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Mohamed Al-Taher : On peut tout à fait réhabiliter le centre, et en tirer des bénéfices économiques

Aliaa Al-Korachi, Jeudi, 07 septembre 2017

Mohamed Al-Taher, membre délégué de la société Al-Ismaelia pour l’investissement immobilier, estime que le centre-ville possède beaucoup d’atouts, et que réhabilitation et investissements ne sont pas contradictoires.

Mohamed Al-Taher : On peut tout à fait réhabiliter le centre, et en tirer des bénéfices économiques
(Photos : Bassam Al-Zoghby)

Al-Ahram Hebdo : Voilàdéjà9 ans que vous avez lancévotre entreprise. Pourquoi choisir précisément la région du centre-ville pour investir ? Et comment faire des bénéfices tout en ayant comme objectif une rénovation urbaine ?

Mohamed Al-Taher : Tout a commencéen 2008 quand un groupe dinvestisseurs égyptiens et arabes, amoureux du centre-ville, a étéanimépar lidée de redonner vie àcette région qui représentait un jour un centre culturel et commercial le plus vital du pays. Le choix même du nom de la sociétédAl-Ismaelia a étéinspirépar lendroit puisque au départ, le centreville a éténomméIsmaelia en référence au khédive Ismaïl, celui qui a conçu et décidéd’ériger cette région. La vision de lentreprise était alors dacheter les bâtiments àcaractère patrimonial exceptionnel, les rénover sans dénaturer leur style architectural dorigine de lextérieur aussi bien que de lintérieur. Les bâtiments restaurés seront réutilisés pour des fins administratives, commerciales et résidentielles. Notre entreprise nest pas la seule dans le monde àavoir entaméun tel projet. Les expériences internationales sont nombreuses concernant la réhabilitation des centres-villes. Il est tout àfait possible de réhabiliter le centre et de tirer des bénéfices économiques de son secteur immobilier àcaractère architecturel particulier.

9 ans après, quel est le bilan de vos travaux ?

On possède aujourdhui environ 22 bâtiments dans le centre-ville, dont les plus célèbres sont celui de Kodak, Viennoise dans la rue Champollion, du cinéma Radio rue Taalat Harb. Malheureusement, la situation chaotique qui régnait dans le centre-ville, après la révolution de 2011, avait beaucoup ralenti notre plan dinvestissement. Mais, on sest lancéde nouveau avec force dans le chantier après le 30 juin 2013 grâce aux efforts déployés par le gouvernement pour la délocalisation des vendeurs ambulants et au grand rôle jouépar lOrganisme national de lharmonisation urbaine pour limiter les infractions contre le patrimoine du centre-ville. Le gouvernement, luimême, possède aujourdhui son propre projet de réhabilitation des bâtiments khédiviaux.

Quels sont les avantages dinvestir dans le centre-ville ?

Mohamed Al-Taher : On peut tout à fait réhabiliter le centre, et en tirer des bénéfices économiques
(Photos : Bassam Al-Zoghby)

Le centre-ville a beaucoup datouts. En premier lieu, son emplacement géographique dans le centre du pays par lequel passent tous les moyens de transport en Egypte. Deuxièmement, larchitecture et la planification urbaine du Caire khédivial sont les plus belles en Egypte. Quant aux avantages économiques, les prix de limmobilier sont actuellement compétitifs par rapport àdautres régions au Caire qui possèdent une architecture distinguée.

Quel est votre plan de réhabilitation des bâtiments khédiviaux ?

En fait, le plan du développement diffère dun bâtiment àlautre, que ce soit dans la durée ou dans la nature même de rénovation, totale ou partielle, puisque chacun deux possède un caractère très spécial. La rénovation des façades àlidentique ne nous présente aucun problème. Mais les problèmes surgissent une fois quon commence la rénovation de lintérieur des immeubles. Notre grand défi devient alors de moderniser lintérieur de ces anciens bâtiments selon les nouvelles règles dutilisation, comme installer des climatiseurs, des réseaux téléphoniques, des appareils dalarme dincendie, augmenter la capacitédu voltage de l’électricité, doubler le nombre dascenseurs, etc. Tout ceci sans dénaturer la planification originale du bâtiment et devenir en même temps rentable.

Parallèlement àla sociétéAl-Ismaelia, le gouvernement a lui aussi son plan de restauration ...

A mon avis, les travaux du gouvernement sont passés par deux phases. La première sest intéressée seulement àrénover les façades des bâtiments, les trottoirs, les passages piétons en leur redonnant leur esthétique dantan. Cette démarche a étébien en soi puisquelle a attirélattention des passants qui ont vu quil y a quelque chose de nouveau qui se passe dans le quartier. Mais malheureusement, les bâtiments ont perdu plus vite que prévu de leur éclat. En fait, labsence de la durabilitémenace la réussite de tout projet de rénovation, notamment dans le secteur immobilier. La deuxième phase, cest àmon avis celle de la vraie prise de conscience. Elle a pris forme avec la création, début 2017, de la commission nationale pour le développement et la protection du Caire patrimonial. Dune part, celle-ci oeuvre àgarantir la durabilitédes rénovations en posant des règles pour les travaux de maintenance ou des règlements pour empêcher les infractions. Dautre part, cette commission a réussi àdevenir un point de liaison et àentamer un dialogue entre les acteurs publics et privés des projets de réhabilitation du centre-ville àtravers des réunions périodiques. Ces réunions nous aident àtransmettre notre vision de réhabilitation du centre-ville dune façon plus rapide et plus claire.

Et ce dialogue a-t-il portéses fruits ?

En fait, ce dialogue est arrivéen retard, mais lessentiel est quil a vu finalement le jour. Les doutes qui planaient au départ autour du but réel de la création de notre entreprise, comme tentative de la prise du centre-ville, ont étédissipés de la part du gouvernement et des citoyens. Je pense quon est aujourdhui sur la même longueur donde avec le gouvernement concernant la vision de la réhabilitation du centre-ville. Et on partage le même objectif. Augmenter la valeur des bâtiments permettra de hausser la valeur de la région du centre-ville et dattirer plus dinvestissements qui se dirigent essentiellement vers les nouvelles cités. En plus, le gouvernement possède plus de la moitiédes bâtiments du centreville. Le déménagement des ministères dans la nouvelle capitale va lui poser aussi un grand défi : comment seront réutilisés les bâtiments libérés ? Je pense que le gouvernement va tirer un grand profit des travaux de la réhabilitation de cette zone.

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