« Ma nouvelle stratégie est de survivre à la tempête de la chimio, et de lutter. J'essaie d'avoir l'air forte (du moins en apparence) souriant à la caméra, alors que je souffre atrocement. Je pense à tous ceux qui, comme moi, sont aux prises avec la maladie la plus odieuse et qui doivent endurer le traitement le plus horrible. Un autre jour passe…j’apprends de nouvelles tactiques. Je vis au jour le jour. Je dois avoir l'air bien. je dois paraître forte ! Même si je m’accroche à la vie à travers un fil. ». Tels étaient les derniers mots de la journaliste et écrivaine Ghada Al-Wakil publié sur son compte Facebook.
Née en 1962, Ghada Al-Wakil a témoigné de nombreux changements sociaux et politiques qui ont eu une grande influence sur ses idées et ses pensées idéologiques, philosophiques et sociales. Une influence qui était claire sur ses écrits et ses livres.
Dans sa jeunesse, elle pensait que la politique et le journalisme étaient les seuls moyens pour exprimer ses pensées, mais elle a découvert plus tard que l'enseignement était sa véritable vocation. En tant que conférencière honoraire, elle a partagé ses connaissances et ses expériences de vie avec ses élèves de la Sorbonne et de la Bibliothèque d'Alexandrie, où elle encourageait les femmes à tracer leur propre chemin de vie.
Outre l’arabe, sa langue maternelle, El-Wakil parlait couramment le français, l'anglais et l'allemand. Journaliste au quotidien francophone le Progrès égyptien, elle s'intéressait dans sa chronique hebdomadaire à tout ce qui avait attrait aux traditions et aux coutumes égyptiennes.
Son premier livre « Imperturbable » a réuni ses articles publiés dans Le Progrès Egyptien. Life Revisited, son deuxième livre en anglais, a brisé tous les tabous en plongeant au cœur de l'âme humaine.
Ghada appelait dans sa chronique hebdomadaire à un changement au sein de la société. En 2021, elle fonde le premier magazine culturel électronique en français d’Egypte « J'ai toujours rêvé de fonder un magazine sur la culture de mon pays, mais en français. Culturella est une initiative purement personnelle, que j'essaie de gérer seule pour l'instant, avec tout de même l'aide technique de ma fille pour les questions de technologie. Quelques consœurs et confrères et même des lecteurs se sont joints lentement à mon projet ambitieux. J'espère pouvoir atteindre un lectorat local, régional et international. Je voudrais continuer la longue lignée d'intellectuelles égyptiennes, qui ont fondé par le passé des institutions journalistiques de poids. Et je reste optimiste », disait la journaliste.
Pour ceux qui l'ont connue, Ghada était une femme audacieuse, engagée possédant une finesse d'esprit hors norme.
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