Très peu d’informations filtrent sur les auteurs de la tentative de coup d’Etat manqué en Turquie. Le premier ministre turc, Binali Yildirim, a annoncé que la tentative de putsch a été menée par un groupe d’officiers de l’armée turque qui cherchaient à renverser le président Recep Tayyip Erdogan. Il a ajouté que le gouvernement a ensuite procédé à l’arrestation de 2 839 des putschistes militaires, sans déclarer leur appartenance politique. Deux groupes peuvent être derrière cette tentative de coup d’Etat. Les putschistes kemalistes qui ont annoncé la création du «
Conseil de la paix dans le pays » et ont cité ouvertement dans leur communiqué leur attachement à Mustapha Kemal Attatürk, le père de la Turquie moderne. La seconde hypothèse est que les instigateurs de ce putsch soient un ensemble d’officiers de rang moyen attachés aux principes de laïcité. Dans la nuit du putsch, un communiqué émanant des «
forces armées turques » et proclamant la mise en place de la loi martiale ainsi qu’un couvre-feu national a été diffusé sur la chaîne officielle de la télévision turque.
Les putschistes ont alors déclaré avoir « pris le contrôle du pays pour assurer et restaurer l’ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l’homme, les libertés fondamentales et le respect de la loi ».
Aucun militaire n’a pourtant revendiqué cette tentative de coup d’Etat. Le général Erdal Öztürk, commandant du troisième corps d’armée, le général d’armée Adem Huduti, commandant de la seconde armée, ainsi que le général de division Avni Angun, commandant de la garnison de Malatya, ont été placés en garde-à-vue. L’ancien chef de l’état-major de l’armée de l’air, le général d’armée Akyn Öztürk, a également été interpellé.
2 745 juges ont été forcés de quitter leur fonction, et selon la chaîne de télévision turque NTV, Alparslan Altan, l’un des 17 juges de la Cour constitutionnelle, a été également placé en détention.
L’hypothèse guléenne
Dans une déclaration à la télévision, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a très vite pointé du doigt la mouvance islamiste de son pire ennemi et ancien allié, Fethullah Gülen, le dénonçant comme étant le principal instigateur du putsch de vendredi dernier. L’imam Fethullah Gülen est un ex-allié d’Erdogan, devenu son ennemi juré après un scandale de corruption survenu à la fin de 2013, dans lequel un grand nombre de proches d’Erdogan ont été impliqués. Gülen, 75 ans, exilé aux Etats-Unis depuis les années 1990, est soupçonné aujourd’hui d’organiser un « Etat parallèle » destiné à renverser Erdogan. Il est à la tête d’un puissant mouvement turc appelé Hizmet (service, en turc), qui compte un gigantesque réseau d’écoles, d’ONG et d’entreprises, et dont l’influence s’étend dans les médias, les bureaux de police ou encore la magistrature.
Enfin, des rumeurs ont affirmé que les militaires putschistes ont été soutenus par les Etats-Unis. D’après ces rumeurs, la base militaire américaine d’Incirlik, qui avait préalablement annoncé sa fermeture et servait de base arrière à la coalition internationale, aurait servi de soutien à Fethullah Gülen.
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