Les échanges commerciaux interarabes restent modestes.
Les premières tentatives pour développer les relations économiques entre les pays membres de l’Organisation panarabe remontent aux années 1950, avec la signature du Traité sur le transit commercial des produits agricoles et industriels. Aujourd’hui, les deux instruments de base de la coopération commerciale interarabe sont la convention de facilitation et de développement des échanges commerciaux signée à Tunis en 1981 et le programme exécutif adapté par le Conseil économique et social de la Ligue en 1997. La réalisation du programme de mise en oeuvre d’une zone de libre-échange a commencé en janvier 1998.
De longues années plus tard, le commerce interarabe n’est pourtant pas au meilleur. Et bien que les Arabes partagent dans une certaine mesure une histoire commune, pour ce qui est du développement économique et social, ils n’arrivent pas encore à constituer un bloc homogène.
A ce jour, les Etats membres de la Ligue arabe connaissent l’un des plus faibles taux d’échanges intrarégionaux au monde, malgré un accès préférentiel aux marchés et une forte homogénéité culturelle. Le dernier rapport économique publié par le secrétariat général de la Fédération des Chambres de Coopération du Golfe (CCG) a avancé que le volume des échanges commerciaux interarabes ne dépasse pas 10 % de l’ensemble des échanges commerciaux de ces pays, malgré les multiples accords de libre-échange signés dans ce cadre. « Franchement, les pays arabes ne parviennent pas à s’étendre économiquement, à réaliser la complémentarité et à développer un marché commun. Le potentiel commercial, bien réel, reste inexploité malgré des efforts constants pour réduire les droits de douane et appliquer des accords préférentiels », estime Salah Gouda, directeur du Centre des études économiques.
En effet, malgré les opportunités d’investissement prometteuses dans la région (notamment dans les secteurs de l’industrie, de l’agriculture, du transport, du tourisme et de l’immobilier), les problèmes urgents de développement auxquels font face la majorité des pays arabes s’imposent souvent assez lourdement, citons notamment le chômage, la pauvreté et les maladies. D’autres facteurs entrent en jeu, comme la dépendance des pays arabes vis-à-vis du système commercial international, ainsi que la faiblesse de l’industrie arabe comparée à l’occidentale, ou même l’asiatique. En outre, « les législations en vigueur dans les pays arabes font fuir les investissements arabes et autres », rappelle Mohamad Al-Towégri, secrétaire général adjoint de la Ligue arabe pour les affaires économiques, en pointant du doigt les disparités entre les politiques économiques des pays arabes et l’absence de transparence, en particulier en ce qui concerne la lourdeur des procédures administratives.
Projet de nature politique
Contrairement aux analyses classiques, d’autres experts en économie pensent que l’intégration régionale est fondamentalement un projet de nature politique qui se donne juste des moyens économiques pour atteindre ses fins.
Les économies arabes sont faiblement diversifiées et en concurrence sur les mêmes catégories de produits (pétrole et dérivés, et produits agricoles), qui ont comme débouché les marchés internationaux et non régionaux. Les pays arabes exportent très peu de produits industriels. La part de l’industrie dans le PIB oscille entre 5 et 15 %. L’expert en économie, Abdel-Khaleq Farouq, estime que le commerce interarabe est incapable de relever le défi du libre-échange. « Les pays arabes doivent en premier lieu déployer les efforts pour éradiquer les problèmes entre eux. Il est nécessaire d’instaurer un marché arabe commun, en suivant l’exemple d’autres blocs régionaux qui ont réalisé la complémentarité économique en dépit des multiples différences entre leurs peuples », explique-t-il.
En fait, les échanges commerciaux interarabes restent modestes en les comparant à d’autres marchés communs, tels que l’Union Européenne (UE), où plus de 60 % des échanges se font entre les Etats membres. « Les 10 % de commerce interarabe représentent une fraction du commerce réalisé, par exemple, avec l’UE. En effet, la part de l’UE dans les importations et les exportations des membres de la Ligue reste élevée, même si elle a diminué au fil du temps. Pour l’Egypte, par exemple, 60 % du volume des échanges commerciaux extérieurs sont penchés vers l’Occident (l’UE et les Etats-Unis). Ce chiffre ne diffère pas beaucoup dans les restes des pays arabes », révèle Farouq. 145 milliards d’euros sont le volume d’échanges entre les pays du Golfe et l’UE. Et la majorité des pays méditerranéens de la région, notamment l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, orientent également fortement leur commerce vers l’UE. Les échanges entre les pays du Maghreb ont le ratio le plus faible, avec seulement 5 % de leur commerce.
Les frontières terrestres fermées sont un autre élément spécifique au monde arabe, qui réduit le potentiel d’échange commercial entre les Etats arabes. « Les Etats arabes sont conscients que les actuels programmes de coopération économiques n’arrivent pas à atteindre les niveaux escomptés, d’où la nécessité de trouver de nouveaux moyens susceptibles de faire face aux obstacles qui entravent la réalisation de la complémentarité économique interarabe », indique Salah Gouda.
Le dernier rapport du CCG préconise de faciliter les procédures douanières et d’unifier les tarifs, d’accroître les flux d’investissement, de renforcer la transparence administrative et la coordination des politiques commerciales nationales, ainsi que d’assurer la libre circulation des marchandises, des capitaux et des personnes. Mais ceci reste dans le cadre des pays du Golfe et semble loin de toucher les autres pays arabes.
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