L’Egypte a expulsé dimanche, vers son pays, le journaliste australien d’
Al-Jazeera, Peter Greste, détenu depuis 13 mois, et condamné le 7 juin 2014 à 7 ans de prison pour avoir «
diffusé de fausses informations en soutien aux Frères musulmans ». Le journaliste s’est envolé dans la plus grande discrétion du Caire à destination de Chypre, à bord d’un vol régulier d’
EgyptAir. Il avait été arrêté en décembre 2013, avec un autre journaliste de la chaîne qatari, l’Egypto-Canadien Mohamad Fahmi, dans une chambre d’hôtel du Caire où ils avaient installé, «
sans autorisation », un bureau d’
Al-Jazeera. Peu après, la police avait interpelé l’Egyptien Baher Mohamad, un autre journaliste de la chaîne. Mohamad Fahmi avait été condamné, lui aussi, en juin à 7 ans de prison. Quant à Baher Mohamad, il a écopé de 10 ans de prison.
Le procès des trois journalistes avait été très critiqué à l’étranger. Jeudi, 1er janvier, la Cour de cassation avait accepté l’appel des trois journalistes après leur condamnation. Ils devaient, cependant, rester en prison dans l’attente d’un nouveau procès, la Cour de cassation n’ayant pas ordonné leur libération sous caution. Onze autres journalistes ont été condamnés in abstentia dans ce procès.
La décision d’expulser Peter Greste vers l’Australie a été prise par décret présidentiel. « Nous sommes heureux que Peter et sa famille puissent être réunis », a commenté Al-Jazeera Media Network, basé au Qatar. L’arrestation des journalistes avaient eu lieu, alors que l’Egypte et le Qatar étaient en mauvais termes après la destitution du président islamiste Mohamad Morsi. En fait, Al-Jazeera, qui avait largement couvert les manifestations des partisans de M. Morsi, a été accusée de soutenir les Frères musulmans. Les familles de Greste et Fahmi avaient réclamé l’expulsion des deux journalistes, en vertu d’une loi promulguée en novembre autorisant, sur décret présidentiel, l’expulsion des étrangers condamnés à des peines de prison ou en instance de jugement. Quel est la portée de l’extradition du journaliste d’Al-Jazzera ? Pour Yousri Al- Azabawi, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégique (CEPS) d’Al-Ahram, cette libération vient en réponse à la vague de critiques, dont l’Egypte a fait l’objet. « Cette libération était attendue. L’Egypte qui a été critiquée pour l’emprisonnement de ces journalistes veut améliorer son image et réduire les pressions qui étaient exercées sur elle. Je pense que Mohamad Fahmi sera libéré, lui aussi, prochainement après le retrait de sa nationalité égyptienne », affirme Al-Azabawi.
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