« A l'Assemblée Générale de l'ONU tous les animaux sont égaux, mais au Conseil de Sécurité, certains animaux sont égaux, d'autres non », ironisait
le chef de la diplomatie du Sud Soudan, Ramadan Abdallah Goc, au premier jour du forum d’Assouan pour la paix et le développement en Afrique organisé les 2 et 3 juillet au Caire.
Il se demandait si l’Afrique devait copier le modèle du Conseil de sécurité de l'ONU ou créer un meilleur modèle, pour aborder les questions de la paix, de la sécurité et du développement qui menacent l’Afrique.
Son homologue égyptien, Sameh Shoukry, venait d’ailleurs d’appeler à « un nouvel ordre international », estimant qu’il est devenu plus que jamais urgent, vu les pratiques biaisés des deux poids, deux mesures, comme cela est illustrées par le drame à Gaza.
Réunis dans un hôtel cairote sur les rives du Nil, les participants ont accueilli une invitée spéciale de la conférence, Mona Al-Khalil, ministre palestinienne des Affaires de la femme, qui a participé au premier panel intitulé « Des mondes à part ? Connecter la paix, la sécurité et le développement dans un monde fracturé » aux côtés de Sameh Shoukry, Ahmed Aboul Gheit le chef de la Ligue Arabe et Moussa Faki, président de la commission de l‘Union Africaine.
Le public lui a réservée une salve d'applaudissements nourris, qui s'est encore intensifiée à la fin de son discours, alors qu’elle étalait les indices du « génocide mené par Israël et que les Palestiniens subissent, non seulement depuis le 7 octobre, mais depuis 67 ans. Une guerre totale contre le peuple palestinien, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie ». « Pas de développement durable sous l’occupation, pas de justice non plus ! », a-t-elle dit.
Le Forum d'Assouan ne se résume pas à un constat. C'est un laboratoire d'idées. S'appuyant sur le riche héritage des éditions précédentes, cette quatrième édition place l'Afrique au centre du jeu. « L'Afrique dans un monde en mutation, repenser la gouvernance mondiale pour la paix et le développement ». Tel était le titre ambitieux de ce rassemblement de dirigeants, d'experts et de représentants de la société civile.
Un constat amer s'est dégagé : la politique internationale ressemble de plus en plus à « un jeu à somme nulle ».
Face aux « polycrises » mondiales, la polarisation et la méfiance entravent les solutions collectives. Les fragiles acquis du développement s'effritent. En partie en raison du manque de capacité constitutionnelle et démocratique, comme l’a formulé Bankole Adeoye, commissaire pour les affaires politiques, la paix et la sécurité, à la Commission de l'UA.
Comment soutenir une transition pacifique et le rétablissement de la démocratie, c’est la question qui revient sans cesse dans un continent secoué par des putschs et un recul en démocratie.
« Depuis 2020, l'UA a suspendu six pays après que des militaires aient renversé les autorités civiles », s’est vanté Adeoye en promettant de développer de nouvelles méthodes pour promouvoir la gouvernance démocratique. L'espoir d'un avenir plus stable est réaffirmé.
Mais face à des institutions africaines manquant cruellement de fonds et d'indépendance financière, et à un panafricanisme remis en question par les ingérences internationales sur le continent, la tâche s'annonce titanesque.
Au cours du forum, Shoukry a également annoncé des initiatives visant à renforcer les efforts dirigés par les Africains en matière de paix et de sécurité, y compris le lancement d'un réseau africain pour la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme.
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