Le Portugais Antonio Guterres, 67 ans, grand favori
Avec 12 votes favorables, aucun vote défavorable et 3 votes « sans opinion », Antonio Guterres, 67 ans, est arrivé en tête des candidats à la succession de Ban Ki-moon lors du vote indicatif du jeudi. Un ancien premier ministre portugais, Guterres, est considéré le mieux placé pour la succession. Lors de sa carrière comme Haut-Commissaire aux réfugiés, de 2005 à 2015, il a affronté la plus grave crise de migration en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, en voyant le doublement du nombre de personnes déplacées qui est passé de 38 millions en 2005 à près de 60 millions en 2015. Pour lui, « la migration doit être une option, pas un acte de désespoir ». Guterres a effectué un parcours politique de premier plan au Portugal où il jouit d’une large popularité. Il a été secrétaire général du Parti socialiste, puis premier ministre de 1995 à 2002. Durant son mandat de premier ministre, le Portugal rejoint l’euro et est choisi pour organiser le Championnat d’Europe de football de 2004. Ses priorités sont la prévention des conflits, la lutte contre le chômage des jeunes et l’égalité homme-femme dans les nominations à l’Onu. Israël voit d’un mauvais oeil son avancement. En 2009, M. Guterres avait affirmé que le conflit à Gaza était « le seul conflit au monde où les personnes n’ont même pas la possibilité de fuir ».
Le Slovène Danilo Turk, 64 ans, le deuxième
L’ancien président slovène de 2007 à 2012, Danilo Turk, 64 ans, est sorti avec 11 votes favorables lors du premier tri. Il a fait son entrée à l’Onu pour la première fois en 1992 après l’indépendance de son pays et devient le premier ambassadeur de la Slovénie auprès de cette organisation. Un poste qu’il a occupé jusqu’en 2000 avant de devenir conseiller politique du secrétaire général Kofi Annan jusqu’en 2005. Professeur de droit international, il est connu comme grand passionné des droits de l’homme. Turk a travaillé avec Amnesty International dans les années 1980, et a créé la Fondation Danilo Turk, qui est consacrée à la réhabilitation des enfants victimes de conflits armés. Selon Turk, l’Onu a perdu beaucoup de sa crédibilité vis-à-vis du dossier syrien, en demandant « plus d’aide humanitaire pour les Syriens ».
La Bulgare Irina Bokova, 63 ans, 1re femme favorite
Directrice générale de l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), depuis 2009, Irina Bokova est la première femme à occuper ce poste. Bokova est arrivée troisième en nombre d’encouragements (9 voix). Selon elle, il est temps « de donner aux femmes l’opportunité de se développer comme membres égaux de la société ». Une femme à la tête de l’Onu est une réclamation avancée par beaucoup d’Etats membres, puisque depuis la création de l’organisation en 1945, elle a été toujours dirigée par des hommes. Le fait qu’elle est originaire de l’Europe de l’Est est un autre critère qui donne plus de chance à Bokova vu que selon le roulement géographique, le prochain secrétaire général doit venir de cette zone qui n’a pas encore été représentée à ce poste. Son mandat à la tête de l’Unesco est marqué par la destruction par Daech des sites archéologiques, notamment en Syrie. Irina a également poursuivi une longue carrière politique au sein de son pays. A 38, elle a été candidate du Parti socialiste lors des premières élections pluralistes. Elle devient brièvement ministre des Affaires étrangères de Bulgarie près de trois mois, entre 1996 et 1997, et parlementaire entre 2001 et 2005. Entre 2005 et 2009, Bokova a été successivement ambassadeur de Bulgarie en France et à Monaco puis auprès de l’Unesco. Elle a milité pour l’adhésion de la Bulgarie à l’Otan et à l’Union européenne.
Le Serbe Vuk Jeremic, 40 ans, banquier
Vuk Jeremic est le dernier à avoir annoncé sa candidature. Ce Serbe diplômé de Harvard vient en quatrième place avec 9 encouragements. Il a été ministre des Affaires étrangères de la Serbie entre 2007 et 2012. Au sein des Nations-Unies, il a présidé la 67e session annuelle de l’Assemblée générale de l’Onu de septembre 2012 à 2013. Pendant son mandat de ministre des Affaires étrangères, Jeremic a essayé d’effectuer un lobbying contre la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo. Ceci n’a pas abouti lorsque la Cour internationale de justice reconnaît la légalité de l’indépendance du Kosovo en 2010. Avant de débuter sa vie politique, Jeremic a d’abord travaillé dans plusieurs institutions financières, comme la City de Londres, la Deutsche Bank. Il a également été président de la Fédération serbe de tennis de 2011 à 2015.
Le Macédonien Srgjan Kerim, l’homme d’affaires
Ministre des Affaires étrangères de Macédoine de 2000 à 2001, Srgjan Kerim, a occupé la fonction d’ambassadeur macédonien auprès des Nations-Unies de 2001 à 2003. Il a présidé également l’Assemblée générale pendant une année, de 2007 à 2008. Il occupait plusieurs postes ministériels avant la dissolution de la Yougoslavie. Il était ministre des Relations économiques étrangères de la République fédérée de Macédoine et a effectué par la suite un long parcours de diplomate, lorsque la Macédoine est devenue indépendante. Il était l’ambassadeur de son pays en Allemagne, ainsi qu’en Suisse et au Liechtenstein. Kerim a également une carrière d’homme d’affaires. Depuis 2012, il est président du conseil d’administration de Media Print Macedonia, qui détient de nombreux quotidiens du pays.
