Les Etats-Unis ont livré 8 avions F-16 à l'Egypte le 31 juillet dernier.
C’est la première livraison de ce type depuis que les Etats-Unis ont décidé, au printemps dernier, de lever le gel partiel de leur aide militaire à l’Egypte. Est-ce pour autant un retour à la normale dans les relations entre l’Egypte et les Etats-Unis ?
L’aide américaine, qui se traduit par un financement de matériel militaire, a été mise à mal suite au démantèlement du sit-in des partisans de Mohamad Morsi en août 2013. Les Etats-Unis avaient aussi annulé les manoeuvres militaires conjointes avec l’Egypte prévues en septembre de la même année.
Au printemps dernier, les Etats-Unis ont annoncé la fin du gel partiel de leur aide militaire. « Ce qui a forcé les Etats-Unis à rétablir l’aide et à reprendre ses livraisons d’armes, c’est sa guerre contre le terrorisme, en Syrie, en Iraq et même ce qui se passe au Yémen. Les Etats-Unis ont besoin de l’Egypte pour la stabilité de la région. Le Caire a de bonnes relations avec Israël et joue un rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien », explique Moustapha Kamel Al-Sayed, professeur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire.
Les nouveaux appareils font partie d’une commande portant sur 20 F-16 supplémentaires, lesquels viendront s’ajouter aux 220 actuellement détenus par les forces aériennes égyptiennes. « Les extrémistes menacent la sécurité régionale, et cet armement offre un nouvel outil pour aider l’Egypte à lutter contre le terrorisme », précise le texte de l’ambassade américaine au Caire. En effet, les Etats-Unis versent chaque année à l’Egypte des aides à hauteur de 1,5 milliard de dollars, dont 1,3 milliard dédié au domaine militaire.
Ce soutien a apporté à l’Egypte plus de 71 milliards de dollars (environ 568 milliards de L.E.) entre 1979 et 2011. Selon le rapport Egypt Background and US Relations publié le 19 juillet 2013, ce soutien est important pour des raisons stratégiques : maintenir l’accès maritime américain au Canal de Suez, maintenir le traité de paix israélo-égyptien de 1979 et promouvoir la démocratie et la croissance économique dans le pays arabe le plus peuplé.
Cette aide représente également un intérêt économique dans la mesure où elle se traduit essentiellement par des contrats d’armements avec des entreprises américaines. Selon l’Organisme général de l’information, cette aide militaire couvre 80 % des dépenses d’équipements de l’armée égyptienne ainsi que la formation des militaires égyptiens sur les équipements américains. Ces contrats visent l’acquisition d’équipements, leur mise à niveau et la maintenance.
En contrepartie de cette assistance militaire, les Etats-Unis bénéficient de précieuses facilités de survol du territoire égyptien et surtout d’un passage rapide des bâtiments de guerre dans le Canal de Suez. « Une moyenne de 10 navires militaires américains traversent tous les mois le Canal, qui leur permet de gagner un temps précieux, en cas de besoin, vers la région du Golfe et l’Afghanistan. L’aide militaire assure aux Etats-Unis une influence politique majeure en Egypte », indique le site web de l’Organisme général de l’information.
Le début de la coopération militaire égypto-américaine date de 1976. Elle a évolué au point où l’Egypte est devenue le deuxième bénéficiaire des aides militaires américaines, derrière Israël. La coopération militaire égypto-américaine était surtout claire pendant la guerre du Golfe en 1991, et avait mené à l’annulation des dettes militaires de l’Egypte sous l’Administration de George W. Bush.
En 1994, les manoeuvres militaires conjointes, connues sous le nom de Bright Star, étaient destinées à former les forces militaires égyptiennes sur des opérations offensives et défensives. Quant aux troupes américaines, elles s’entraînent aux opérations militaires menées dans le désert.
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