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La femme peshmerga au-devant de la scène

Aliaa Al-Korachi, Mercredi, 16 novembre 2016

Dans une société à dominante masculine, des femmes ont su s'imposer en tant que combattantes. Focus sur ces femmes kurdes au fusil à la main.

La femme peshmerga au-devant de la scène
Les femmes constituent près de 40 % de l'armée kurde syrienne. (Photo : AFP)

Fusil-mitrailleur à l’épaule, fou­lard en tête ou cheveux en l’air, les femmes kurdes en uniformes kaki, en première ligne sur le front au nord de la Syrie et de l’Iraq, mènent un combat acharné contre Daech, loin de l’ombre des hommes. La participation de la femme kurde dans la guerre est bien médiatisée. Des photos, des vidéos, des repor­tages, des documentaires et des articles sur les combattantes kurdes font le tour du monde.

Pour Daech, la combattante kurde représente une vraie menace. Car pour ces terroristes, c’est une vraie phobie : mourir par une balle tirée par une femme c’est mourir désho­noré. Pour les combattantes kurdes, il vaut mieux mourir que de vivre sous l’emprise de l’EI. Ces femmes mènent en fait une double bataille. Elles s’opposent avant tout à tous ceux qui représentent une menace à leurs droits aussi bien en tant que « femmes » que « peuple kurde ».

La résistance féminine armée n’est pas un phénomène nouveau chez les Kurdes. Au Kurdistan d’Iraq, les femmes ont rejoint les rangs des Peshmergas dès les années 1960 pour combattre les Baassistes. Il fallait attendre novembre 1996 avant que ne soit créé le second bataillon de l’unité 106, un bataillon entière­ment constitué de femmes au Kurdistan iraqien. A l’époque, le Kurdistan n’était pas encore une entité jouissant d’une certaine auto­nomie, et les soldats étaient ratta­chés à l’une ou l’autre des deux anciennes grandes factions, deve­nues plus tard des partis politiques. L’un, le Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) n’a pas d’unité propre aux femmes combattantes, mais a des policières. L’autre, l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK) a créé en 1996 la première unité féminine. Au Kurdistan de Syrie, les femmes constitueraient près de 40 % de l’armée kurde syrienne appelée Unité de défense du peuple (YPG). En Turquie, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) revendique plus de 15 % de femmes dans ses rangs. Quant aux combattants du PJAK iranien (Parti pour une vie libre au Kurdistan), ils seraient constitués de 50 % de femmes.

Si l’existence de femmes combat­tantes n’a rien de révolutionnaire, celles-ci servent véritablement la guerre médiatique contre Daech. Sur les réseaux sociaux, on les voit sur des photos avec des combattants de Deach, qui viennent d’être captu­rés ou encore les cheveux en l’air nettoyant leur kalachnikov après un assaut contre le groupe. Selon Khaled Okacha, expert sécuritaire, la femme kurde a joué un rôle spec­taculaire et de premier plan dans le combat contre Daech. « Dès les premières heures du déclenchement de cette guerre, les femmes kurdes se sont vite engagées dans le com­bat d’une manière bien structurée. Leur expertise militaire a été très évidente, notamment dans la bataille de la libération de Kobané syrien, connue par la révolution de la femme de Rojava, ou dans la bataille de Mossoul en Iraq », dit Ockacha avant d’ajouter que « la lutte de la femme kurde a changé le stéréotype de la femme aux temps des guerres, soit victime, manifes­tante ou simple infirmière offrant des soins médicaux aux hommes sur les champs de bataille. A l’inverse de ces images, la femme kurde a réussi à porter par excellence l’ap­pellation de combattante com­plète ».

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