« Israël rejette cette résolution anti-israélienne honteuse de l’Onu et ne respectera pas ses termes ». C’est par ces mots directs et provocateurs que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a réagi à la résolution votée le 23 décembre dernier par le Conseil de sécurité de l’Onu et exhortant Israël « à cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation dans les Territoires palestiniens ». Cette résolution est, en effet, d’une première depuis 1979, et le Conseil de sécurité y considère que la colonisation est « dangereuse pour la viabilité d’une solution à deux Etats ». Une fois n’est pas coutume, les Etats-Unis n’ont pas mis leur veto, mais se sont abstenus. Un changement rendu possible par le désengagement du président américain, Barack Obama, au Proche-Orient, et son raz-le-bol vis-à-vis de la politique israélienne ; la Maison Blanche justifiant son abstention par l’impact de la colonisation sur la recherche de la paix.
Or, ce dossier international marque la divergence marquée entre l’administration américaine sortante de Barack Obama et le président élu des Etats-Unis, Donald Trump. Avant de quitter la Maison Blanche, Barack Obama a donc réglé ses comptes avec Netanyahu, mais a surtout glissé une peau de banane sous les pieds de Donald Trump qui s’était beaucoup impliqué pour tenter de bloquer la résolution. Réaction de Trump : « Les choses seront différentes à l’Onu après le 20 janvier », date de son entrée en fonction, a twitté le futur président américain. Trump avait d’ailleurs ouvertement appelé à un veto américain, dans une prise de position rare pour un président qui n’a pas encore pris ses fonctions.
Nous nous retrouvons donc face à une résolution importante, avec une double dimension : d’un côté, c’est la première fois depuis 37 ans que les Etats-Unis donnent un avertissement aussi clair à Israël, à travers l’abstention lors du vote. De l’autre, c’est le signe majeur que la future Administration américaine sera plus que jamais aux côtés d’Israël, d’où l’assurance avec laquelle Netanyahu a promis ne pas respecter cette résolution : avec un Trump qui a promis de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem, Netanyahu n’a rien à craindre, malgré cette résolution.
En effet, si Israël peut être sûr qu’il ne sera pas puni de ne pas respecter ladite résolution, il peut, en plus, se réjouir de ce que va lui offrir la future Administration américaine. En effet, ces dernières semaines, Trump a été, on ne peut plus clair : à la question qu’il envisageait de consulter à propos de l’accord conclu par Barack Obama avec l’Iran, Trump a répondu : Benyamin Netanyahu. Et quand un journaliste lui a demandé s’il envisageait de choisir un émissaire pour traiter du conflit israélo-arabe, il a cité son gendre, Jared Kushner, un entrepreneur juif religieux proche de la droite israélienne. Finalement, quand il a décidé de nommer un ambassadeur des Etats-Unis en Israël, il a choisi David Friedman, un homme proche de l’extrême droite israélienne, partisan non pas de la solution à deux Etats (il s’est clairement déclaré opposé à la création d’un Etat palestinien), mais de la colonisation.
Si elle est confirmée par le Sénat, la nomination de Friedman marquera bel et bien un tournant dans la politique américaine au Proche-Orient. Certes, Washington a toujours été un allié d’Israël, mais il a été en même temps le principal parrain du processus de paix, et il se disait aussi favorable à la solution des deux Etats, à laquelle la colonisation fait obstacle. Aujourd’hui, les Etats-Unis se rangent non plus seulement du côté d’Israël, leur ami et leur allié de toujours dans la région, mais du côté de l’ultra-droite israélienne. Une différence de taille l
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