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Une victoire qui prolonge le conflit

Hana Afifi, Mardi, 11 août 2015

L’opération Flèche d’or menée par la résistance populaire, avec l’appui de la coalition arabe sous la houlette de l’Arabie saoudite, a permis de reprendre le contrôle de la ville d’Aden et de changer les rapports de force sur le terrain.

Les loyalistes du président Hadi marquent une percée militaire dans le Sud
Les loyalistes du président Hadi marquent une percée militaire dans le Sud (Photo: Reuters)

Alors que le président yéménite, Abd-Rabbo Mansour Hadi, fuyait la ville d’Aden au sud du Yémen fin mars dernier, le vice-président, Khaled Bahah, s’y rendait le 1er août. Aden a été en effet récupérée aux Houthis grâce à l’opé­ration « Flèche d’or » menée par la résistance populaire yéménite qui soutient le régime Hadi, avec l’appui de la coalition arabe sous la hou­lette de Riyad. Selon les analystes, il s’agit d’une victoire militaire importante. Un observa­teur qui a préféré garder l’anonymat la décrit comme une « victoire majeure » pour la coali­tion, alors que le politologue Yousri Al-Azabawi la perçoit comme un « événement important », mais une « victoire limitée » dans le sens où elle ne règle pas le conflit armé. « Flèche d’or » est la première opération d’envergure menée par les forces de la coalition.

Le 14 juillet, les forces pro-Hadi avaient repris l’aéroport d’Aden en utilisant des blindés, des navires de guerre et des avions de la coali­tion. Ces forces tentent maintenant de reprendre le contrôle d’autres villes voisines. Le 5 août, la résistance populaire a annoncé qu’elle commen­çait la bataille de la libération de la ville de Taaz dans le sud et a averti les milices yéménites pour capituler. Selon l’observateur anonyme, « c’est un échec majeur pour les Houthis, et une victoire majeure pour l’alliance ». Le gouver­nement yéménite a annoncé son retour à Aden pour diriger. Ainsi, Bahah a dit que sa visite à Aden visait à « rétablir le gouvernement » pour assumer ses responsabilités et pour « diriger les opérations de reconstruction et de réhabilita­tion ». Plusieurs ministres étaient retournés à Aden en juillet dernier pour la première fois depuis leur exil en mars. Le chef des Houthis Abdel-Malek Al-Houthi a, pour sa part, qualifié « Flèche d’or » de « victoire limitée de la coali­tion ». Al-Azabawi pense que cette victoire va seulement « prolonger le conflit ».

Il semble en effet que cette victoire conduira à un conflit plus long. Les forces de la coalition seraient ainsi favorables à l’envoi de troupes non-yéménites au sol pour la première fois. Jusqu’à présent, ce sont des milices yéménites soutenant Hadi en plus de la résistance popu­laire qui menaient les combats au sol. Selon Al-Azabawi, des informations circulent selon lesquelles des troupes émiraties et saoudiennes sont déjà présentes sur le terrain, soit environ 1 300 soldats. La source anonyme affirme : « Avec cette victoire les lignes de ravitaillement sont ouvertes pour une longue guerre au Yémen ». Aussi, selon Bahah, cette victoire sera-t-elle suivie de la libération d’autres régions du Yémen, surtout la capitale Sanaa, un autre signe du prolongement du conflit. Il a également précisé que l’armée yéménite et la résistance populaire seront « renforcées » pour faire face aux Houthis. Il est probable cependant que ces derniers réorganisent leurs rangs et pré­parent une contre-offensive. Al-Houthi a affir­mé que ses forces « rattraperont ce qui est arrivé à Aden ». Mais la victoire militaire d’Aden pourrait aussi mener à une solution politique. Des négociations politiques pour­raient en effet avoir lieu, car Ali Abdallah Saleh va subir des pressions pour faire des conces­sions (lire page 4).

En avril dernier, les Houthis avaient refusé de s’asseoir à la table de négociations avant que l’opération militaire de la coalition ne s’arrête. Abdel-Malek Al-Houthi n’a d’ailleurs pas exclu l’hypothèse d’un règlement politique. « Les solutions politiques sont possibles », a-t-il déclaré. Mais la source égyptienne qui a requis l’anonymat est méfiante, les Houthis ne pouvant accepter une solution politique, car les forces de la coalition exigeraient alors l’application com­plète de la résolution de l’Onu et un retour du gouvernement yéménite en exil. En effet, la résolution stipule l’arrêt du conflit armé, et exige que les Houthis quittent les villes qu’ils ont prises et cèdent le pouvoir au gouvernement yéménite. « Sauf surprise, le conflit va proba­blement se prolonger », conclut-il .

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