Le dossier de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés s’est de nouveau invité, la semaine dernière, à l’ordre du jour du Conseil de sécurité de l’Onu. Les Palestiniens, avec quelques pays arabes, viennent de lancer une campagne diplomatique pour obtenir le dépôt d’une résolution à l’Onu exigeant l’arrêt de la colonisation israélienne, aussi bien en Cisjordanie qu’à Jérusalem. «
Les appels internationaux à mettre fin aux activités de colonisation israéliennes et aux crimes contre les Palestiniens doivent être appuyés par des mesures sévères et concrètes pour obliger Israël à se conformer à la loi. Nous appelons le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités politiques, légales et morales et à ranimer les perspectives de paix », a lancé l’ambassadeur palestinien aux Nations-Unies, Riyad Mansour, lors d’un débat à l’Onu sur le Proche-Orient. «
Au cours de ces années de silence du Conseil de sécurité, la colonisation israélienne a quadruplé. Le Conseil doit agir et adopter une résolution rapidement », a-t-il ajouté.
Cette campagne diplomatique n’est pas nouvelle. Il est récurrent que le représentant de la Palestine à l’Onu relance le débat, comme l’explique Tarek Fahmi, directeur du département des études israéliennes au Centre national des études du Moyen-Orient : « Les Palestiniens veulent simplement faire bouger les choses et tenter de mettre fin à la colonisation et la confiscation des territoires palestiniens ». En effet, bien que jugée illégale par une grande partie de la communauté internationale, la colonisation est poursuivie sans relâche. Ainsi, ces condamnations n’ont pas poussé le Conseil de sécurité à voter une résolution exigeant l’arrêt de la colonisation israélienne. « Pourtant, les résolutions de l’Onu qui prouvent que la colonisation est illégale sont multiples. Le problème, c’est qu’Israël ne respecte ni ces résolutions de l’Onu ni des verdicts de la Cour internationale de justice », dit Barakat Al-Ferra, ancien ambassadeur de la Palestine au Caire. « Et même si un nouveau projet de résolution est soumis au Conseil de sécurité, les Etats-Unis useront de leur veto », prévoit-il.
Plusieurs méthodes, même résultat
« La confiscation des terres palestiniennes a en fait connu plusieurs étapes et s’est faite par plusieurs moyens », souligne Fahmi. « Au début du siècle dernier, la méthode de confiscation des terres palestiniennes n’était pas systématique mais se faisait plutôt de manière individuelle. Mais en 1967, suite à l’occupation de la Cisjordanie, l’armée israélienne — soutenue par les tribunaux israéliens — a entamé, officiellement, la confiscation des terres palestiniennes usant de prétextes sécuritaires ». Des milliers de familles palestiniennes ont ainsi été obligées de céder leurs terres, ensuite données à des colons.
En 1979, un arrêt de la Cour suprême israélienne a légalisé cette pratique. Les autorités israéliennes ont ainsi déclaré « terres d’Etat », les terrains appartenant à des Palestiniens mais non déclarés au cadastre et ceux non cultivés de façon intensive.
Ce qui a permis à Israël de s’approprier d’importantes surfaces, utilisées ensuite pour la construction d’infrastructures servant les colonies. La colonisation se poursuit par deux voies parallèles : la voie légale (aux yeux de l’Etat israélien, puis qu’elle ne l’est pas au regard de la Convention de Genève), et l’occupation illégale des terres par les colons, dont une infime partie est stoppée tandis que la plupart finit par être autorisée. Le volume de la colonisation a aussi doublé depuis l’accord d’Oslo de 1993. Les gouvernements israéliens successifs ont donné la chance et les moyens aux colons pour s’élargir. Mais Israël a de fait encouragé l’accélération de la colonisation à partir du retrait de Gaza en 2005, même s’il ne l’a pas revendiquée officiellement.
