L’Iran, qui possède les quatrièmes réserves mondiales de pétrole, s’attend à un afflux d’investissements après la levée des sanctions internationales.
(Photos : AP)
Des géants européens du pétrole ont tenu des réunions avec des officiels du régime iranien avant même la signature de l’accord final entre l’Iran et les P5+1 le 14 juillet, qui stipule la levée des sanctions économiques contre l’Iran. «
La levée des sanctions permettra de réaliser tout le potentiel de l’Iran », déclare Adel Beshai, professeur d’économie à l’Université américaine du Caire. Dans un pays détenant les quatrièmes réserves mondiales de pétrole et les deuxièmes plus grandes réserves de gaz naturel (10 % et 18 % respectivement), le potentiel en investissement et en commerce est vaste. Quel sera donc cet impact sur l’économie iranienne et le marché international ?
La levée des sanctions financières et économiques dans les secteurs bancaire, pétrolier, gazier, pétrochimique, de l’assurance et des transports ouvrira le marché iranien aux investisseurs. « Il est logique que l’attention internationale et iranienne se tourne vers le développement de ses réserves », indique Mustafa Al-Labbad, spécialiste des affaires iraniennes. Ainsi le géant pétrolier anglo-néerlandais, Shell, et l’italien, Eni, en plus du constructeur automobile français, Peugeot, ont eu des réunions avec l’Iran en juin pour explorer les possibilités d’investissements. Il y a le pétrole, mais l’Iran possède aussi une forte base d’infrastructures et de talents humains, selon Beshai. Avec sa population de près de 80 millions d’habitants, l’Iran offre aussi un potentiel d’investissement pour de jeunes éduqués, forts consommateurs de technologies. « Les Iraniens sont pragmatiques, une coopération apportera des bénéfices mutuels », poursuit Beshai. Des bénéfices qui ne seront toutefois pas immédiats.
Impact sur les marchés
Avec cet accord, l’économie iranienne enregistra certes une croissance qui aura un impact sur les marchés internationaux, mais il faudra attendre quelques mois. « L’économie iranienne va probablement croître par un taux de 3-5 % dans les 6-18 mois après la levée des sanctions », estime Nigel Kushner du cabinet W Legal, spécialisé dans les sanctions sur l’Iran, il offre du conseil aux investisseurs, et il est directeur à la Chambre de commerce iranienne-britannique. Il estime que les sanctions ne seront levées que dans au moins neuf mois. L’Onu doit d’abord passer une résolution qui remplacera les antérieures contre l’Iran. Puis, après environ 90 jours, l’Union européenne et les Etats-Unis annuleront presque toutes les sanctions, ce qui ne sera réalisé qu’une fois l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) confirme que l’Iran a respecté les mesures stipulées dans l’accord, comme l’inspection de ses sites nucléaires. Et des investissements et un développement des technologies sont un préalable à l’augmentation de la production de pétrole iranien. « Cela nécessitera l’ouverture du marché iranien de l’énergie aux grandes sociétés, la découverte et l’exploration pétrolière, la production et le transport », indique Al-Labbad. « Cela ne se passera pas du jour au lendemain », dit Kushner. Toutefois, l’Iran peut libérer sur le marché 20-40 millions de barils de pétrole brut stockés : l’Iran a produit 2,8 millions de barils de pétrole brut par jour en 2014 et possède un total de 500 millions de barils de pétrole stockés en pleine mer, selon des sources américaines. « Il pourrait alors y avoir une diminution temporaire des prix », estime Kushner.
Pour que les sociétés s’engagent dans des investissements en Iran, des importants capitaux sont aussi nécessaires. Kushner explique que les banques occidentales peuvent continuer à refuser à leurs clients des transactions avec l’Iran, même légitimes car elles craignent des opérations de blanchiment d’argent. Sans compter le risque que les sanctions puissent être réimposées dans un délai de 65 jours, si l’Iran ne respecte pas l’accord. Le spécialiste des affaires iraniennes, Mohamad Mohsen Aboul-Nour, estime que « cela est exclu au vu des célébrawtions iraniennes officielles et populaires de l’accord ». Avant de tempérer : « Mais en politique iranienne, tout est possible ».
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