La hausse des prix des carburants serait assumée par la classe moyenne.
(Photo : AP)
Dès le lendemain du flottement de la livre égyptienne face au dollar, le gouvernement a adopté une autre mesure non populaire en coupant les subventions à l’énergie, et en élevant les prix à la pompe des carburants. Le ministère du Pétrole a annoncé sur son site les nouveaux prix du carburant, en application depuis le 4 novembre. La hausse des prix varie entre 7,1 et 87,5 % pour l’essence, le diesel, le gaz naturel, le gaz butane et le mazout. Ainsi, les prix des cylindres de butane ont presque doublé, passant de 8 L.E. à 15 L.E. pour les ménages et de 16 à 30 L.E. pour les commerces. Celui de l’essence octane 80 est passé de 1,6 L.E. à 2,35 L.E. le litre, l’octane 92 est vendu à 3,5 L.E. contre 2,6 L.E. auparavant, alors que le prix de l’essence octane 95, déjà libéralisé, est resté inchangé à 6,25 L.E. Le mètre cube de gaz naturel est vendu à 1,6 L.E. contre 1,1 L.E. Et varie entre 0,75 L.E. et 2 L.E. pour les ménages suivant les tranches de consommation. Finalement, le prix du mazout pour l’industrie agroalimentaire a légèrement augmenté à 1 500 L.E. la tonne, celui vendu aux cimenteries est passé à 2 500 L.E., le même prix est appliqué pour le mazout utilisé par les centrales électriques, alors que son prix pour les autres industries a été fixé à 2 100 L.E. Le premier ministre, Chérif Ismaïl, a révélé lors d’une conférence de presse que le prix du carburant va encore augmenter : «
Le gouvernement a un plan pour annuler les subventions à l’énergie sur cinq ans mais ne possède pas ce luxe actuellement ».
La baisse des subventions a pour objectif de contenir le déficit budgétaire. Celui-ci doit atteindre 9,8 % et même dépasser ce chiffre. En septembre, le ministre du Plan avait révélé que le déficit budgétaire au cours des neuf premiers mois de l’année fiscale 2015/16 a augmenté de 16,8 % et se situe à 254,9 milliards de L.E.
En fait, il prévu que les subventions à l’énergie doublent malgré la hausse des prix des carburants à cause de la hausse des taux de change. Il était prévu qu’elles atteignent 35 milliards de L.E. « La restructuration des subventions à l’énergie est censée compenser la hausse de la facture des importations étatiques que le gouvernement va endurer en achetant les produits pétroliers selon un taux de change élevé », commente Réham Al-Dessouqi, économiste en chef auprès d’Arqaam Capital.
Montée en flèche de l’inflation
L’effet négatif serait sur l’inflation. Celle-ci va augmenter et peser sur les budgets des ménages. L’Organisme central de mobilisation publique et des statistiques (CAPMAS) a publié les hausses attendues des tarifs des moyens de transport en conséquence de la hausse des prix des carburants. Selon les calculs du CAPMAS, les tarifs des microbus devraient augmenter entre 1,6 % et 13,5 % suivant le combustible utilisé, la distance ou bien la marque du véhicule. Les tarifs des taxis devraient augmenter de 5,5 %. Les taxis ont débloqué leurs compteurs et les bagarres entres les chauffeurs de microbus et les passagers n’ont pas cessé depuis la hausse des prix. Réham Al-Dessouqi prévoit une hausse de l’inflation comprise entre 18 et 20 % vers la fin de l’année. Celle-ci pourrait atteindre entre 22 et 24 % au cours du premier trimestre de 2017. « La hausse des prix des carburants sera le facteur majeur qui va enflammer l’inflation, et non pas la dévaluation de la livre dont l’effet a été déjà ressenti par les consommateurs et les entreprises depuis la hausse du dollar sur le marché parallèle », explique Réham Al-Dessouqi.
Malgré la hausse des prix, l’introduction de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), la hausse considérable du prix du dollar sur le marché noir et la difficulté de s’en procurer au prix officiel, le taux d’inflation en septembre, bien que toujours élevé, a été contre toute attente inférieur à celui d’août. Selon les statistiques du CAPMAS, l’inflation annuelle a enregistré 14,6 % en septembre contre 16,4 % en août. La première régression depuis six mois. Le taux d’inflation mensuelle a également baissé à 1,3 % en septembre contre 2 % en août. Cela s’explique par le fait que l’effet de l’introduction de la TVA ne s’est pas encore reflété sur les chiffres. Le niveau de vie des Egyptiens doit en principe régresser. « La classe moyenne va être sous pression vu que les mesures de protection sociales ne sont pas suffisantes pour la protéger. Elle va assumer le coût sans bénéficier de la protection dont bénéficient les classes les plus démunies », argumente Al-Dessouqi. La majorité parlementaire a annoncé dans une déclaration son plein soutien aux nouvelles réformes inspirées par le FMI dont la hausse des prix du carburant. Mais le parlement n’a pas débattu les nouvelles décisions économiques.
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