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Religion: Une union pour les églises d'Egypte

Mohamed Abdel-Hady, Mardi, 26 février 2013

Créé la semaine dernière, le Conseil des Eglises d'Egypte réunit les dignitaires de cinq communautés chrétiennes. Si son rôle est pour l’heure uniquement religieux, il pourra varier en fonction du contexte.

une union
Le pape Tawadros II a été choisi président du nouveau Conseil.

Est-ce un pas vers une union ? S’il est trop tôt pour le dire, lundi 18 février, les chefs de cinq communautés chrétiennes ont officiellement annoncé la création du Conseil des Eglises d'Egypte en consignant sa charte fondatrice. Ce Conseil regroupe les Eglises copte orthodoxe, grecque orthodoxe, copte catholique ainsi que les Eglises évangélique et épiscopale.

D’après sa charte, « cette institution ecclésiastique est de nature à oeuvrer au service des Eglises et de la patrie, elle n’a aucune activité politique (…) son objectif est d’approfondir la coopération entre les Eglises locales et servir la patrie dans le cadre de la citoyenneté ».

13 commissions, dont notamment celles du dialogue religieux, des services sociaux, des femmes, de la communication … ont été mises en place pour l’accomplissement de ses objectifs, alors que son financement sera assuré par les cotisations des Eglises membres et par des dons provenant de particuliers et d’organisations.

C’est le pape copte orthodoxe, Tawadros II, qui a été choisi pour assurer le premier mandat de la présidence tournante du nouveau Conseil. Lors d’une réunion publique mercredi 20 février, le pape a insisté sur le caractère apolitique du Conseil tout en expliquant son travail, limité aux domaines social et de développement.

« C’est un rêve vieux de plusieurs années qui vient d’être réalisé aujourd’hui. Celui de fonder une formation pour rassembler les Eglises égyptiennes dans leurs diverses confessions dans un cadre d’amour, de coopération et de partage », affirme une déclaration commune des dignitaires religieux.


La politique en toile de fond

Malgré les accents oecuméniques du discours officiel, et malgré le fait que l’idée de sa création remonte à 2010, le moment de son lancement dans un contexte marqué par une ascension islamiste lui revêt une mission de tribune politique. « Il est indéniable que les récentes évolutions politiques en Egypte ont accéléré sa création », admet le chroniqueur copte, Kamal Zakher.

Depuis la chute du régime de Moubarak en février 2011 et l’arrivée d’un régime islamiste au pouvoir, les coptes se sentent de plus en plus aliénés, notamment avec la multiplication des agressions contre leurs lieux de culte et face à un discours extrémiste favorisant leur exclusion. La création d’un forum réunissant les diverses Eglises chrétiennes pourrait donner plus de voix à cette communauté en détresse.

Mgr Youhanna Golta, évêque auxiliaire d’Alexandrie des coptes catholiques, reconnaît que le Conseil des Eglises d’Egypte serait amené à intervenir si les coptes se trouvent

visés par des actes de violence ou des pratiques discriminatoires. « Nous agirons à travers les chefs des Eglises en cherchant à saisir les autorités pertinentes, puis la justice en dernier recours ».

Outre le fait qu’il ne manquerait pas d’inquiéter les autorités, un tel rôle ne serait probablement pas approuvé par tous les chrétiens.

Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas voir l’Eglise reprendre un rôle politique, préférant défendre leurs droits aux côtés de leurs concitoyens musulmans à travers la participation politique.

Déjà, avant la révolution, les coptes étaient descendus dans la rue pour manifester contre les attaques perpétrées contre les églises et revendiquer leurs droits en tant que citoyens à part entière. Prenant leur distance vis-à-vis d’une Eglise qu’ils accusent de faiblesse à l’égard du régime, de nombreux coptes se sont réunis en organisations indépendantes du clergé.

Youssef Sidhom, rédacteur en chef de l’hebdomadaire copte Watani, estime, lui, que le temps où le pape copte était le porte-parole de sa communauté auprès des autorités

est révolu. « Nous avions été les premiers à réclamer une séparation entre la politique et la religion, il serait donc irrationnel que nous fassions le contraire », affirme-t-il.

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