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Célebration 14 juillet, Égypte-France: Un partenariat militaire en essor

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 12 juillet 2016

La coopération militaire entre l'Egypte et la France reflète un rapprochement politique, et un effort partagé de lutte antiterroriste.

Un partenariat militaire en essor

Lors de la dernière visite en Egypte du président français, François Hollande, en avril, ce dernier a signé avec le président égyptien, Abdel-Fattah Al-Sissi, de nouveaux contrats d'armement, notamment un contrat portant sur l'achat, par le gouvernement égyptien, d'un satellite de télécommunications militaire. « Après des discussions entre les présidents français et égyptien et entre les ministres de la Défense, le contrat sur le satellite de télécommunications avec l’Egypte est bouclé », a indiqué l’Elysée, dans un communiqué. Le satellite en question sera fourni par les groupes Airbus Space Systems et Thales Alenia Space, pour un montant estimé à 600 millions d’euros. La présidence française a aussi affirmé que la somme totale des contrats conclus durant la visite de François Hollande s’élevait à plus de 2 milliards d’euros. Par ailleurs, les négociations se poursuivent encore entre le groupe français DCNS et le ministère égyptien de la Défense sur la vente de quatre navires de guerre. Soit un contrat estimé de 500 à 600 millions d’euros.

Au cours des deux dernières années, la coopération militaire entre l’Egypte et la France a connu un essor, avec notamment la signature de contrats évalués à 5,2 milliards d’euros : la vente de 24 Rafale, d’une frégate multimission Fremm, et de missiles air-air Mica et de croisière Scalp. A ces contrats principaux s’ajoutent deux autres : l’un avec Sagem, pour des missiles air-sol 2ASM ; et un autre avec Lacroix, concernant des systèmes de leurre. Aujourd’hui, l’Egypte compte parmi les 20 premiers clients de la France dans le domaine de l’armement.

Cet essor des relations militaires est en partie attribuable à un certain froid entre Le Caire et les Etats-Unis après la révolution du 30 juin 2013 qui a amené Washington à suspendre une partie de son aide militaire livrée à l’Egypte et à retarder la livraison de matériel et d’équipements militaires, dont l’Egypte avait besoin pour la lutte contre le terrorisme dans le Sinaï.

Le Caire a ainsi voulu diversifier ses sources d’armement tout en cherchant à profiter de l’expérience militaire de pays développés comme la France. « La coopération militaire avec la France est très importante pour l’Egypte. La livraison du matériel est rapide, et les Français ne traînent pas dans l’application des accords. Ce n’est pas le cas avec tous les pays », affirmait le général Hicham Al-Halabi, conseiller à l’Académie militaire Nasser.

La coopération militaire entre l’Egypte et la France comprend aussi des domaines comme la formation, la coopération stratégique, comme l’explique l’expert militaire Talaat Mossallam. « L’Egypte veut moderniser son arsenal militaire, notamment les équipements de la marine qui intéressent beaucoup les autorités égyptiennes ces derniers temps », explique Mossallam. Et d’ajouter que la France est aussi intéressée par la coopération avec l’Egypte dans le contexte de la lutte contre le terrorisme. « Le contexte régional y est pour beaucoup dans cette coopération. L’Egypte se trouve dans une zone d’instabilité avec des conflits en Syrie et en Libye. La France aussi craint l’expansion du terrorisme en Europe », affirme-t-il.

Lutte antiterroriste

En fait, la France estime nécessaire d’aider l’Egypte à se donner les moyens d’une lutte efficace contre le terrorisme. Pour pallier le danger de terrorisme en France et en Europe occidentale, qui se trouve alimenté par les crises du Moyen-Orient, Paris juge primordial d’apporter son aide à la lutte à la source que mènent des pays de la région, l’Egypte en tête. « La France s’inquiète de la montée en puissance du terrorisme aveugle, dont elle a été victime à deux reprises l’an dernier, en janvier et novembre. L’alerte y reste maximale, notamment après les attentats perpétrés à Bruxelles en mars 2016, revendiqués par l’Etat islamique », rappelle Saïd Issa, spécialiste des relations internationales au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Il explique que « dans le fond, les risques posés par l’expansion de la menace terroriste à l’est de la Libye n’ont fait qu’accentuer la convergence de vues entre Paris et Le Caire sur la priorité que constituent la lutte antiterroriste et la nécessité de maintenir un partenariat étroit ».

La France, comme beaucoup d’autres pays européens, s’inquiète de la présence en Libye de milliers de terroristes de l’EI qui menacent les frontières sud de l’Europe et pourraient provoquer un exode massif de population vers le vieux continent. L’Egypte, elle aussi, est menacée par la porosité des frontières avec la Libye. Ces frontières constituent une réelle menace à la sécurité interne de l’Egypte, car elles constituent une source principale pour le passage de toutes sortes d’armes et des combattants qui rejoignent le Sinaï où officie une branche de l’Etat islamique. Un avis que partage Hicham Mourad, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, qui souligne aussi : « Si cette coopération bilatérale s’est renforcée dernièrement, c’est pour garantir la stabilité de l’Egypte, pivot d’un Proche-Orient en proie au chaos. La France considère en effet que l’Egypte est l’un des rares pays qui restent relativement stables. Elle maintient une armée forte qui peut jouer un rôle central et efficace contre le terrorisme », précise le politologue.

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