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Situations variées

Aliaa Al-Korachi, Mardi, 09 août 2016

Principale victime des troubles politiques et sécuritaires, le secteur du tourisme est loin d'être stable dans les pays de la région. Passage en revue des gagnants et des perdants.

Situations variées

La Tunisie : Le tourisme, cible des attentats

La Tunisie : Le tourisme, cible des attentats

Surnommée « la Perle du Sahel » avec ses larges plages ensoleillées, la ville de Sousse est l’une des principales attractions touristiques de la Tunisie. Pourtant, elle a perdu beaucoup de ses éclats et des touristes depuis l’at­tentat revendiqué par Daech visant l’hôtel Imperial Marhaba en juin 2015, et qui a coûté la vie à 38 touristes britan­niques. En juin dernier, Sousse ne comptait que 9 000 touristes, contre une moyenne de 40 000 avant 2010 à la même période. En fait, tout le secteur du tourisme de la Tunisie est dans ses niveaux les plus bas, puisque le pays a déjà été la cible d’un autre attentat en mars 2015, visant également un lieu hautement touristique, le musée du Bardo à Tunis. 21 touristes avaient alors perdu la vie. Deux attentats qui ont coûté cher à la Tunisie et qui ont engendré une baisse de fréquentation hôtelière de près de 90 %. Ce qui a obligé plusieurs chaînes hôtelières, comme RIU Hotels&Resorts, le Club Med et Marmara à fermer leurs portes et quitter le pays. Selon les chiffres publiés par le ministère tunisien du Tourisme, le tourisme en 2015 a perdu environ un million de visiteurs par rapport à l’année précédente, dont 80 % de touristes européens. La chute des recettes touristiques au premier trimestre 2016 a atteint 51,7 % par rapport à la même période en 2015. Avant la révo­lution du Jasmin de 2011, ce pays accueillait 7 millions de touristes par an, ce qui permettait à ce secteur de générer 7 % du produit intérieur brut.

Les Emirats arabes unis : Haut lieu du tourisme de luxe

Les Emirats arabes unis : Haut lieu du tourisme de luxe

De nombreux hôtels, installations de loisirs, clubs de golf, musées, l’industrie du tourisme aux Emirats arabes ne cesse de signaler des indices positifs, et repré­sente un haut lieu du tourisme de luxe dans la région. Cette monarchie est considérée alors un lieu de paix dans une région en turbulence. Le nombre total de touristes qui ont visité les Emirats au cours du premier trimestre de cette année a atteint 7,8 millions de touristes, soit une augmentation de 10 % par rapport à la même période de l’année précédente. Dubaï, la plus célèbre destination touris­tique dans les Emirats arabes unis, la plus luxueuse des villes arabes et la plus développée des 7 émirats, a accueilli 67 % des touristes, alors qu’Abu-Dhabi a accueilli 18 %, le reste étant réparti entre les autres Emirats. Le secteur hôtelier a enregistré le taux d’occupation le plus élevé du Moyen-Orient dans la période entre janvier et avril 2016 avec plus de 80 %. Le secteur du transport aérien joue un grand rôle dans la croissance du tourisme, indique Fawzi. Dubaï espère atteindre 25 millions de visiteurs en 2020.

Le Liban : Un recul d’envergure

Le Liban : Un recul d’envergure
(Photo : AP)

Conflit en Syrie voisine, vide présidentiel et troubles poli­tiques internes, un demi-mil­lion de réfugiés syriens sur le sol libanais. Autant de facteurs qui font que Beyrouth, sur­nommé autrefois « Paris du Proche-Orient », et malgré la beauté de ses plages et ses nombreux sites archéologiques comme ceux de Baalbeck ou de Byblos, traverse une véri­table crise depuis plus de 5 ans. Le pays du Cèdre « est aujourd’hui tellement loin de son âge d’or », explique Adel Zaki, président du comité du tourisme extérieur à la Chambre du tourisme. Début 2010, le Liban a enregistré un nombre record de touristes quand sa capitale, Beyrouth, a été classée par la presse internationale comme « la destination de l’année », et que le guide Lonely Planet la plaçait « deuxième sur dix villes à visiter ». Mais l’index du tourisme a vite commencé à s’incliner avec le début de la crise syrienne en 2011. Mais le coup le plus dur a été la crise politique entre Beyrouth et les monar­chies du Golfe. Ces dernières ont classifié Hezbollah comme groupe terroriste, et pour la pre­mière fois, elles ont exhorté à l’unanimité leurs citoyens de ne pas se rendre au Liban. Un coup dur, lorsque l’on sait que ces touristes assurent 80 % des dépenses touristiques. Ainsi, le tou­risme a enregistré un recul de 18 % au cours du premier semestre 2016 par rapport à l’année précédente. Et ce secteur, qui représentait de 9 à 10 % du PIB, s’est réduit de moitié pour atteindre environ 4 %.

