Après une troisième journée électorale qui a témoigné d’une forte participation, le dépouillement des bulletins de vote a commencé dès la clôture du scrutin de l’élection présidentielle égyptienne dans la plupart des bureaux de vote dans les différents gouvernorats vers 21h. Quelques bureaux de vote ont continué à accueillir les électeurs qui s'étaient présentés devant leurs portes avant l'heure officielle de la clôure.
L'Autorité Nationale des Elections (ANE) a annoncé mardi que l'élection tenue du 1er au 3 décembre pour les expatriés et du 10 au 12 décembre en Egypte, a témoigné d'une participation massive des citoyens.
La compétition électorale à l'intérieur du pays s'est déroulée dans 11 631 bureaux de vote, situés dans des écoles, des centres de jeunesse et des établissements de santé, prêts à accueillir les 67 millions d'électeurs éligibles dans tout le pays.
Quant aux élections des Egyptiens vivant à l’étranger, 9,137 millions expatriés qui ont le droit de vote devaient voter dans 137 bureaux de vote dans les ambassades et consulats d’Egypte dans 121 pays.
Selon le directeur de l'organe exécutif de l'Autorité, Ahmed Bendari, tout au long des jours du scrutin, la salle des opérations de l’ANE a suivi par vidéoconférence le déroulement des élections dans les différents bureaux de vote à travers tout le pays.
L'ANE a confirmé la surveillance du processus électoral par 24 ONG nationales et internationales, 220 observateurs internationaux, 22 540 observateurs locaux, ainsi que 62 organisations locales. En outre, 20 000 juges opèrent pour la supervision et le suivi du processus électoral.
Bendari a également signalé que tous les bureaux de vote avaient ouvert à l'heure prévue, à l'exception de celui de Warraq, qui a ouvert avec un retard jusqu'à 10h20 en raison d'un accident de circulation.
Il avait annoncé que 45 % des électeurs inscrits, soit plus de 30 millions sur un total de 67 millions, avaient déjà voté jusqu'à la mi-journée du deuxième jour.
Il est à noter que quatre candidats se disputent la présidence : Abdel-Fattah Al-Sissi, le président sortant, Farid Zahran, président du Parti social-démocrate, Abdel-Sanad Yamama, dirigeant du parti libéral historique égyptien Néo-Wafd, et Hazem Omar, à la tête du Parti républicain du peuple, de tendance populiste.
Selon Bendari, le processus s'est déroulé de manière fluide, tous les bureaux ont fonctionné normalement. Avis partagé par Waël Al-Dib, président du bureau de vote no4 à Cheikh Zayed, à l’ouest du Caire, qui a déclaré à Ahraminfo que les opérations de vote se sont déroulées normalement. Dans chaque bureau de vote, il y a des facilités pour permettre aux personnes en situation d’handicap de voter. « Une urne a été installée au rez-de-chaussée et des chaises roulantes sont disponibles. Nous avons reçu un électeur non-voyant accompagné de son frère, je l’ai accompagné pour m’assurer que c’est bien son choix qui a été inscrit sur le bulletin de vote ».
'Affluence plus importante qu’en 2018'
Quant au président d’un bureau de vote à Doqqi à l’Ouest du Caire, qui a requis l’anonymat, il a affirmé à Ahraminfo que la participation au scrutin est très forte. « Il y a des électeurs de tous les âges. L’affluence est plus importante qu’en 2018 », dit-il.
Pour sa part, Azza Ahmed Shaheen, une femme au foyer de 40 ans, explique que la participation aux élections est plus importante que jamais. « Beaucoup de personnes sont convaincues que ces élections sont très importantes à cause de la conjoncture régionale difficile et de la guerre à Gaza. Je pense qu’elles ont raison », affirme-t-elle.
Hanem Raafat, 63 ans et à la retraite, a, elle aussi, partagé ses inquiétudes avec Ahraminfo : « Les menaces actuelles pesant sur mon pays, en particulier la situation critique à Gaza et les discussions sur le déplacement de Palestiniens vers le Sinaï, me préoccupent profondément ». A la sortie du bureau de vote de l'école Al-Tabari à Héliopolis, dans l'est du Caire, elle a confié à Ahraminfo avoir choisi un candidat qui, selon elle, est le mieux à même de gérer ces défis. « Ma priorité est de garantir notre sécurité et j'ai voté pour celui qui me semble le plus capable de nous assurer cette protection », a-t-elle conclu.
Par ailleurs, Neama, 70 ans, qui vote pour la première fois de sa vie dans une école à Sayeda Zeinab, souligne que « les campagnes de sensibilisation télévisées l’ont beaucoup encouragée à venir ».
Dans ses propos à Ahraminfo, Islam Abu Al-Enein, chef des programmes à l'Organisation Arabe des Droits de l'Homme (OADH), a souligné que l'organisation impeccable et la fluidité du processus électoral ont joué un rôle crucial dans la mobilisation de tous les segments de la société - des familles aux personnes âgées, en passant par les personnes en situation de handicap - à voter en masse.
De son côté, le chef de l’Organisme général égyptien de l'information, Diaa Rashwan, a annoncé, dimanche 10 décembre dans un communiqué, que le processus électoral « se déroulait dans de bonnes conditions » et qu’« il n’y avait eu aucune plainte ».
« La presse et les médias égyptiens et étrangers ont indiqué que le processus électoral se déroulait de manière organisée dans toutes les régions d’Egypte et que des foules d’électeurs ont été observées devant les bureaux de vote dès les premières heures du scrutin », a indiqué Rashwan.
Il a ajouté que la cellule de crise de l’Organisme général de l'information n'a reçu que 4 remarques de correspondants étrangers au sujet d’électeurs qui filmaient le déroulement des élections à l'intérieur des bureaux de vote. « Nous avons fait le nécessaire », a-t-il dit.
Selon Rashwan, aucun commentaire négatif n’a été fait au sujet des procédures des élections ou de leur intégrité de la part des médias internationaux. « Personne n’a parlé de restrictions ou d’atteinte à la liberté des candidats et des délégués », a conclu Rashwan.
De surcroît, l'Organisation Egyptienne des Droits de l'Homme (OEDH) a signalé un taux de participation remarquablement élevé par rapport aux scrutins précédents. Lors de la présidentielle de 2018, environ 24 millions de personnes, représentant 41 % des électeurs éligibles, s'étaient rendues aux urnes.
Cependant, l'OEDH a rapporté plusieurs irrégularités électorales dès le premier jour. Ils ont documenté 12 violations dans et autour des bureaux de vote au Caire, à Guizeh, à Louqsor et à Assouan, incluant la surpopulation, des retards d'ouverture, la violation du silence électoral et la distribution de biens et de coupons par les campagnes des candidats pour influencer les votes.
Le Syndicat des journalistes a également reçu 10 plaintes lundi 11 décembre, principalement en raison de restrictions imposées aux prises de photos à l'intérieur et autour des bureaux de vote.
D'autres incidents rapportés comprenaient des agressions contre des journalistes, des retards d'ouverture, des violations de la campagne, ainsi que des restrictions imposées aux journalistes dans les commissions électorales à travers l'Egypte.
Les résultats du premier tour seront annoncés le 18 décembre. Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue (50 % + 1 des voix), un second tour aura lieu deux semaines après l'annonce des résultats du premier tour.
Dans ce cas, la campagne pour le second tour débutera le 19 décembre pour une durée de 21 jours. Les élections du second tour se tiendront les 5, 6 et 7 janvier 2024 à l'étranger, puis les 8, 9 et 10 janvier en Egypte. Les résultats du second tour seront annoncés le 16 janvier.
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