La brigade Ezzeddine Al-Qassam s'est abstenue de tout commentaire sur le document du Hamas.
(Photo : Reuters)
Le djihad islamique, l’un des deux mouvements islamistes palestiniens avec le Hamas, a rejeté une déclaration de principes adoptée la semaine dernière par ce dernier. Il s’agirait de la première discorde engageant les principes fondateurs de ces deux mouvements historiquement proches. Le Djihad, de plusieurs années plus vieux, a toujours soutenu le Hamas, lequel a bientôt occupé le devant de la scène politique comme le principal rival du mouvement Fatah. L’adjoint du chef du Djihad islamique, Ziyad Al-Nakhala, a affirmé que le différend concernait «
le renoncement aux principes fondamentaux », en référence à l’acceptation par le Hamas d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967 et de la solution de deux Etats (palestinien et israélien). Nakhala a aussi estimé que le document en question, notamment son article 20, était «
non consensuel ». Relativement aux frontières du 4 juin 1967, il a poursuivi : «
Accepter ces frontières revient à reconnaître implicitement l’existence d’un Etat voisin, Israël, sur 80 % des Territoires palestiniens. C’est en somme la solution de deux Etats acceptée par l’OLP et qu’Israël refuse de concrétiser ». Et d’ajouter :
« Les factions qui ont rejeté cette solution, dont le Djihad islamique, ne pourront jamais changer d’avis. C’est pourquoi nous jugeons que cette formulation n’était pas réussie et représente un affront pour les compagnons d’armes dans le camp de la résistance ».
Relations maintenues
Tandis que le Hamas défendait son nouveau document, salué par d’autres factions comme le Fatah, le Djihad islamique s’est pour sa part abstenu de saluer cette démarche. « Ce document représente une avancée politique mais sur une voie qui mène à l’impasse et ne peut aboutir qu’à des demi-solutions à la question palestinienne », ajoute Nakhala. Cela dit, dans un geste révélateur, le Djihad islamique a félicité le Hamas à l’occasion de l’élection d’Ismaïl Haniyeh à la tête de son bureau politique succédant à Khaled Mechaal. Ce qui revient à dire que les relations entre les deux mouvements sont loin d’être endommagées.
« Les petites factions qui gravitent dans l’orbite du Djihad n’ont pas réagi à ce document, d’abord parce qu’elles ont peu de poids, mais aussi parce qu’elles craignaient de s’attaquer au Hamas. Mais force est de constater que le Djihad islamique s’est contenté de critiquer le document en question sans aller plus loin pour critiquer le Hamas. En fait, le Djihad insiste sur ses relations solides avec le Hamas mais estime que ce document n’était pas réussi », note le chercheur palestinien résidant à Gaza, Mohamad Abou-Chaar. Mohamad Gomaa, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, est du même avis. Pour lui, il ne s’agit pas d’une crise. « Ce document ne risque pas d’affecter les relations entre les deux mouvements. En fin de compte, cette démarche était prévue depuis des années, et les dirigeants du Djihad s’y attendaient », explique Gomaa. Et alors que Saraya Al-Qods (les brigades de Jérusalem), l’aile armée du Djihad islamique, a salué la prise de position politique de son mouvement, des interrogations entourent la position de la branche armée du Hamas, les brigades Ezzeddine Al-Qassam, laquelle s’est abstenue de tout commentaire sur ce document considéré comme un changement de la doctrine militaire. Joint par téléphone, Ismaïl Redouane, un dirigeant du Hamas, a affirmé que le mouvement « n’abandonnera pas les armes ». De son côté, Ahmad Al-Leddawi, un analyste proche du Hamas, estime que ce document « ne représente aucun changement radical pour la résistance », alors qu’une autre source palestinienne suppose que le document a bénéficié d’un consensus au sein des hautes sphères du mouvement, politiques et sécuritaires, et que par conséquent, il devait être accepté par la branche armée du Hamas. Bien que les deux mouvements, le Hamas et le Djihad islamique, figurent sur la liste des organisations terroristes des Etats-Unis, certains observateurs croient que Washington pourrait dans l’avenir adoucir sa position vis-à-vis du Hamas, alors que le Djihad ne cherche pas de telle reconnaissance internationale. Pour ce mouvement, il s’agit d’une illusion étant donné que les Etats-Unis n’ont offert aucune concession par le passé au Fatah.
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