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Le gardien des libertés

Amira Samir, Mardi, 10 mai 2016

Le syndicat des Journalistes a été créé en 1941, et n'avait pas de locaux à sa création. Aujourd'hui, il est le plus grand syndicat des Journalistes dans le monde arabe et en Afrique.

Fondé en 1941, le syndicat des Journalistes égyptiens (EJS) a fêté, le 31 mars dernier, son 75e anniversaire. L’idée de la fondation d’un syndicat pour les travailleurs de la presse remonte pourtant à l’année 1891, sur proposi­tion du journal national Al-Ahram. Après plu­sieurs tentatives infructueuses, le syndicat des Journalistes a été créé en vertu de la loi numéro 10 de l’année 1941, promulguée par le Conseil des députés (Assemblée du peuple). Son rôle : défendre les droits des journalistes, protéger la liberté de la presse et la profession, et moderniser les médias. « En effet, le syndi­cat joue un rôle national et poursuit un objec­tif ambitieux : être la façade démocratique qui exprime le niveau des libertés dans le pays », explique Essam Ali Réfaat, ex-président du syndicat des Journalistes d’Alexandrie. Au début de sa création, le syndicat n’avait pas de locaux. La première Assemblée générale a eu lieu au siège du tribunal d’Egypte à Bab Al-Khalq, au Caire. Ensuite, les réunions se tenaient dans les locaux des grands journaux, puis dans un appartement loué par l’un des membres fondateurs, puis au syndicat des Avocats, et cette situation a continué jusqu’à ce qu’il ait pu acquérir un terrain à proximité de ce dernier, dans la rue Abdel-Khaleq Sarwat, au centre-ville, sur lequel les locaux actuels ont été construits. L’actuel bâtiment, qui a des allures d’une forteresse assiégée, a été reconstruit dans les années 1990.

Le syndi­cat, qui comptait 200 membres à sa première année, en compte aujourd’hui plus de 8 000. « Il s’agit, en fait, du plus grand syndicat des Journalistes dans le monde arabe et en Afrique. C’est aussi le seul syndicat qui four­nisse un soutien financier et des primes men­suelles financées par l’Etat. Cependant, le principal soutien présenté par le syndicat à ses membres est le soutien politique et juri­dique, pour les aider à pratiquer la profession librement et sans entraves », indique Gamal Fahmi, membre du conseil du syndicat. Le premier « duel » du syndicat avec le pouvoir date de l’année de sa naissance, lorsque le Conseil des députés voulait ajouter un article à la loi du syndicat interdisant le travail poli­tique au sein de celui-ci. Après un débat hou­leux, le syndicat des Journalistes a réussi à devenir, à l’époque, le premier syndicat égyp­tien dont la loi n’interdit pas le travail poli­tique. Le conseil du syndicat a essayé et a parfois réussi à ne pas être la trompette d’un quelconque parti ou mouvement politique. « A travers son histoire, le syndicat a été confron­té au pouvoir à plusieurs reprises, notamment pour les questions ayant trait à la liberté de la presse. Ses salles ainsi que ses escaliers exté­rieurs ont souvent accueilli de grands rassem­blements politiques ainsi que des mouvements de contestation, qu’il s’agisse de journalistes venus défendre leurs droits, d’ouvriers ou d'hommes ordinaires venus manifester contre les régimes successifs », précise Essam Réfaat. Ce rôle était beaucoup plus clair durant les deux dernières décennies, mais aussi à l’époque du président Gamal Abdel-Nasser (1956-1970) qui a promulgué, en 1960, la loi controversée de l’organisation de la presse. Son successeur, Anouar Al-Sadate (1970-1981), qui a créé le modèle de la presse partisane, a mis des dizaines de journalistes derrières les barreaux. Dans les années 2000, avant même la révolution du 25 janvier 2011, le syndicat est devenu l’un des principaux lieux de contestation et de mobilisation qui ont marqué notamment la période du régime de l’ex-président Hosni Moubarak (1981-2011) et ses successeurs. La plus célèbre confrontation entre le syndicat et le régime de Moubarak concerne la loi controversée numé­ro 93 de l’année 1995, surnommée « la loi du massacre de la presse » qui fixait des limites à la liberté d’expression et autorisait la déten­tion préventive. Intégrer le syndicat des Journalistes est le rêve de tout jeune journa­liste, parce que la majorité des institutions, surtout publiques, n’accordent pas le même traitement aux journalistes syndiqués et non syndiqués. « C’est vrai que l’adhésion au syndicat est régie par la loi. Pourtant, le syn­dicat présente le même soutien aux journa­listes non affiliés », affirme Gamal Fahmi, ancien membre du Conseil du syndicat.

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