Al-Ahram Hebdo : Que dites-vous du projet de loi sur le travail actuellement en discussion ?
Mohamad Khamis : Certains amendements ont été proposés et déposés auprès du premier ministre. L’objectif essentiel de la loi est de réaliser un équilibre entre le patron et l’employé, et que les deux parties bénéficient des avantages qui leur sont dus, sans porter atteinte ni aux uns ni aux autres. Il faut une seule entité syndicale ouvrière qui réunit tous les travailleurs. D’autant plus que les expériences ont prouvé ces dernières années que l’existence d’une multitude de syndicats ou encore de syndicats indépendants ouvre la porte à des conflits sur les acquis et les intérêts personnels que les ouvriers se disputent sous l’ombrelle de leurs entités ouvrières respectives.
— Mais les accords sur le travail, conclus entre les ouvriers et le patron, n’ont souvent pas été respectés. Alors comment les faire respecter en l’absence de syndicat ?
— Tout simplement sans recourir à ce genre d’accords. Si le patron désire atteindre le niveau de production requis et encourager la créativité de l’ouvrier, il faut qu’il lui assure un climat de sécurité en accordant un revenu couvrant tous ses besoins essentiels et ceux de sa famille, y compris l’assurance médicale. Par exemple, en calculant l’inflation tous les six mois, et en l’ajustant aux salaires pour couvrir la hausse des prix.
— Mais les ouvriers estiment que le projet de loi ne sanctionne pas le patron en cas de violation des textes, surtout en matière de licenciement ...
— Les voix appelant à ce genre de sanctions ne sont pas favorables au climat de l’investissement. En effet, dans certains cas, un investisseur peut estimer qu’une personne donnée n’est plus convenable au travail qui lui a été assigné et peut mettre fin au contrat sans que ceci porte préjudice à aucune des deux parties. Mais si, en l’occurrence, un investisseur se retrouve emprisonné pendant 4 jours, par exemple, pour avoir mis fin à un contrat, cela générera un climat négatif pour les investissements. Dans les affaires aux Etats-Unis, on a tendance à reprendre la maxime « Easy hire easy fire » pour faciliter les procédures. Jamais les investisseurs ne licencieront un ouvrier, vu leur nombre limité en ce moment. Personnellement, j’ai passé une annonce pour embaucher 300 ouvriers sans exiger de conditions préalables d’expérience, et bien que les avantages financiers soient satisfaisants, les candidats qui se sont présentés n’ont pas atteint le nombre requis, en dépit du taux de chômage dépassant 12 %. Au cours des deux derniers mois, 12 usines ont fermé leurs portes dans la cité du 10 de Ramadan et le nombre limité de la main-d’oeuvre en a été la raison essentielle.
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