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Mohamed Rochdi, président de l'université: « J’ai décidé de m’engager pour donner à l’UFE un nouvel élan »

Mercredi, 04 décembre 2024

Le président de l'Université Française d'Egypte (UFE), Prof. Mohamed Rochdi, revient sur les différents axes de développement de l’UFE. Entretien.

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Al-Ahram Hebdo : L'UFE est une concrétisation rayonnante d'une longue histoire de relations très spéciales entre l'Egypte et la France. Comment ceci aide à plus de coopération au niveau de l'enseignement ?

Mohamed Rochdi : La création de l’UFE résulte d’une volonté politique conjointe entre les gouvernements égyptien et français. Elle se distingue par sa position unique parmi les institutions d’enseignement supérieur, comme lieu de convergence entre les cultures égyptienne et française. Outre leur formation universitaire, nos étudiants découvrent ainsi les patrimoines culturels des deux pays, apprennent diverses langues et enrichissent leur expérience éducative, devenant des individus multiculturels capables d’interagir avec le monde entier.

L’essence même de l’UFE est la coopération universitaire et scientifique entre les deux pays, par le fait de dispenser des formations provenant d’universités françaises prestigieuses — aboutissant souvent à des doubles diplômes —, par des projets de recherche franco-égyptiens, par la mobilité des chercheurs et la mobilité des étudiants entre les deux pays. L’UFE est ainsi un acteur et un contributeur direct à la coopération académique entre la France et l’Egypte notamment par nos partenariats avec pas moins de 10 établissements d'enseignement supérieur français.

— En tant que nouveau président de l'UFE, quels sont vos plans et ambitions pour l'université ?

— Permettez-moi d’exprimer ma fierté de me retrouver à la tête d’une université Ahlya égyptienne et d’exprimer ma gratitude à Son Excellence le ministre, Professeur Ayman Ashour, pour avoir validé ma nomination sur proposition du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français. J’exprime aussi ma gratitude à Son Excellence Eric Chevallier, Ambassadeur de France, qui ne ménage pas ses efforts de promotion et de soutien à l’UFE, et à Son Excellence Mounir Fakhri Abdelnour, Président du Conseil de surveillance pour la confiance qu’il me témoigne.

Je nourris une grande ambition pour cette université et j’ai décidé de m’engager à sa présidence pour lui donner un nouvel élan et la positionner à la place qu’elle devrait occuper dans le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche en Egypte. Je ferai notamment appel à mon expérience passée de présidence d’une université en France entre 2008 et 2016. Il s’agit de doter l’UFE d’une stratégie claire qui lui permet de se démarquer des autres universités. Plusieurs axes de développement que je compte déployer : 1) étoffer l’offre de formation en proposant davantage de diplômes reconnus par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche français notamment des diplômes à forte valeur ajoutée en termes d’insertion professionnelle locale, au niveau Master, mais aussi au niveau Licence (Bachelor), en partenariat avec des universités ou des instituts français réputés ; 2) élargir le cercle de recrutement de nos futurs étudiants à l’ensemble des établissements d’enseignement secondaire sur tout le territoire égyptien, établissements francophones, anglophones et arabophones, d’autant plus que nous enseignons dans les trois langues ; 3) attirer des étudiants étrangers à la fois des pays du Moyen-Orient mais aussi d’Afrique, en promouvant nos diplômes français qui peuvent être des tremplins pour la poursuite d’études en France, en Master ou en Doctorat, au sein de nos universités partenaires et à des frais négociés ; 4) ouvrir une école doctorale qui nous permettra de lancer un programme de formation doctorale par l’accueil d’étudiants en Doctorat en lien avec nos universités, instituts et écoles partenaires en France ; 5) structurer et renforcer l’activité de recherche au sein de notre laboratoire UFEID, de manière à ce que tous nos enseignants-chercheurs aient ou poursuivent une activité de recherche génératrice de communications et de publications scientifiques, gage de reconnaissance et de visibilité internationale.

