Al-Ahram Hebdo : La 33e session parlementaire du Conseil consultatif a commencé le 26 décembre, après la ratification de la nouvelle Constitution qui donne à cet organe les pouvoirs législatifs jusqu’à l’élection de l’Assemblée du peuple. Comment évaluez-vous le travail de la dernière session ?
Gamal Hechmat : Cette session est une session extraordinaire qui représente une phase très importante dans l’histoire de la vie parlementaire. C’est la première fois que le Conseil consultatif exerce un rôle législatif et de contrôle. Il s’agit d’une tâche très lourde que les membres assument. Et pas question d’échouer. On va déployer tous les efforts nécessaires pour prouver que nous sommes conscients de cette responsabilité. D’ailleurs, le président a veillé dans la nomination des 90 nouveaux membres à inclure des figures qui ont des expériences dans le domaine législatif ou qui étaient d’anciens députés à l’Assemblée du peuple aujourd’hui dissoute.
— Certains politiciens estiment que ces nominations n’ont pas réalisé l’équilibre espéré entre le courant islamiste et l’opposition ...
— Ce sont des paroles de personnes qui ne trouvent rien d’autre à dire. Le courant islamiste représente la majorité, avec les 147 sièges qu’il occupait sur les 180 membres élus auparavant. La liste de la nouvelle nomination renferme 90 noms dont les 2/3 sont des figures de différentes forces politiques, de l’opposition, des jeunes de la révolution, des politiciens, des coptes et des indépendants. Mais certains de ces candidats ont refusé cette nomination. Chacun avait sa propre justification, et les libéraux appellent cela un « déséquilibre ». Mais quelles que soient leurs raisons, il ne fallait pas refuser, au moins pour ne pas se plaindre après, de ne pas être représentés.
Quant à la nomination d’une trentaine d’islamistes, cette décision est faite, comme je viens de le dire, pour assurer une bonne performance législative du Conseil, notamment après le refus de certaines figures d'être nommées au nouveau conseil.
— Un bon nombre de projets de loi seront débattus dans les prochains mois par le Conseil. Pourquoi cet empressement alors que l’Assemblée devrait être élue dans trois mois ?
— C’est vrai. L’agenda est très chargé. Nous avons au moins une quinzaine de projets de loi qui devraient être adoptés dans les mois à venir. Il n’y a pas de temps à perdre. Nous faisons face à une période délicate qui nécessite la restructuration du système politique, économique et social. Dans ce cadre, nous allons discuter des projets de loi urgents qui ne peuvent être reportés jusqu’à l’élection de l’Assemblée du peuple. Par exemple, la loi électorale, celle sur la finance islamique, sur l’organisation des manifestions pacifiques et des sit-in, d’échanges des informations, des bidonvilles ... La liste est longue. Mais nous devons remplir notre agenda, car d’autres projets de loi très importants attendent la formation de l’Assemblée du peuple.
— Vous parlez de toute une liste de lois touchant les libertés et l’économie. L’opposition craint qu’elles ne satisfassent que les partis islamistes ...
— Il n’y a pas de place pour ces craintes de l’opposition ! Nous, les islamistes, cherchons les intérêts du pays et des citoyens. Si les lois promulguées ne répondent pas aux revendications de la révolution, nous perdrons notre popularité dans la rue juste avant les prochaines élections législatives. C’est un pari que nous devons remporter. De toute façon, si ces lois sont promulguées avec l’approbation de la majorité, c’est-à-dire du courant islamiste, et qu’elles ne conviennent pas aux partis de l’opposition, ces derniers utiliseront tous les outils judiciaires pour présenter des recours devant la Haute Cour constitutionnelle. Au cas où le verdict de la cour serait favorable à la loi votée, elles pourront toujours être modifiées par la nouvelle Assemblée du peuple.
— la Haute Cour constitutionnelle a décidé de statuer sur la validité du Conseil consultatif à la mi-janvier ...
— Le Conseil consultatif était protégé contre toute dissolution même s’il s’agit d’un verdict judiciaire, selon la déclaration constitutionnelle du 22 novembre dernier. Aujourd’hui, cette déclaration a été annulée par l’adoption de la nouvelle Constitution. Jusqu’au verdict de la Haute Cour, aucun commentaire ne peut être fait. On va attendre et on verra .
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