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Barrage de la Renaissance : A l’Onu, l’Egypte tire la sonnette d’alarme

May Al-Maghrabi, Mardi, 23 mars 2021

Alors que l'Ethiopie veut procéder au second remplissage sans accord, l’Egypte a exprimé, devant l’Assemblée générale des Nations-Unies, sa « vive préoccupation » quant à une menace qui relève de la sécurité nationale du pays.

Barrage de la Renaissance : A l’Onu, l’Egypte tire la sonnette d’alarme
« La question de l’eau est pour l’Egypte, qui dépend à 98 % de l’eau du Nil, une question existentielle dont dépend la vie de 100 millions d’Egyptiens », a dit Madbouli.

« Je m’adresse à vous à partir des rives du Nil qui offre la vie à des millions d’Egyptiens et qui vivent sur ses richesses les peuples de la vallée du Nil », a dit le premier ministre Moustapha Madbouli, adressant le discours de l’Egypte, jeudi 18 mars, à la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations-Unies sur « l’eau et le développement durable ». Madbouli a averti que la question de l’eau menace la sécurité des pays en aval du Nil, exprimant « l’extrême inquiétude » de l’Egypte des derniers développements du dossier du barrage éthiopien de la Renaissance (voir entretien). « Je vous transmets la préoccupation extrême de l’Egypte, gouvernement et peuple, des récents développements du dossier du barrage éthiopien. La question de l’eau est pour l’Egypte, qui dépend à 98 % de l’eau du Nil, une question existentielle, dont dépend la vie de 100 millions d’Egyptiens », a souligné Madbouli. Il a exprimé le regret du Caire que les négociations tripartites sur le barrage, tenues sous les auspices de l’Union Africaine (UA) et la médiation de partenaires internationaux, n’ont pas abouti, jusqu’à présent, à un accord contraignant sur les règlements de remplissage et d’exploitation du réservoir du barrage. « L’itinéraire des négociations démontre que l’Ethiopie cherche à imposer le fait accompli et poursuit ses mesures unilatérales, sans tenir compte des droits et des intérêts des pays en aval », a fustigé le premier ministre, mettant en garde de contrevenir la déclaration de principes de 2015 et les normes internationales sur la gestion des fleuves en procédant au second remplissage avant de parvenir à un accord juste et équilibré garantissant les droits de l’Egypte et du Soudan. Face à cette impasse, il a réitéré l’impératif de reprendre des négociations « sérieuses » sous l’égide de l’UA et avec la participation de partenaires internationaux. « Cela évitera à la région de nouvelles tensions et permettra de réaliser les intérêts des trois pays, tout en renforçant la coopération et l’intégration entre eux », a-t-il estimé.

Le défi hydrique de l’Egypte

Si la question de l’eau représente une priorité absolue pour l’Egypte, « c’est parce qu’elle constitue une question existentielle et ne se limite ni à une question environnementale liée à la gestion rationnelle et durable d’une ressource naturelle, ni à une question politique et judiciaire », comme l’a expliqué Madbouli, faisant état du défi hydrique auquel l’Egypte est confronté. Le premier ministre a clairement indiqué que la part d’eau individuelle en Egypte ne dépasse pas les 560 m3 par an, alors que les Nations-Unies ont défini la pauvreté en eau comme 1 000 m3 par habitant par an. « L’Egypte est l’un des pays les plus arides ayant le moins accès aux ressources en eau renouvelables. Il est également l’un des pays au monde dépendant d’une seule source d’eau, à savoir le Nil dont elle dépend à 98 % », a-t-il déclaré.

D’où, selon Madbouli, l’importance de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale de l’Onu, pour discuter des questions internationales de l’eau dans le cadre du « Contrat d’eau 2018-2028 ». Une réunion qui intervient à un moment où le monde est témoin de graves défis pour assurer l’accès humain à l’eau sous une pénurie d’eau accrue due à des facteurs naturels et humains. Entre autre, Madbouli a cité la croissance démographique, le changement climatique et les méga-projets visant à exploiter les fleuves internationaux d’une manière non contrôlée et sans tenir compte de l’importance de maintenir la durabilité des ressources internationales en eau. « Tous des facteurs qui ont contribué à l’aggravation de la crise de l’eau qui menace la sécurité des Etats et des peuples et affecte la stabilité des régions entières. Ce qui nécessite de faire avancer les efforts internationaux pour relever ces défis, en développant les principes pour une gestion rationnelle, coopérative et durable des ressources en eaux », a indiqué Madbouli, soulignant l’engagement de l’Egypte à l’agenda de l’Onu sur la question des ressources hydriques qui reflètent l’importance de l’eau dont dépend la survie des peuples.

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