L
e président Abdel-Fattah Al-Sissi s’est rendu jeudi 10 mars en Arabie saoudite pour assister à la fin des manoeuvres militaires multinationales «
Tonnerre du Nord », les plus importantes jamais tenues au Royaume hachémite. Ces exercices entamés le 26 février sont les premiers tenus dans le cadre de création d’une «
coalition militaire islamique », destinée à lutter contre le terrorisme. Il s’agit de la plus grande manoeuvre militaire mise en place par des pays islamiques. 300 000 militaires venant de 14 pays arabes et de 6 pays musulmans d’Asie et d’Afrique ont participé à ces exercices.
Parmi les pays engagés dans ces manoeuvres, l’Arabie saoudite, l’Egypte, la Tunisie, le Qatar, la Turquie, les Emirats arabes unis, la Jordanie, Bahreïn, le Sénégal, le Koweït, les Maldives, le Maroc, le Pakistan, le Tchad et la Malaisie. Pendant deux heures, les leaders des pays arabes ont assisté à une simulation de bataille près de la ville de garnison Hafr Al-Baten, située dans le nord-est près des frontières d’Iraq et du Koweït. Sur une vidéo diffusée sur la page officielle du porte-parole des forces armées égyptiennes, on voit, au milieu de colonnes de fumée noire s’échappant de cibles fictives touchées par des rafales de tirs, des forces spéciales héliportées libérant des otages. Dans un communiqué, le porte-parole de la présidence, l’ambassadeur Alaa Youssef, a indiqué que la participation du président Sissi à ces manoeuvres souligne l’engagement de l’Egypte dans la défense de la sécurité des pays du Golfe. Youssef a rapporté que lors de sa rencontre avec le roi d’Arabie saoudite Salman Bin Abdel-Aziz, le président Sissi a affirmé que « la sécurité des pays du Golfe fait partie intégrante de la sécurité nationale de l’Egypte ».
Former les troupes
Les responsables saoudiens ont déclaré que cette opération est destinée à former les troupes à la lutte antiterroriste, et à augmenter leur efficacité sur le terrain. Talaat Moussa, expert militaire, estime que la participation du président Sissi à ces manoeuvres est un message fort de l’unité des pays arabes pour la défense de la sécurité de la région. « La réussite de ces manoeuvres montre que les pays arabes sont à pied d’oeuvre pour défendre leur pays. C’est aussi un premier pas encourageant pour la création d’une force militaire arabe apte à garantir la sécurité de la région », explique Moussa.
Il qualifie d’essentielle la présence de l’Egypte au sein de cette coalition puisque la lutte contre le terrorisme est une priorité pour le gouvernement égyptien qui est en guerre ouverte depuis 2013 contre des groupes terroristes dans la péninsule du Sinaï, notamment l’Etat islamique. « Tout effort pour lutter contre ces groupes extrémistes est le bienvenu pour Le Caire, qui craint une expansion de l’Etat islamique en Libye qui pourrait mettre en péril ses frontières ouest. L’Egypte fait déjà partie de la coalition formée par les Etats-Unis en septembre 2014 pour lutter contre l’EI », rappelle Moussa.
Sur le plan politique, Tareq Fahmi, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, souligne que la participation du président Sissi aux manoeuvres à côté du roi Salman est un message envoyé à ceux qui remettent en cause la solidité des relations égypto-saoudiennes. « Le Caire est soucieux de maintenir de bonnes relations avec Riyad. L’Arabie saoudite demeure un allié et un partenaire stratégique de l’Egypte en dépit de quelques divergences sur quelques dossiers régionaux comme la guerre en Syrie. Ces manoeuvres sont une nouvelle occasion de renforcer la coopération entre nos deux pays », conclut Fahmi.
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