Le Maroc : Une montée exceptionnelle

Le Maroc : Une montée exceptionnelle

L’industrie du tourisme au Maroc est l’une des seules qui ont pu résister aux bou­leversements qui frappent la région. Le Maroc conserve toujours sa place dans l’échiquier des destinations internationales et le nombre de touristes ne cesse d’ac­croître. Le Maroc est élu première destina­tion touristique en Afrique avec près de 10,3 millions de visiteurs étrangers, selon l’édi­tion de l’Africa Tourism Monitor. Marrakech et Casablanca figurent parmi les tops 10 villes à visiter. Selon l’Observatoire maro­cain du tourisme, le nombre des visiteurs européens a augmenté de 2,5 %. Selon Ehab Fawzy, président de la coalition du soutien du tourisme, l’afflux des Européens au Maroc remonte aux liens historiques et culturels qui existent entre eux. L’exception marocaine est due également aux efforts déployés par l’Etat, aux cours des dizaines d’années, pour promouvoir ce secteur, en mettant en place de nombreux dispositifs pour faire venir les touristes. Par exemple, la capacité d’accueil a atteint un chiffre record de 220 000 places pour l’année 2014. En juin dernier, lors de sa visite à Pékin, le roi Mohammed VI a exempté les ressortissants chinois de visa, une décision visant ainsi à attirer une partie des 130 millions de Chinois qui voyageant à travers le monde.

La Jordanie : La facture des troubles alentour

La Jordanie : La facture des troubles alentour

Considéré comme le pays le plus stable de la région, la Jordanie est victime des conflits qui ravagent un grand nombre de ses voisins affec­tant profondément le taux de ses fréquentations touristiques. Entouré par des pays en guerre (Iraq, Syrie), le Royaume hachémite, qui renferme la mythique cité de Petra, l’une des sept nouvelles merveilles de la pla­nète selon l’Unesco, se situe dans un environnement instable qui fait fuir les touristes. Le nombre des touristes est en baisse progressive, une baisse qui a commencé depuis 2011 et le début de la guerre en Syrie, et qui s’est poursuivie après la prise par Daech de larges territoires syriens et iraqiens. Or, la Jordanie dépend en grande partie des revenus du tourisme, secteur-clé de l’économie de ce pays dépourvu de res­sources naturelles, et qui représente environ 14 % du PIB. Il représente aussi une deuxième source de devises après les transferts d’argent des expatriés. Au cours des cinq premiers mois de 2016, les revenus du tourisme jordanien ont chuté de 1,55 milliard de dollars. Le nombre de touristes a reculé de 10 % en 2015. Et ceux qui visitent Petra a chuté de 32 % au cours des huit premiers mois de 2015.

Israël : Le grand gagnant

L’Office de tourisme israélien (IGTO) a annoncé une augmentation de 10 % des touristes depuis 2015. Israël est considéré comme l’une des destinations connaissant la plus forte hausse en provenance du marché européen. En fait, selon Zaki, l’Etat hébreu est le plus gagnant du tourisme dans la région, puisque la situation géopolitique troublée des autres parties du Proche-Orient s’est traduite en une croissance dans le secteur du tourisme israélien, en permettant à ce secteur de trouver son dynamisme qui a infligé des pertes lors de l’opération « Bordure protec­trice » dans la bande de Gaza. Selon Bloomberg, Israël essaye de profiter aujourd’hui de la part des touristes fuyant notamment l’Egypte et la Turquie, surtout les Russes. Pourtant, pour Saïd Okacha, expert des affaires israéliennes, le coût élevé des vols et des hôtels pourrait pourtant décourager l’afflux des touristes. En fait, le tourisme pour Israël représente 2,5 % du PIB. Il rapporte plus de 40 milliards de shekels chaque année et embauche environ 200 000 personnes, soit 3 % de la population active.

Iran : Un retour remarquable

Iran : Un retour remarquable

Asphan, Shiraz, ces villes ira­niennes viennent tout juste d’appa­raître sur les brochures publici­taires des compagnies touristiques européennes. L’Iran redevient petit à petit une destination touristique demandée, notamment après la levée des sanctions de l’Onu et tout en profitant de l’instabilité poli­tique et sécuritaire de ses voisins dans la région. Téhéran essaye de se présenter comme un pays sûr et une alternative des autres pays de la région. L’Iran a réalisé au cours des 3 dernières années des revenus de 6 milliards de dollars de ce secteur. En fait, le pays témoigne depuis 2014 d’un flux croissant de touristes européens, surtout français, et aussi des Américains. Par exemple, les demandes de visas de Français auprès de l’ambassade d’Iran à Paris ont augmenté de 80 % entre 2013 et 2014, et ont connu la même augmentation entre 2014 et 2015, et le groupe hôtelier français Accor a fait ses entrées dans le business du tourisme iranien en septembre 2015. Toutefois, selon Fawzi, le nombre de touristes reste médiocre et l’Iran a encore un long chemin à parcourir dans ce domaine. Avec 17 sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, l’Iran prévoit atteindre les 20 millions de visiteurs dans dix ans.

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