La Néo-Zélandaise Helen Clark, 66 ans, la pacifique
Helen Clark est nommée dès 2009 directrice du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), devenant ainsi la troisième personne la plus importante dans la hiérarchie, après le secrétaire général et le vice-secrétaire général. Elle a obtenu 8 encouragements lors du vote jeudi. Clark a dirigé le gouvernement néo-zélandais de centre gauche pendant trois mandats successifs, de 1999 à 2008. En tête du gouvernement, elle a refusé d’envoyer des troupes en Iraq pour « une guerre probablement illégale », faisant preuve d’une indépendance vis-à-vis des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Elle a réussi à réaliser un bilan économique positif : faible taux de chômage, investissements importants en matière d’éducation et de santé. Elle s’est aussi mobilisée en faveur de la création d’un programme global de durabilité écologique.
L’Argentine Susana Malcorra, 61 ans, Casque Bleu
Huit mois après avoir été nommée ministre des Affaires étrangères de l’Argentine, en décembre 2015, Susana Malcorra, 61 ans, a présenté sa candidature pour la succession de Ban Ki-moon. Elle a accédé aux plus hautes positions au sein des Nations-Unies de 2004 à 2012. Elle était en charge du Programme alimentaire mondial. Elle a notamment géré la première phase des opérations après le tsunami de décembre 2004. Elle a également conduit des opérations humanitaires dans plus de 80 pays. En 2008, elle entrait en tant que vice-présidente dans le Programme de maintien de la paix des Nations-Unies, qui coordonne les actions des Casques Bleus. Et en 2012, elle devient le chef du cabinet de Ban Ki-moon.
Le Slovaque Miroslav Lajcak, 53 ans, le diplomate
Vice-président du gouvernement du social-démocrate Robert Fico et ministre des Affaires étrangères de la Slovaquie depuis avril 2012, Lajcak, 53 ans, s’est présenté en tant que candidat en juin. « C’est la première fois que la Slovaquie présente un candidat à un poste international d’une telle importance », a affirmé Robert Fico. Selon les termes du rapport présenté par le gouvernement « du point de vue de sa qualification professionnelle, de ses expériences politiques, diplomatiques, Lajcak remplit tous les critères pour un candidat au poste de secrétaire général de l’Onu ». Lajcak a été ambassadeur à Moscou, puis au Japon puis à Belgrade. En 2007, il était nommé haut représentant international en Bosnie-Herzégovine, plus haute position politique dans ce pays en situation de post-conflit, et en lien direct avec le Conseil de sécurité des Nations-Unies.
Le Monténégrin Igor Luksic, 39 ans, le plus jeune candidat
A 39 ans, Luksic, ministre des Affaires étrangères du Monténégro, est le plus jeune des candidats. Il était déjà le plus jeune premier ministre du monde, à seulement 27 ans. Auparavant, il était ministre des Finances en 2004, puis avait été promu vice-premier ministre en 2006, lorsque le Monténégro accédait à l’indépendance. Au pouvoir, il s’est attaché à réformer la fiscalité et à libéraliser le monde des affaires. Il a notamment prôné les privatisations afin de relancer l’emploi.
La Moldave Natalia Gherman, 47 ans, la diplomate
Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la Moldavie, petit pays d’Europe de l’Est, depuis le 30 mai 2013, Natalia Gherman, 47 ans, a exercé également les fonctions de premier ministre par intérim pendant un peu plus d’un mois du 22 juin au 30 juillet 2015. La fille du premier président de la République moldave, Mircea Snegur, était ambassadeur dans plusieurs pays : Autriche, Suède, Norvège, Finlande. Elle a réussi à faire passer en 2014 un accord de libre-échange entre la Moldavie et l’Union européenne, et à assouplir le régime des visas des Moldaves voyageant dans les pays de l’Union européenne.
Christiana Figueres, 59 ans, Costa Rica, Madame climat
Christiana Figueres, âgée de 59 ans, son mandat en tant que secrétaire exécutive de la Convention-Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques s’est achevé le 6 juillet dernier. Elle a donc naturellement eu une place de premier plan dans les négociations liées à la COP 21, dont la signature universelle s’est tenue fin 2015 à Paris. Elle avait aussi joué un rôle dans les négociations liées au Protocole de Kyoto. Christiana Figueres a commencé sa carrière de fonctionnaire en tant que conseillère à l’ambassade du Costa Rica en Allemagne, de 1982 à 1985. Elle a publié de nombreux ouvrages. Elle fait partie du conseil d’administration de plus d’une dizaine d’organismes internationaux de la société civile liés à l’environnement.
Vesna Pusic, 63 ans, Croatie, la philosophe
Ministre des Affaires étrangères et européennes de 2011 à 2016 et vice-présidente du gouvernement de 2012 à 2016, Vesna Pusic, 63 ans, est la candidate qui a reçu le moins de votes favorables, l’incitant à abandonner la course. Ayant des diplômes en sociologie et en philosophie de l’Université de Zagreb en 1976, Vesna Pusic a poursuivi un long parcours dans le milieu universitaire avant de se lancer dans la politique. Membre du Parti populaire croate — Démocrates libéraux — dont elle est présidente de 2000 à 2008, elle est élue en 2000 membre du parlement croate. Durant son mandat comme ministre des Affaires étrangères, elle a réussi à intégrer la Croatie au sein de l’Union européenne. Elle a également dû gérer la crise des réfugiés en offrant 5 000 places d’accueil dans un camp.
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