout important de la centralité, et ce sera probablement le dernier domaine pour lequel le centre-ville khédivial consacre une fonction centrale indéniable, même avec la mobilité des classes aisées vers les quartiers périphériques.
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