
La baisse du taux de réussite au baccalauréat cette année influencera sur le système d'admission à l'université.
« Le taux de réussite au baccalauréat atteint cette année 72,4 % au niveau national. Un taux en baisse de 3,3 % par rapport à 2016, où le taux de réussite avait atteint 75,7 % », a déclaré le ministre de l’Education, Tareq Chawqi. De son côté, Réda Hégazi, responsable de la coordination des examens au ministère de l’Education nationale, a annoncé que le nombre d’étudiants du baccalauréat cette année était de 585 064. 480 941 ont assisté aux examens et 348 106 ont réussi. Le ministre a félicité les 56 meilleurs étudiants de cette année 2016-2017 pour leurs notes finales et leur excellent parcours scolaire. « Le taux de réussite des étudiants, dont les résultats se situent entre 90 % et 100 %, est en baisse cette année. Le taux de réussite dans la tranche 95 % à 100 % est passé de 20,98 % à 15,88 %. Ceux ayant obtenu entre 90 % et 95 % sont passés de 18,7 % l’année dernière à 16,81 % cette année. Cette baisse influencera bien sûr sur le système d’admission à l’université », explique Hégazi, qui ajoute que désormais, le 100 % de réussite au baccalauréat va disparaître. « Le nouveau système d’examen mis en place cette année a éliminé beaucoup de tricherie et a évité la fuite des sujets d’examens sur Internet, comme cela avait été le cas l’an passé », conclut-il.
Un système obsolète
Les examens du baccalauréat ont été marqués dans le passé, et particulièrement l’année dernière, par des tricheries répétées et la fuite des sujets d’examens. Cette année, le ministère de l’Education a introduit un nouveau système d’examen prévu pour éliminer toutes possibilités de tricherie ou de fuites des sujets. Ce nouveau système a en effet réussi à diminuer la tricherie, ce qui a fait baisser le pourcentage de réussite du bac, revenu à la normal, mais il n’a pas pu faire évoluer le système d’admission universitaire remis en cause par plusieurs familles et étudiants.
Ce système d’admission en université est actuellement au centre d’un vif débat. Névine, mère de famille, explique que sa fille n’a pas pu s’inscrire l’année dernière en faculté de médecine bien qu’elle ait obtenu 97 % de réussite au bac. « Le système d’admission à l’université est obsolète. Il faut absolument le changer. Il ne tient compte ni de la capacité des élèves, ni de leurs préférences », explique-t-elle. Mohamad Abdel-Fattah, l'un des bacheliers de l’année dernière, raconte son histoire avec tristesse : « J’étais obligé de m’inscrire en faculté de lettres à cause de mon pourcentage. Seulement moi, je voulais m’inscrire en ingénierie, section mécanique. J’aime énormément l’automobile. Depuis tout petit, je voulais être mécanicien. Je pensais que j’y arriverais, mais aujourd’hui, mon rêve s’est évaporé ».
Le ministre de l’Education a promis en mai dernier une prochaine réforme du système d’examen en soi, afin de ne pas tout baser sur un examen unique. Il a ajouté que le nouveau système, en cours de préparation, allègera le fardeau physique et psychologique qui touche tant de familles à l’approche de l’examen fatidique. Réda Hégazi, pour sa part, a assuré que jusqu’à présent, le ministère de l’Education étudie la façon dont il peut faire évoluer le système d’admission universitaire, même si pour l’instant, « aucun plan n’a été déterminé », a-t-il ajouté.
Une réforme possible mais coûteuse
Depuis les années 1970, l’Egypte suit toujours un système d’enseignement de masse. Le but de ce système est de fournir une place à chaque élève au sein d’une l’université, peu importent ses aptitudes ou ses préférences. Résultat : un enseignement scolaire et universitaire inadapté et de mauvaise qualité. « Ce système ne peut pas rester ainsi », a assuré Fayez Barakat, député et membre à la commission de l’éducation au parlement. Barakat ajoute que la commission commencera, dans les semaines à venir, un atelier de recherche avec des responsables des ministères de l’Education et de l’Enseignement supérieur, afin de préparer un plan pour réformer le système d’admission universitaire. « Nous allons étudier plusieurs systèmes d’admission universitaire existant à travers le monde. Le système du bac égyptien n’a pas été capable de proposer une solution à tous les jeunes, et c’est un problème, car ces jeunes ne feront jamais les études qu’ils avaient choisies. A mon avis, le meilleur système est celui consistant à soumettre les élèves à des examens d’aptitude avant leur entrée à l’université », a-t-il déclaré.
Les relevés de notes sont des copies officielles du travail scolaire dans la période du secondaire qui s’élève à trois ans en Egypte. Aux Etats-Unis, ces relevés comprennent les notes de la même période et celle de la « moyenne pondérée cumulative » appelée (GPA), et qui tient compte du contrôle continu. Mais pour mettre en place un tel système, tenant compte du travail de l’élève sur le long terme, un budget conséquent est nécessaire. Seulement, ce budget n’existe pas dans le budget annuel du ministère de l’Education. Barakat explique que d’après la Constitution, le budget de l’éducation doit former 4 % du budget total, c’est-à-dire 136 milliards de L.E. pour cette année. Mais le dernier budget, lui, n’est que de 80 milliards environ. « Le ministre de l’Education nous a promis que le budget augmenterait l’année prochaine de 20 milliards. Grâce à ce budget, nous allons pouvoir revoir le programme scolaire du secondaire. Des milliers de tablettes seront distribuées aux élèves du secondaire et nous pourrons enfin mettre en place un système de contrôle continu ».
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