Cette stratégie sera déployée grâce à toutes les énergies positives que j’ai eu la chance de découvrir à mon arrivée au sein de cette université, que ce soit parmi les collègues universitaires ou parmi les collègues administratifs et techniques. C’est une grande famille qui est parfaitement consciente de la situation passée de notre université et qui s’engage résolument et pleinement au service de la dynamique collective que j’ai lancée.

— L'UFE prépare actuellement son nouveau campus. Quelles conséquences aura-t-il pour l’UFE ?

— L’UFE bénéficie d’un très fort soutien du gouvernement égyptien à travers le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui prend en charge le financement et la construction de notre futur campus, avec le soutien de l’Agence Française de Développement (AFD). Il s’agit d’un campus constitué de 11 bâtiments dont la superficie totale est d’environ 33 000 m². Conçu par l’un des meilleurs cabinets d’architecture français, le cabinet Jacob/Macfarlane, ce projet incarne les concepts les plus modernes, mettant l’accent sur la durabilité environnementale et l’utilisation d’énergies propres. Quant à sa réalisation, elle est assurée par des entreprises égyptiennes dévouées et soucieuses d’offrir un cadre éducatif à la hauteur des aspirations de nos étudiants, égyptiens et internationaux. C’est le cadre patrimonial nécessaire qui nous permettra de déployer la stratégie évoquée précédemment et qui offrira à nos futurs étudiants des conditions de formation, de vie culturelle, sportive et étudiante, et de logement, dignes des standards internationaux. Il offrira aussi les conditions de recherche et d’innovation nécessaires à une université moderne. Ce campus sera par conséquent un élément de forte attractivité pour des étudiants égyptiens et internationaux ainsi que pour des chercheurs de France et du monde entier.

— Comment les anciens et nouveaux programmes enseignés préparent-ils les étudiants au marché du travail ?

— Tous nos programmes de formation jouent un rôle clé dans la préparation des étudiants à une insertion réussie sur le marché du travail. Grâce à une approche alliant excellence académique et ouverture professionnelle, ils offrent une formation rigoureuse qui développe à la fois des connaissances théoriques approfondies et des compétences pratiques. Les programmes incluent des stages obligatoires, des projets collaboratifs et des stages en entreprise, permettant aux étudiants d’acquérir une expérience concrète et de se familiariser avec les réalités du monde professionnel. De plus, nos partenariats avec les entreprises favorisent l’adéquation entre les compétences enseignées et les besoins du marché. A ce propos, je signale que nous avons enclenché, avec un soutien appuyé de Son Excellence Eric Chevallier, Ambassadeur de France, une série de partenariats avec les grands groupes et entreprises français présents en Egypte, dans le but notamment de mieux préparer nos étudiants à l’insertion professionnelle. Enfin, l’accent mis sur l’entrepreneuriat et l’innovation, la recherche et les langues étrangères prépare nos diplômés à relever les défis d’un marché du travail en constante évolution, tout en valorisant leur employabilité.

— Avec quelles universités françaises l'UFE conclura-t-elle des jumelages pour les nouveaux programmes ?

— L’UFE entretient des partenariats stratégiques avec de nombreuses universités et grandes écoles françaises autour des programmes de formation, mais aussi autour de dispositifs de mobilité d’étudiants, d’échanges d’enseignants-chercheurs et de projets de recherche. Pour ce qui est des programmes de formation en cours, je peux citer plusieurs universités partenaires dont l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l’Université Sorbonne Nouvelle, l’Université de Technologie de Compiègne, CY Université, Nantes Université, l’Université de Tours, l’Université de Haute Alsace et l’Université de Franche Comté. Pour nos futurs programmes, nous sommes en pourparlers avec certaines de ces mêmes universités mais aussi avec d’autres dont l’Université Paul Valéry (Montpellier), l’Université Bretagne Sud, l’Université de Toulon ainsi que des écoles d’ingénieurs comme l’EFREI de Paris Panthéon-Assas Université et le CESI.

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