Le dialogue sur le mix énergitique est encore difficile.
La 15e édition du Forum international de l’énergie, IFE15, a ouvert ses portes lundi 26 septembre à Alger, avec la participation des délégations de 72 pays membres, conduites par leurs ministres de l’Energie. Son programme se structure autour de quatre sessions et deux tables rondes, concernant le dialogue énergétique mondial. Le Forum international de l’énergie (IEF) a été initié en 1991 avec la tenue d’une première réunion ministérielle à Paris des producteurs et consommateurs d’énergie de différents pays. Au début, ceux-ci voulaient entamer un dialogue informel sur des questions générales d’intérêt commun en matière d’énergie. Ils visaient avant tout une meilleure collaboration entre producteurs et consommateurs d’énergie. Mais le dialogue producteurs-consommateurs n’a été structuré qu’en 2002. Au fil des années, ces dialogues sont devenus une réunion ministérielle bisannuelle et surnommée : le Forum international sur l’énergie. Aujourd’hui, ce forum regroupe les organisations internationales, les ministres, les hauts fonctionnaires, des représentants de compagnies pétrolières et gazières et les chefs de plusieurs entreprises actives dans le domaine de l’énergie (hydrocarbures, énergies renouvelables, etc.). Ce forum rassemble aussi des experts des 73 pays membres de l’
International Energy Forum (IEF) qui représentent environ 90 % de la consommation et de la production mondiale d’énergie. Il regroupe de plus des représentants de toutes les organisations internationales telles que l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) et le Forum des Pays Exportateurs de Gaz (FPEG). «
Ce forum constitue, en fait, un espace informel d’échange et de concertation entre producteurs et consommateurs d’énergie. Il réunit aujourd’hui plus de 600 participants de nationalités différentes », indique Sayed Moustapha, expert dans le domaine de l’énergie.
Les travaux du forum ont essentiellement abordé les perspectives pétrolières et gazières, le rôle des énergies renouvelables, l’importance de l’accès aux services énergétiques dans le développement humain et le rôle de la technologie dans ce domaine. Il a été aussi une occasion pour faire le bilan des réunions énergétiques et discuter des voies et moyens pour le renforcer. L’un des produits phare du Forum international de l’énergie est le JODI (Joint Organization Data Initiative). Il s’agit d’une base de données à laquelle collaborent six organisations internationales spécialisées en énergie et qui est alimentée par les pays membres du forum.
Au centre des discussions
Mais, le thème central du 15e Forum de l’énergie, organisé par l’Algérie, du 26 au 28 septembre 2016, porte sur la transition énergétique. En effet, le concept de la transition énergétique est apparu il y a déjà plusieurs années. Mais quels en sont les enjeux ? Il s’agit de mettre en oeuvre des pratiques innovantes pour réduire l’impact de la production d’énergie sur la planète, alors même que la population augmente. Cela est fait par le mix énergétique (ou la diversification des sources d’énergies avec la promotion notamment des énergies renouvelables). Toutes les populations sont concernées. « Des Etats et des organisations travaillent depuis de nombreuses années sur la question de la transition énergétique et la conception d’une gestion intelligente de l’énergie. Ces acteurs dont des gouvernements, des organisations internationales, ainsi que des entreprises innovantes qui investissent dans la recherche et les énergies renouvelables, ont déjà mis en place un bon nombre d’actes de coopération à ce titre », explique Sayed Moustapha. Parmi ces actes de coopération, citons le Protocole de Kyoto qui a fixé des objectifs d’une meilleure efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables pour instaurer une économie verte et durable. C’est en Allemagne, au début des années 1980, que le concept de transition énergétique est né. A l’époque, il s’agissait d’une modification radicale de la politique énergétique : le passage d’une politique orientée par l’offre d’énergie à une politique déterminée par un mix énergétique basé sur des ressources renouvelables. Certains Etats européens ont emboîté le pas de leur voisin allemand dans le domaine de la transition énergétique. Citons surtout la France, la Grande-Bretagne et l’Espagne. Les résultats ne sont pas toujours à la même hauteur que ceux en Allemagne. Toutefois, ils sont aussi rentables. En 2015, les énergies renouvelables dans l’Union européenne représentaient environ 27,5 % de la production d’électricité, soit quatre fois plus qu’en 2005. En Allemagne seule, toujours pour l’année 2015, l’énergie renouvelable a couvert 32,5 %, soit près du tiers de la consommation électrique. Un chiffre record. « La transition énergétique est donc bien en marche en Europe. Certains pays européens ont déjà promulgué des projets de loi sur la transition énergétique. La France joue un grand rôle ces quelques dernières années, notamment par l’accord de changement climatique de Paris », souligne Ahmad Qandil, chef du programme des études sur l’énergie au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. A l’échelle mondiale, l’histoire de l’énergie montre clairement les tentatives et les scénarios d’approvisionnement énergétique. Pourtant, pour Sayed Moustapha, la production d’électricité d’origine renouvelable reste encore marginale. Selon des études internationales effectuées, notamment par des pays du continent européen dont l’Allemagne et la France, les charges liées aux énergies renouvelables vont continuer de progresser d’une année à l’autre. « C’est ainsi que la transition énergétique est très coûteuse, et c’est difficile de la réaliser pour beaucoup de pays », ajoute Moustapha.
Selon Ahmad Qandil, ce concept reste donc jusqu’à présent tout neuf pour beaucoup d’Etats, notamment arabes, africains et asiatiques. L’Egypte tente de jouer un rôle important dans ce domaine non seulement au niveau local mais aussi en Afrique.
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