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11 février: Toujours sur la même voie

Aliaa Al-Korachi, Lundi, 11 février 2013

Les politiques économiques de Morsi ressemblent à celles de Moubarak. Les inégalités sont croissantes, alors que l'éducation et la santé sont sacrifiées au profit du secteur privé.

Pain
Le crédit du FMI ne fera que prolonger la mauvaise situation économique. (Photo:AFP )

« Des progrès notables » dans la situation économique et sociale … Les réserves monétaires sont « sûres », avait affirmé Morsi devant le Conseil consultatif, le 29 décembre dernier. Sous les projecteurs, Morsi apparaît rassurant sur l’économie au moment où tous les indicateurs sont dans le rouge : dégradation alarmante du déficit public, écroulement des investissements étrangers, chute des revenus du tourisme et dégringolade de la livre égyptienne.

C’est un déjà-vu. Les discours de Hosni Moubarak ont, eux aussi, toujours été loin de la réalité. Mais la similitude entre les deux présidents et leurs gouvernements ne se trouve pas seulement dans les discours. Les politiques économiques mises en oeuvre se rapprochent sur bien des points.

La politique de Moubarak tablait surtout sur une austérité financière ayant provoqué une détérioration des secteurs de la santé, de l’éducation et de l'assurance sociale. En contrepartie, il avait accordé des aides croissantes aux exportations et des subventions sur plusieurs produits, depuis 2005 avec la montée en flèche de son fils véhiculant l’idéologie de « la croissance avant la distribution » : les ingrédients du néolibéralisme.

Pauvreté galopante

La révolution a en partie était menée contre ce système qui ne faisait qu’accentuer les inégalités et la pauvreté. Hassan Malek, l’un des dirigeants de la confrérie et directeur du comité Tawassol, regroupant des hommes d’affaires de l’ancien régime et d’autres soutenant les Frères musulmans, a pour mission de discuter les politiques économiques avec Morsi. Malek approuve les mêmes politiques de Moubarak. « Les politiques économiques, suivies sous l’ancien président, montraient le bon chemin sauf qu’elles étaient parasitées par la corruption et le clientélisme. Nous pouvons très bien bénéficier des anciennes politiques », a-t-il affirmé.

Selon un rapport du Centre d’études économiques et sociales, les similitudes entre le plan de réforme des politiques fiscales présenté par Ahmad Nazif en 2010 et celui de Hicham Qandil, le premier ministre de Morsi, sont frappantes. Cette politique verse toujours dans le profit des capitalistes aux dépens des classes moyennes et pauvres. Une semaine avant le référendum sur la nouvelle Constitution, le gouvernement avait publié une liste officielle de 50 produits et services de première nécessité allant être l’objet de davantage de taxation. De peur de favoriser le « non » lors du scrutin, le président avait reporté l’application de ces mesures à une date ultérieure. « Le gouvernement refuse toute forme de redistribution sur les profits, en excluant l’impôt foncier, l’impôt progressif et l’impôt sur les bénéfices. Il s’est par ailleurs mis à réduire les dépenses publiques dans les secteurs de la santé, de l’éducation et d’autres services publics, déjà en un très mauvais état », précise Fakhri Al-Feqi, professeur d’économie à l’Université du Caire. Comme l’avait fait Moubarak, Morsi donne la priorité dans le budget aux secteurs sécuritaires, aux salaires et retraites des forces armées et de la police. Par contre, il a approuvé l’annulation de la hausse annuelle prévue du salaire minimum et n’a pas imposé de salaire maximum aux hauts fonctionnaires. Dans le budget de Morsi, la santé compte pour moins de 1,6 % du PIB. A l’époque de Moubarak, la part du budget pour la santé s’établissait aussi entre 1,5 % et 1,8 % du PIB. Et la tendance serait plutôt à la réduction qu’à l’augmentation de ce budget.

S’endetter toujours plus

Morsi ne trouve d’autre solution pour combler le déficit budgétaire que de s’endetter. « La dette intérieure de l’Egypte au cours du premier semestre de Morsi a augmenté de 112 milliards de L.E. Si on continue comme ça, en 4 ans, la dette sera équivalente à celle laissée par Moubarak en 30 ans », calcule Ahmad Al-Naggar, expert économique. Et le gouvernement Qandil insiste sur le fait de décrocher le prêt de 4,8 milliards de dollars du FMI, malgré les contestations populaires. Un emprunt qui pèsera lourd sur les simples citoyens : parmi les conditions du FMI figure en effet «réduction des dépenses publiques, en réduisant des coûts de subvention ».

A l’époque, les Frères musulmans critiquaient les prêts, affirmant qu’ils ne feraient que prolonger la mauvaise situation économique et que leurs intérêts étaient illicites du point de vue religieux. Il semble qu’ils aient changé d’avis.

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