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Pour une sortie du conflit

Amira Samir, Lundi, 11 mai 2015

La guerre au Yémen sera au menu du sommet de Camp David avec des pays du Golfe, qui cherchent un appui franc des Etat-Unis sur cette question.

Pour une sortie du conflit
Les frappes aériennes de la coalition arabe ont réduit en ruine plusieurs quartiers de la capitale Sanaa. (Photo : Reuters)

Le dossier du Yémen pourrait être l'un des points de divergence entre les pays du Golfe et les Etats-Unis, au sommet de Camp David. Frustrés par ce qui est perçu comme une défaillance des Américains dans leur soutien à la guerre au Yémen, les pays du Golfe cherchent une assurance de Washington, leur traditionnel allié, sur leur sécurité et stabilité, surtout après la signature avec l’Iran de l’accord-cadre sur le nucléaire. « Les pays du Golfe ont une crainte réelle qu’une fois les sanctions levées, l’Iran ne soit capable de financer tous leurs rivaux au Yémen et ailleurs. Ainsi, ils veulent empêcher les Houthis de prendre le contrôle de l’ensemble du Yémen de crainte aussi qu’ils ne se retournent ensuite vers l’Arabie saoudite qui dirige, depuis le 26 mars dernier, les frappes contre les Houthis », explique Ayman Chabana, spécialiste des affaires arabes au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.Les médias du Golfe parlent, déjà, d’une trahison américaine des sunnites. « Il y a une colère contre l’administration Obama parce que le conflit a été réduit à la question nucléaire, alors que Téhéran continue à enregistrer de nouvelles avancées géographiques au Yémen », écrit Abdel-Rahman Rached dans le quotidien saoudien Al-Charq Al-Awsat.Pour sa part, Washington, selon le politologue américain David Hunter, voit ce qui se passe au Yémen comme un « conflit régional » et qu'il ne veut pas, selon lui, s’ingérer dans un conflit sunnite-chiite.

Les Etats-Unis tourneront-ils vraiment le dos à leurs alliés arabes du Golfe dans leur guerre au Yémen ? « Les intérêts du Yémen impliquent les Etats-Unis qui assurent un soutien logistique et en renseignement à l’Arabie saoudite. Mais les Américains ne veulent pas prolonger la durée de la guerre pour préserver leurs intérêts dans la région du Moyen-Orient déjà menacés par l’instabilité dans certains pays arabes et surtout par la guerre en Syrie », explique Ayman Chabana. A son avis, les Etats-Unis chercheront, lors du sommet de Camp David, à convaincre l’Arabie saoudite à accepter un règlement politique et à négocier dans les plus brefs délais la cessation rapide des opérations militaires. « L’Arabie saoudite ne veut pas prolonger la guerre, mais veut plutôt affaiblir la force des Houthis et les pousser à venir à la table de négociation », affirme Chabana.

A la recherche de la formule magique, les efforts diplomatiques et les initiatives se poursuivent pour relancer le dialogue et arriver à un règlement politique. Mais avec la poursuite des opérations de « Tempête décisive », ce règlement politique semble d’ores et déjà difficile. Toutes les initiatives proposées ont été refusées par l’une ou l’autre des parties du conflit.

Initiative d’Oman

La plus récente de ces initiatives est celle du sultanat d’Oman qui appelle à un arrêt immédiat des combats, à la démission du président yéménite actuel Abd-Rabbo Mansour (réfugié en Arabie saoudite), de son gouvernement, du parlement, et à la reprise des pourparlers de paix avec la participation des Houthis pour former un nouveau gouvernement d’union nationale regroupant toutes les parties en conflit. Et c’est ce gouvernement qui dirigera le pays jusqu’à la tenue d’élections présidentielle et législatives à une date qui sera fixée au cours des négociations souhaitées. « Les parties en conflit sont, actuellement, en train d’étudier l’initiative du sultanat d’Oman, malgré l’opposition des pays du Golfe et du gouvernement de Abd-Rabbo à la participation des Houthis dans des postes-clés du futur gouvernement », souligne Eman Ragab, chercheuse au CEPS d’Al-Ahram.En l’absence de toute probabilité — du moins prochainement — d’un règlement politique, l’Arabie saoudite a annoncé le début d’une nouvelle phase politique et humanitaire. Elle a proposé, le 7 mai, un cessez-le-feu de cinq jours pour instaurer des trêves humanitaires au terme desquelles les raids se poursuivront. « Cependant, les combats continuent au sol entre les Houthis et les partisans du président Abd-Rabbo. Sur le terrain, on est toujours en situation de guerre », précise Ayman Chabana. Le dernier décompte macabre fait état d’environ 1 000 morts et de plusieurs milliers de blessés, en six semaines de combats. Et, selon le Haut-Commissariat de l’Onu pour les réfugiés, les combats ont poussé environ 150 000 Yéménites à quitter leurs foyers.

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