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Vers une autodéfense arabe

Ahmed Eleiba, Mardi, 12 mai 2015

Pour la première fois, des pays arabes interviennent pour assurer eux-mêmes leur sécurité. Un changement de stratégie ?

Vers une autodéfense arabe
En intervenant militairement contre les Houthis au Yémen, les Saoudiens ont pris en main leur sécurité. (Photo : AP)

Les relations du Golfe avec les Etats-Unis ont connu un changement stratégique sur le front de la sécurité depuis leurs relations historiques fondées dans les années 1930, quand les fonda­teurs des monarchies du Golfe ont conclu des accords de défense avec les Etats-Unis. Nombre de bases militaires américaines s’y sont instal­lées pour protéger ces régimes, sécuriser le commerce et assurer le flux du pétrole vers l’ouest. Ceci a donné lieu à un système qui s’est ancré dans la politique sécuritaire occidentale vis-à-vis des pays du Golfe.

Mais cet arsenal américain qui s’est renforcé au fil des années n’a pas empêché l’inquiétude face à l’éventualité d’une reprise des relations entre les Etats-Unis et l’Iran. Cette inquiétude s’est manifestée par « une volonté des pays du Golfe de prendre en main leur défense et leur sécuri­té », estime Abdullah Abdul Khaliq, professeur de science politiques. Pour lui, les appels de l’Egypte à la création d’une force arabe com­mune s’inscrivent dans ce cadre. « L’opération militaire au Yémen Tempête décisive est un autre indice révélateur. Elle est soutenue et non pas dirigée par les Etats-Unis, contrairement à la guerre du Golfe par exemple. Les raids conjoints menés par l’Egypte et les Emirats en Libye mar­quent aussi un changement dans le même sens », explique le politologue. Une source diplomatique proche du Royaume saoudien confirme cette approche. La source affirme que l’opération Tempête décisive au Yémen est révélatrice de la tendance actuelle dans la transformation de la sécurité dans la région. « Aujourd’hui, il n’est plus question de compter sur les Etats-Unis. L’utilisation de la force militaire dans le Golfe est devenue l’un des outils de la politique étrangère. C’est le cas au Yémen ».

Dans le Golfe, il y a un discours croissant lié à la course aux armements nucléaires en tant qu’ambition pour certaines monarchies du Golfe. Et il y a eu des fuites de plusieurs rapports traitant de cette question depuis l’accord de Lausanne conclu avec l’Iran.

Il est question en particulier des Emirats arabes unis et de l’Arabie saoudite. Un ex-fonctionnaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique affirme à Al-Ahram Hebdo que ces aspirations se sont vite manifestées par la porte d’accès à l’éner­gie pacifique par le biais de la France et d’autres pays occidentaux. Plusieurs observateurs esti­ment que le Moyen-Orient est désormais « une région sous restructuration ». Un document de la sécurité américaine, approuvé par le président Barack Obama le 6 février et portant sur les calculs américains, affirme que « la stabilité à long terme en Afrique du Nord et au Moyen-Orient nécessite plus que l’utilisation et la pré­sence des forces militaires américaines, et exige la présence de partenaires qui sont en mesure de se défendre eux-mêmes ».

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