
Le président Sissi a souligné le soutien de l’Egypte à tous les efforts visant à régler les crises régionales.
(Photo : AFP)
A l’invitation du roi Salman Bin Abdel-Aziz, le président Sissi a effectué une visite de deux jours en Arabie saoudite, les 20 et 21 mai, au cours de laquelle il a assisté au Sommet de Riyad, auquel ont participé le président américain, Donald Trump, et une vingtaine de dirigeants musulmans.
Dans son discours, le président Sissi a souligné la nécessité d’oeuvrer pour une stratégie internationale globale de lutte contre le terrorisme qui dépasse les seules mesures sécuritaires. « Une stratégie capable d’assécher les sources financières et logistiques des organisations terroristes », a déclaré le président. Tirant à boulets rouges sur les pays qui abritent et soutiennent des groupes terroristes, le président a souligné qu’« il n’est pas seulement question de ceux qui portent les armes, mais également de ceux qui abritent le terrorisme, le financent et lui offrent un couvert politique ». Il a ajouté que les efforts de lutte antiterroriste ne réussiraient pas sans une résolution « permanente et équitable » du conflit israélo-palestinien avec deux Etats indépendants. Cette résolution garantirait « la paix et la prospérité » de la région, a rappelé le président en soulignant que les terroristes utilisent souvent la situation en Palestine comme une justification de leurs crimes. A la fin de son discours, le président Sissi a souligné le soutien de l’Egypte à tous les efforts visant à régler les crises régionales sans ingérence dans les affaires internes des pays.
D’après Tareq Fahmi, politologue, « le discours du président Sissi a été le plus précis sur les moyens de lutte contre le terrorisme. Le président n’a pas hésité à révéler qu’il existe des pays dans la région soutenant et finançant le terrorisme. Il était de même important de souligner que la guerre contre le terrorisme, ce fléau menaçant le monde entier, ne peut pas être résumée à un combat sécuritaire. Pour l’éradiquer, il faut s’attaquer à ses origines idéologiques et sociopolitiques. En bref, dans son discours, le président a diagnostiqué la maladie et a recommandé le remède en appelant à une stratégie mondiale globale contre le terrorisme ». Fahmi ajoute qu’à cet égard le président a tenu à rappeler le rôle important que joue l’institution sunnite d’Al-Azhar, référence de l’islam modéré, dans la lutte idéologique contre le terrorisme. Et qu’il était important de présenter la vision de l’Egypte vis-à-vis de ce dossier en présence des chefs d’Etat des 55 pays qui ont participé au Sommet de Riyad dont le président américain, plus engagé que son prédécesseur dans la guerre contre le terrorisme.
Trump bientôt en Egypte
En marge du Sommet de Riyad, le président a eu une rencontre, dimanche, avec son homologue américain Trump. Les entretiens entre les deux chefs d’Etat ont porté sur les moyens de renforcer les relations bilatérales ainsi que sur la coopération dans la lutte contre le terrorisme. Lors de cette rencontre, Trump a annoncé son intention de se rendre bientôt en Egypte. « Nous allons clairement mettre cela (la visite en Egypte) sur notre liste très bientôt », a déclaré Trump, répondant à l’invitation du président Sissi qu’il avait reçue il y a six semaines à la Maison Blanche. « L’Egypte est un pays stable et sûr et la coopération avec les Etats-Unis se passe très bien », a affirmé pour sa part le président Sissi, avant d’ajouter : « Vous êtes doté d’une personnalité unique, capable de réaliser l’impossible », ce qui a déclenché le rire des délégations présentes. « Tout à fait d’accord ! », a répondu, ravi, le président américain. Une harmonie qui distingue à nouveau le président Sissi qui a été le premier chef d’Etat au monde à féliciter Trump après son élection du 8 novembre 2016.
Les relations égypto-américaines se sont en effet réchauffées depuis l’arrivée de Trump à la Maison Blanche. Ces relations n’étaient pas au beau fixe à l’ère Obama, accusé d’avoir soutenu les Frères musulmans, et de ne pas avoir soutenu l’Egypte dans son combat contre le terrorisme. Le président Sissi a, quant à lui, été accueilli en avril dernier à la Maison Blanche par le président Trump. Une visite qui a mis l’accent sur la reprise des relations stratégiques entre Le Caire et Washington. Le président Trump s’est dit favorable à une « coopération intime » avec le président Sissi.
Walid Kozahi, professeur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire, précise que c’est notamment la position ferme qu’adopte l’Administration de Trump vis-à-vis des groupes terroristes en particulier et de l’islam politique en général qui apaise Le Caire. « Il existe une entente entre les deux présidents sur le dossier des Frères musulmans et celui de la lutte antiterroriste. D’autant plus que l’Egypte demeure un pivot historique de la stratégie américaine en tant que principal médiateur au processus de paix au Moyen-Orient », explique le politologue.
Entretien égypto-iraqien
En marge de sa participation au Sommet de Riyad, le président Sissi a eu des entretiens avec plusieurs chefs d’Etat, dont le président iraqien, Fouad Massoum. Les discussions entre les deux présidents ont porté sur les dernières décisions du gouvernement iraqien, notamment sur les opérations militaires en cours pour libérer Mossoul. Le porte-parole de la présidence, l’ambassadeur Alaa Youssef, a déclaré que le président Sissi a affirmé à son homologue iraqien « le soutien de l’Egypte à l’unité et la souveraineté des territoires iraqiens », et a réaffirmé « l’importance qu’accorde l’Egypte à la stabilité de l’Iraq ».
En marge du sommet, le président Sissi s’est de même entretenu, samedi 20 mai, avec le président du Burkina Faso, Roch Marc Kaboré. Les pourparlers ont évoqué le renforcement des relations bilatérales ainsi que les défis communs qu’envisagent les pays africains. « Dans son ensemble, la participation du président Sissi à ce sommet a mis l’accent sur le poids politique que représente l’Egypte ainsi que sur son rôle régional incontournable », conclut Fahmi.
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