Dans un contexte de tension croissante marqué par des menaces répétées d'une opération militaire israélienne à Gaza et des manœuvres militaires israéliennes à grande échelle, des délégations de très haut niveau du Hamas et du Jihad islamique ont entamé une visite au Caire pour des discussions avec des responsables des renseignements égyptiens. Les délégations sont arrivées vendredi de Gaza, du Qatar et de la Syrie, et ont entamé des discussions avec les Egyptiens à partir du dimanche.
« L'Egypte perçoit une menace provenant du gouvernement israélien actuel, qui semble vouloir éliminer la question palestinienne de manière radicale », explique Tarek Fahmy, chef de l’unité des études israéliennes au Centre national des études sur le Moyen-Orient.
Une partie des négociations porte sur le rapprochement entre le Hamas et le Jihad, qui divergent sur les plans stratégique et politique. Ces divergences ont déjà entraîné des tensions entre les deux mouvements, notamment lors des confrontations avec Israël en mai dernier. En effet, lors des trois dernières guerres israéliennes contre Gaza, le Jihad a été laissé à son sort face à Israël sans intervention du Hamas.
Ce qui explique pourquoi Israël a ciblé le Jihad, mais pas le Hamas, le véritable gouvernant de la bande de Gaza depuis 2006. Cette stratégie n'est pas nouvelle pour Israël, les opérations lancées en 2019 et 2022 suivaient la même logique : diviser pour mieux régner.
Néanmoins, le Hamas a souligné l'unité de la décision militaire qui s’est traduite par la création d’un centre de commandement de la résistance, rassemblant différentes factions palestiniennes, mais dont le Jihad s’était retiré plus tard. « Les divergences continuent de façon limitée et sans être affichées publiquement », explique la source.
Selon Fahmy, l'Egypte ne souhaite pas revivre l'expérience de la séparation entre le Hamas et le Fatah, et craint qu'Israël ne prenne des mesures unilatérales contre Gaza. La visite des mouvements de résistance intervient quelques jours après une visite du premier ministre palestinien, Mohamad Shtayyeh, au Caire où il a eu des discussions avec le premier ministre et le chef des renseignements égyptien.
La nécessité d’un consensus
« Le message que Le Caire veut véhiculer est que les factions doivent parvenir à un consensus et éviter les divisions, et que Tel-Aviv cible désormais le Jihad et son infrastructure », explique le chercheur.
L’Egypte, qui a négocié la récente trêve le mois dernier entre les factions palestiniennes et Israël, souhaite aussi favoriser un arrangement politique à long terme qui garantirait des années de tranquillité.
Dirigée par Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, la délégation du Hamas est composée de membres influents tels que Salah Al-Arouri, vice-président du bureau politique, et aussi Khaled Mechaal, chef du Hamas à l'étranger, ainsi que Khalil Al-Hayya et Rouhi Mushtaha, membres du bureau politique. De son côté, la délégation du Jihad islamique est dirigée par Ziyad Al-Nakhala, secrétaire général du mouvement qui vient d’être reconduit dans son poste en mars.
Le courant dirigé par l'ancien chef de la sécurité, Mohammad Dahlan, ennemi farouche du Hamas, du Jihad et même du président Mahmoud Abbas, a également participé aux réunions des factions, représenté par Samir Al-Machharawi. Ce dernier a déclaré sur sa page Facebook que la rencontre était positive et constructive, avec une pleine conscience de la nécessité d'atteindre une unité nationale inclusive englobant tous les acteurs concernés.
La visite des délégations palestiniennes se déroule parallèlement à des manœuvres militaires israéliennes qui dureront deux semaines, simulant une guerre potentielle sur de multiples fronts avec le Liban, la Syrie, Gaza et la Cisjordanie.
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