Selon Tarek Fahmi, le gouvernement de Benyamin Netanyahu a déjà accompli « plus de 85 % du plan de la colonisation israélienne désigné à l’époque du gouvernement de Tzipi Livni en Cisjordanie et dans le reste des territoires palestiniens. Si les Arabes ne se dépêchent pas aujourd’hui, ils négocieront demain sur seulement 15 %, peut-être moins, de la terre palestinienne ». Selon l’Onu, au cours des dernières années, 94 % de demandes palestiniennes de permis de reconstruire ont été systématiquement refusées. « Cette colonisation annonce la mort de la solution pacifique entre les deux Etats israélien et palestinien. Elle met aussi en péril toutes les perspectives physiques de la création d’un Etat palestinien viable. Cette colonisation systématique, provocatrice et délibérée rend également plus difficiles tous les compromis nécessaires à la paix à mesure que les habitants des colonies israéliennes augmentent d’un jour à l’autre », explique Al-Ferra. Et d’ajouter : « Le rythme est très rapide, notamment en Cisjordanie, où sont quasiment collées les unes aux autres. Les Israéliens ont même changé les noms des rues, des routes et des sites historiques. Et le support local et international aux colons est très grand », explique Al-Ferra.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : En 2016 selon le Bureau central des statistiques israélien lui-même, 386 000 colons résident en Cisjordanie et 203 000 à Jérusalem-Est. Au total, près de 590 000 colons habitent le territoire palestinien, c’est deux fois plus qu’en 1995. Le taux de croissance de la population des colons est 2 fois et demie plus élevé que le taux de croissance de la population israélienne. Le plus fort pourcentage de colons dans la population totale se trouve dans le gouvernorat de Jérusalem (40,8 % des habitants sont des colons israéliens), puis dans le gouvernorat de Salfit (34,6 %), de Ramallah/Al-Bireh (25,6 %), de Bethléem (25 %) et de Qalqilya (24,4 %).
La Palestine membre de l'Unesco depuis 2011
1989. C’est en cette année que la demande d’adhésion de la Palestine à l’Unesco a été inscrite pour la première fois à l’ordre du jour des organes de l’Unesco. Dès lors, l’Autorité palestinienne a été étroitement associée aux actions de l’Unesco grâce à la constitution en décembre 1993 du Comité mixte Unesco/Autorité palestinienne. En 1994, le Programme d’Aide au Peuple Palestinien (PAPP) a été créé, et devient plus tard en 2000 le programme Unesco pour la Palestine. Le Bureau de l’Unesco à Ramallah ouvre ses portes en 1997. Ce n’est pourtant qu’environ 22 ans après la formulation de la première demande, soit en 2011, que la Palestine est devenue le 195e membre de l’organisation. Jusqu’à présent elle possédait le simple statut d’observateur. Les 194 Etats membres avaient voté au siège de l’organisation à Paris, par 107 voix pour, 14 contre (dont les Etats-Unis, le Canada et l’Allemagne) et 52 abstentions alors que12 Etats n’ont pas participé du tout au vote. Cette adhésion a constitué une nouvelle avancée vers la reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat, un statut revendiqué auprès de l’Onu. La réaction des Américains, principal allié d’Israël, ne s’est pas fait attendre ; ils ont aussitôt annoncé qu’ils suspendaient leur contribution financière, privant l’organisation de 22 % de son budget.
Le statu quo de l'Esplanade
Lorsqu'Israël a conquis la Vieille Ville, à l’issue de la guerre des Six jours, l’administration de l’Esplanade des mosquées est restée aux mains du Waqf jordanien (service chargé de gérer les biens religieux). Ce modus vivendi organisait la fréquentation de l’Esplanade et donnait la priorité aux musulmans, en réservant certains espaces et moments pour les non-musulmans. Fin septembre 2000, Ariel Sharon, alors chef de l’opposition, se rend sur l’Esplanade pour appuyer la position d’Israël qui revendique la souveraineté sur ce site. Des échauffourées éclatent entre les policiers israéliens et des jeunes Palestiniens qui interprètent la visite comme une provocation. Ainsi, éclate la seconde Intifada. Les restrictions imposées aux musulmans pour se rendre sur l’Esplanade sont davantage renforcées mais le statu quo est maintenu. Il a pourtant été brisé en 2015 par des juifs orthodoxes radicaux venus prier à haute voix sur l’Esplanade. Le gouvernement israélien réaffirme cependant qu’il ne veut pas changer le statu quo des Lieux Saints musulmans.
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