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Le général Talaat Mossallam : Il est très difficile de mettre fin à 100 % à ce genre d’attentat

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mercredi, 13 septembre 2017

Le général Talaat Mossallam, expert des questions militaires et stratégiques, revient sur les circonstances de l'attentat.

Le général Talaat Mossallam : Il est très difficile de mettre fin à 100 % à ce genre d’attentat

Al-Ahram hebdo : Comment expliquez-vous ce retour du terrorisme, alors que la situation commençait à se calmer dans le Sinaï ?

Talaat Mossallam : Cela fait plusieurs mois que la région du Sinaï est sous le contrôle total des forces sécuritaires, qui sont engagées dans une guerre sans merci contre les éléments terro­ristes. L’attaque du lundi, qui a fait 18 morts, est pour moi une tentative désespérée des terro­ristes pour prouver qu’ils sont toujours capables de mener des opérations et profitant des moindres lacunes sécuritaires. Sur le terrain, ce sont bien les forces sécuritaires qui maîtrisent actuellement le Sinaï, mais elles ne peuvent pas empêcher toutes les opérations de manière radi­cale.

— Ne pensez-vous pas que cette attaque soit un acte de représailles au lendemain de l’opération contre une dizaine de takfiris tués par les forces de sécurité ?

— A mon avis, c’est une simple coïncidence, car cet attentat a malheureusement été bien pré­paré et planifié. Les terroristes ont surveillé le trajet du convoi et ont préparé leur attaque, ce qui signifie qu’ils disposaient d’informations. Ils ont mené leur attentat avec un véhicule qui s’est introduit dans le convoi avant d’exploser. L’attaque s’est ensuite poursuivie avec des tireurs embusqués, qui ont attaqué les blindés et les ambulances avant de mettre le feu à quelques véhicules. Cela montre qu’un plan bien étudié et préparé a été appliqué et qu’il ne s’agissait pas d’une réponse à l’opération de la veille.

— Pensez-vous que les tactiques de Daech aient évolué ?

— Pas forcément, mais le plus dangereux c’est que cette zone de la ville de Bir Al-Abd n’était pas jusque-là considérée comme une région menacée. Vu les frappes menées contre ces terroristes dans les zones de Rafah ou de Cheikh Zoweid, ils tentent de s’infiltrer dans d’autres zones, ce qu’il faut éviter à tout prix. Les terroristes ont profité de quelques points faibles qu’ils ont pu repérer pour mener leur attaque.

— Vous avez évoqué les lacunes sécuri­taires, lesquelles d’après-vous?

— Tout d’abord, il faut savoir qu’il est diffi­cile de mettre fin à 100 % à ce genre d’attentat, mais que d’innombrables tentatives d’attaques terroristes ont été avortées par les forces armées ou découvertes à l’avance. Il existe toutefois certains points faibles que les terroristes essaient d’exploiter. Par exemple, lors du passage du convoi, il faut que les véhicules se suivent à une distance assez éloignée pour ne pas être pris pour cible facilement, ce qui n’était pas le cas. Les véhicules doivent en outre être devancés assez largement par une voiture qui détecte les bombes ou les explosifs de tous genres. La par­ticipation des forces aériennes est elle aussi indispensable pour le ratissage de la zone.

— Pensez-vous que le fait que Daech est en difficulté en Iraq et en Syrie peut l’amener à se tourner davantage vers l’Egypte ?

— Les éléments qui quittent l’Iraq ou la Syrie notamment vont certainement tenter de se mettre à l’abri. Le Sinaï peut représenter une destination pour eux, ce qui signifie que les forces sécuritaires doivent absolument intensi­fier le contrôle des frontières et des aéroports pour éviter leur infiltration.

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