
Manifestation contre le licenciement des journalistes devant le siège du syndicat.
(Photos : Al-Ahram)
La réaction du syndicat des Journalistes envers la décision de fermer le journal
Al-Tahrir n’a pas été tranchante. Le bâtonnier du syndicat et quelques membres du conseil d’administration se sont contentés de visiter les locaux du journal pour rencontrer la direction et les journalistes avant de publier un communiqué incitant la direction à «
ne pas fermer le journal ». Dimanche dernier, une réunion au syndicat s’est tenue pour discuter de la crise du journal. Mais, aucune réaction décisive n’a été prise jusqu’à présent. «
Le licenciement des journalistes a commencé par des cas individuels, puis est devenu un phénomène collectif dans certains journaux privés. Cela est très dangereux. L’une des tâches du syndicat consiste à protéger les journalistes. Nous avons des garanties dans la loi du syndicat et la loi de la presse, qui nous permettent d’intervenir pour régler ces questions », a indiqué Yéhia Qallach. Simples paroles ?
Le syndicat s’est contenté jusqu’à présent de quelques communiqués et visites. « Le syndicat a toujours été passif face à la fermeture des journaux. La loi sur la presse donne pourtant au syndicat le droit de déférer devant une commission d’enquête les rédacteurs en chef qui sont coupables de licenciements abusifs et de les poursuivre devant la justice, mais cela n’a jamais été fait », explique Béchir Al-Adl, du comité de défense de l’indépendance de la presse. Il impute au syndicat des Journalistes la responsabilité de l’augmentation des licenciements arbitraires.
La crise du journal Al-Tahrir n’est pas le seul exemple. Le même problème s’était posé avec le quotidien Al-Shorouk qui voulait licencier 18 journalistes. L’affaire s’est soldée par un arrangement avec la direction, suite à une médiation du syndicat, mais seulement après que les membres de la rédaction eurent menacé de démissions collectives et de grève générale. Quatre des dix-huit journalistes étaient membres du syndicat et deux avaient des contrats en bonne et due forme. La direction avait fini par renoncer au licenciement des journalistes.
En général, les jeunes journalistes pensent que le syndicat n’a pas de véritable rôle. Des exemplaires des journaux Al-Sabah, et Sout Al-Oumma ont été récemment saisis, mais la réaction du syndicat n’a rien fait. Sout Al-Oumma avait été saisi pour un article publié sur la santé de la mère du président Abdel-Fattah Al-Sissi et Al-Sabah a été saisi pour une colonne ayant intitulé : « Comment être un enfant du président ». Peu avant, les forces de l’ordre avaient arrêté trois journalistes du journal Al-Masryoun, au centre du Caire, alors qu’ils préparaient un article sur le Canal de Suez. Khaled Al-Balchi, du conseil d’administration du syndicat des Journalistes et rédacteur en chef du journal électronique Al-Badil, affirme que le syndicat a pris contact avec le ministère de l’Intérieur et « les trois journalistes ont été libérés ». Cependant, le syndicat n’a rien fait contre la saisie des articles hormis les condamnations verbales. « Le syndicat prend contact avec les instances de l’Etat, afin que le droit à la liberté d’expression soit respecté. Mais je crois qu’en même temps, les journalistes doivent faire pression, en vue de promulguer des lois garantissant leurs droits et leur fournissant un climat sûr », ajoute Al-Balchi.
Les journalistes affrontent un autre défi. Il s’agit de l’emprisonnement dans les délits d’opinion. Le syndicat des Journalistes a formé un comité qui comprend des juristes, des membres du conseil du syndicat et des journalistes pour examiner les cas d’emprisonnement et les répertorier. « Ce comité sera chargé de contacter le procureur général, le ministère de l’Intérieur et le Conseil national des droits de l’homme, pour essayer de régler ces affaires », affirme Yéhia Qallach. Selon lui, le syndicat sera toujours « un refuge pour les journalistes quelles que soient leurs divergences et tendances politiques ». Des propos qui restent à concrétiser dans les faits.
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