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La police prise au dépourvu

May Al-Maghrabi, Mardi, 13 décembre 2016

Vendredi, deux jours avant l'attentat contre la Cathédrale, le terrorisme frappait dans la région d'Al-Haram, où six policiers ont été tués au cours d’une attaque près d’un barrage de la police.

La police prise au dépourvu
L'enquête est en cours pour déterminer l'auteur de l'attentat. (Photo : AP)

C’était vendredi 9 décembre, un barrage de police situé sur la route d’Al-Haram est pris d’assaut par des inconnus. L’attaque fait 6 morts parmi les policiers et plusieurs blessés (3 conscrits et 4 civils). L’engin explosif avait été placé près d’un mur jouxtant le barrage de police. Des funérailles populaires et militaires ont été organisées pour les victimes. Depuis la destitution en 2013 du président islamiste Mohamad Morsi, la police et l’armée sont régu­lièrement visées par des actes terroristes.

Sur sa page Facebook, le mouvement Hasm a revendiqué l’attentat et a annoncé « d’autres d’attaques plus importantes ». Hasm a fait sa première apparition sur les réseaux sociaux en janvier 2014. Le groupe est responsable de la tentative d’assassinat de l’ex-grand mufti, Ali Gomaa, connu pour ses positions hostiles aux islamistes radicaux. Début novembre, un juge qui avait participé à l’un des procès de Mohamad Morsi a échappé de justesse à un attentat à la voiture piégée au Caire. En septembre, une autre voiture piégée avait explosé dans une banlieue du Caire après le passage du procureur général adjoint, qui s’en est sorti indemne.

Pour les experts, Hasm serait un groupe de jeunes Frères musulmans dissidents ou apparte­nant à d’autres factions islamistes. C’est du moins ce qu’estime Ahmad Ban, spécialiste des mouvements islamistes. « Ces groupuscules regroupent des jeunes exaspérés par la poli­tique de profil bas adoptée par la vieille garde des Frères musulmans depuis 2013 », explique-t-il. « Cet attentat est une réponse de l’aile radicale de la confrérie aux tentatives récentes de réconciliation entre le pouvoir et les Frères musulmans. Ces micro-groupes terroristes, issus des Frères et d’autres mouvements isla­mistes comme Hasm, Agnad Masr, Kataëb Hélouan et Al-Eqab Al-Thawry, sont aujourd’hui soutenus par des organisations comme la Gamaa islamiya et le salafisme djihadiste. Depuis la chute des Frères musulmans, beau­coup de jeunes appartenant à des mouvements islamistes ont basculé vers le salafisme djiha­diste, dont l’idéologie est basée sur le change­ment, la force, et non pas sur la politique, afin d’instaurer un Etat islamique », ajoute Ban. « Ces jeunes ont pour la plupart été mobilisés à travers Internet et ont appris à fabriquer des bombes artisanales. Les barrages de police et les points de contrôle sont devenus les cibles préférées de ces jeunes terroristes », décrypte le spécialiste. Toutefois, il note que le nombre d’attentats qu’ils commettent a beaucoup dimi­nué par rapport aux dernières années, ce qui montre qu’ils souffrent d’un manque de finan­cement.

Appel à la vigilance

Pour l’expert en sécurité, Mahmoud Katri, ce dernier attentat prouve qu’il reste des failles dans le système sécuritaire. Il estime que le manque d’informations sur la nature de ces nouveaux groupuscules empêche les autorités de lutter efficacement contre le terrorisme. Katri fait ici référence aux résultats de l’enquête du Parquet général qui a révélé que les terro­ristes avaient surveillé ce poste de contrôle pendant des mois, et qu’ils avaient installé leur bombe plusieurs jours avant de commettre l’at­tentat. « Cet attentat devrait attirer l’attention des autorités sur les failles du système sécuri­taire. Il a eu lieu en plein jour, au centre de la capitale et dans un quartier extrêmement peu­plé. Le fait que ce type d’attaques terroristes puissent avoir lieu si facilement en plein centre-ville prouve qu’il y a des failles sécuritaires. Des mesures plus strictes doivent absolument être prises », prévient Katri. Il propose au ministère de l’Intérieur de remplacer les postes de contrôle fixes par des postes de contrôle mobiles, ce qui les exposera moins aux attaques.

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